Myrtille et Caramel

Le non sens

Myrtille : Bonjour mon frère comment vas-tu ?

Caramel : Je vais bien, tout du moins aussi bien que je peux aller.

Myrtille : Vraiment ? Je devine pourtant à ta mine déconfite que tu es dans l'affliction, parle moi, ne suis-je pas ta sœur ? Si tu ne me confie pas tes peines, à qui le feras-tu?

Caramel : En effet, je ne peux te le cacher. Un mal profond me ronge mais celui-ci à pour attrait d'être invisible car il se trouve que je ne t'ai pas menti en te disant que j'allais bien. Je suis en bonne santé, seul l'appétit me manque. J'ai une famille aimante et un toit sur la tête.

Myrtille : Quelle est donc la chose qui te tracasse ?

Caramel : En deux mots : la vie.

Myrtille : La vie ? Mais n'est-elle pas merveilleuse ?

Caramel : Jadis je le pensais mais depuis lors bien des choses ont changé. En grandissant on voit les choses sous un autre angle et les merveilles d'autres fois se ternissent ou disparaissent. Aussitôt, la vie dévoile sa vrai nature. Partout la violence, la folie et la laideur. Je n'ose plus mettre le pied dehors.

Myrtille : Il est vrai que notre perception du monde change au fil du temps et elle ne cesse de changer car elle se façonne à partir de notre vécu néanmoins, il n'appartient qu'à toi de ne pas ignorer le bien qui t'entoure. Comme tu le sais, celui-ci se véhicule bien moins vite que le mal et se montre plus discret si bien qu'il est parfois difficile de le distinguer, mais n'as-tu pas des amis pour t'aider à y parvenir ?

Caramel : Oui, j'ai quelques bons amis, certains me sont proches, d'autres un peu moins.

Myrtille : Ne te font-ils pas voir la vie sous le bon angle ?

Caramel : Ils le font mais alors que je discutais avec l'un d'entre eux, une pensée m'ait venue. Celle-ci, plus encore que le mal de ce monde, m'a dépouillé de tout espoir.

Myrtille : Quelle est-elle ? 

Caramel : Afin de te la dévoiler correctement, je vais user d'un exemple simple. Lorsque tu étais enfant ne t'est-il pas arrivé d'avoir un ami proche, si proche que l'on aurait dit que jamais vous ne vous sépareriez mais que l'année suivante où celle d'après vous n'étiez devenu l'un pour l'autre que de vulgaires inconnus ? Et si tu n'as jamais vécu cela, n'est-ce pas le cas pour l'une de tes connaissances ?

Myrtille : Je dois avouer que j'ai déjà expérimenté semblables aventures et que certaines de mes connaissances aussi mais il est vain de s'attacher ainsi à autrui puisque nul n'appartient à personne et que chacun est libre de suivre le chemin qu'il choisit.

Caramel : C'est donc que je ne dois m'attacher à personne et poursuivre ma route seul.

Myrtille : Non car l'histoire à prouver qu'il n'y a rien de pire que la solitude et que seule la folie t'attend au bout de ce chemin là.

Caramel : A mon sens, il vaut mieux être fou plutôt que de vivre dans un monde aussi indécis et quelle autre destination que la folie lorsqu'on ne te donne que pour te prendre ? Le nourrisson perd le sein, l'enfant perd son innocence, l'adulte perd son foyer et les relations qu'il a tissé avec sa famille. Il perd sa jeunesse, sa fougue, ses cheveux et parfois même son conjoint. En finalité il perd la vie elle même, cela ne peut qu'être une farce je n'en démordrai pas la vie n'a aucun sens et si elle en a un, il est sacrément tordu. 

Myrtille : A présent que tu m'as parlé si franchement, je comprends mieux ton problème, bien des personnes sont tiraillés par ce genre de pensé. C'est pourquoi il existe des religions et des croyances qui permettent de donner un sens à tout cela cependant, je vais t'offrir ma vision de la vie comme tu m'as donné la tienne. Tout d'abord et comme tu l'as cité, il est vrai qu'un être humain perd beaucoup au cours de sa vie mais il ne faut pas omettre qu'il gagne aussi énormément. S' il a la chance d'être né au sein d'un foyer accueillant, il reçoit l'amour de ses parents. Les séparations et le temps n'atténue pas cet amour et il en va de même pour tout autre véritable relation. Il est donc inutile de craindre les "au revoir" lorsqu'il s'agit d'individus que tu affectionnes. De plus, les pertes au même titre que les gains permettent de te forger, chaque expérience vécu participe à ton évolution en tant que personne. Fixe toi des objectifs aussi stupides soient-ils puisque tout est stupide mais n'y pense pas. Agis, il s'agit là d'un remède que je te donne pour guérir ton affliction. Sors et fait des rencontres sinon tu le regretteras, accepte le changement car comme la mort il est inéluctable mais surtout, la vie ne serait elle pas ennuyeuse si tout était identique ? Va mon frère et trouve toi ta propre raison de vivre.