Assis à l'arrière de sa voiture, Freddierick Olsen -ou Freddie, comme l'appelaient ses proches, tournait sauvagement les pages de son journal. Que de mauvaises nouvelles en ce début de semaine. Ses actions en bourse avaient subitement chuté pour on ne savait quelle raison, lui faisant perdre un joli pactole dont il aurait bien eu besoin. Obnubilé par son entreprise qui coulait doucement, il savait que le temps lui était compté s'il voulait redresser la barre. C'était maintenant ou jamais. Et il aurait besoin de capitaux, en urgence. Qui accepterait de lui prêter les fonds nécessaires, sans garantie d'un futur remboursement ? Il savait d'avance que sa cause était perdue. Lui-même n'aurait pas déboursé un centime si quelqu'un dans sa situation actuelle était venu le trouver pour les mêmes raisons. Il maudissait ce système pourri... Et la courge qui partageait sa vie.
Nadine, du haut de ses trente-huit ans, était l'épouse que tout homme de sa condition rêvait d'avoir. Elle était belle, dans ses petits tailleurs d'ivoire qui faisaient ressortir sa chevelure de feu. Elle avait des ancêtres irlandais, d'après elle, ce qui expliquait le roux pétant de ses mèches folles qu'elle mettait un temps fou chaque matin à organiser en un chignon soigné. Les apparences étaient importantes dans le milieu, elle le soulignait tous les jours. Diplômée d'une grande école de commerce, elle s'était très vite révélée comme un atout essentiel de l'entreprise de son futur époux. Comment aurait-il seulement pu résister à ses charmes ? Lorsqu'il fermait les yeux, ils revoyaient les deux émeraudes de son épouse qui le couvaient de tendresse en permanence. Bien qu'elle soit sa cadette de trois ans, ses conversations reflétaient la richesse intellectuelle de cette femme passionnée qui s'intéressait un peu à tout. Peut-être même à trop de choses...
Ce qui expliquait la situation présente ! Prétextant que l'image de l'entreprise était aussi importante que son chiffre d'affaires, elle s'était battue bec et ongle pour que la boite investisse dans plusieurs projets pour se faire valoir. Savoir qu'une entreprise privée se préoccupait de la recherche médicale pouvait faire montrer sa cote de popularité, d'après elle. Le bien-être animal avait aussi son importance, dans cette époque où tout le monde rejetait les produits issus de l'élevage barbare. Toujours d'après sa chère Nadine, contribuer au confort des pauvres redorerait le blason de l'entreprise, qui avait trempé dans quelques affaires sombres de blanchiment d'argent. Résistant au tout début, Freddie avait fini par se laisser attendrir par son épouse. Ou plutôt manipuler... Et aujourd'hui, sa boite était criblée de dettes !
D'humeur bougonne, il arrachait presque les pages de son journal en les tournant. Rubrique sport, aucun intérêt. Actu politique, idem. Les pages locales ? Qui s'en souciait. Cette boulangerie pouvait bien fermer, ça ne l'empêcherait pas de dormir. Il avait ses propres problèmes et personne ne venait le plaindre. Chacun sa merde... Il voyait bien que personne ne lui viendrait en aide, il se contre-fichait du sort des autres de la même façon qu'eux l'ignoraient. Monde égoïste. Monde en constante évolution. Monde réellement impitoyable...
Jurant en découvrant la section loisir, il jeta ce ramassis de conneries par la fenêtre et tapa contre le siège du conducteur. Il voulait descendre là, tout de suite. Il n'en pouvait plus de l'atmosphère étouffante de ce véhicule. Il avait besoin de prendre l'air, de marcher un peu. Cela tranchait tellement avec ses habitudes... Il n'en avait rien à faire. Qu'ils parlent, qu'ils trépignent d'impatience devant sa chute. Il savait qu'il ne pourrait compter que sur lui-même. Et peut-être sur Nadine, si jamais elle revenait à la raison. Depuis qu'elle l'avait poussé à faire tous ces gros investissements, elle avait changé du tout au tout. Elle était plus distante, plus hautaine avec lui. Elle se permettait un ton plus cynique qu'elle n'aurait jamais employé auparavant. Elle qui n'était que douceur s'était désormais changée en une féroce tigresse prête à lui arracher ses biens en un claquement de doigts s'il refusait d'obéir. Car elle l'avait déjà menacé, oui. Plusieurs fois. Un divorce... Comme s'il n'avait pas suffisamment d'emmerdes pour le moment !
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Virales Infernum
УжасыDepuis peu, le Docteur Daniel Lockham s'étonne d'une curieuse vague d'épidémie qui remplit son hôpital de personnes plongées dans le coma. Fait plus surprenant encore lorsqu'il retrouve l'un de ses patients totalement déchiqueté alors qu'il dormait...