Il était huit heures tapantes, l'heure d'aller à l'école. Sa mère éteignait la télévision pendant qu'elle faisait ses lacets. Avant de passer la porte, Lola jeta un dernier regard sur son ours en peluche Coco. La veille, en jouant avec se peluche bleu, les coutures de son cou s'étaient détachées. Cela ne l'avait pourtant pas attristée, du moment qu'elle avait son ourson, tout allait bien ! L'école n'était pas loin, il fallait traverser la rue, passer une sorte de pont, aller à droite puis à gauche et l'école était là. Catherine laissa sa fille à la maîtresse et partit en direction de la poste. Lola vivait dans un petit village de campagne en Charente Maritime. Malgré ses 6 ans, elle connaissait déjà son bourg comme sa poche. Ce jour-là, il faisait froid et le ciel était gris, sans couleur. Un jour d'hivers.
La matinée se passa tranquillement. A midi, à l'heure du déjeuner, les plus petits avaient une courte pause dans la cour, le temps que les instituteurs récupèrent tout les enfants pour les emmener à la cantine.
Lola jouait avec des amies quand elle apperçue une petite boule de poil aux yeux bleus. D'un même bleu que celui de Coco, aussi clair, simple, profond que le ciel.
Elle courut vers le petit chat mais il s'enfuit. La petite fille le retrouva derrière le grillage. Elle s'accrocha aux grilles et les franchit mais, au lieu de se réceptionner sur ses jambes, tomba lourdement. Son front saignait légèrement, mais elle se releva. Elles se sentit alors plus légère, mais n'en tenait pas compte. Elle suivit l'animal. Il l'emmena vers la rivière, près de la mairie jusqu'aux fermes reculées aux bout du village. Au bout de 10 minutes, elle se rendit compte qu'elle était perdue : elle ne reconnaissait rien de ce qui l'entourait. Le chat lui, était derrière une petite porte et continuait de l'appeler. Elle le suivit dans l'espoir qu'elle reconnaisse l'endroit, mais ce fut l'inverse qui se produisit : l'enfant découvrit un jardin magnifique.
Elle trouva un trou de verdure où chantais une rivière. Le parfum des roses rouges, des jasmins étoilés, de la lavande en petites touffes inondait l'endroit. Quelque bancs en bois étaient posés ici et là mais n'encombraient pas la place. De grands arbres surgissaient de part et d'autre de la cour entourés de buissons et autres végétaux magnifiques. Un petit cour d'eau clair passaient au milieu de ce spectacle où le soleil luisait d'un façon irréelle. Elle réprima tout de même un petit frisson. Le chat jouait avec un papillon, tranquillement, ne se doutant de rien. Des lampions multicolores et de taille changeantes passaient entre les différents feuillages. Des oiseaux bruns, rouges, bleus, jaunes, verts, roses, oranges, violets chantaient de façon mélodieuse.
Elle s'allongea dans la douce herbe. Elle paraissait bien pâle dans son lit vert où la lumière pleuvait. Elle ne pensait plus à retrouver son chemin, tellement elle se sentait bien. Et puis, le chat la ramènerait bien à l'école, n'est-ce pas ? Elle sourit alors.
Tranquille, dans cet endroit où tout est beau, elle ne pouvait, à aucun instant, s'imaginer sa mère, meurtrie, les yeux plein de larmes, devant le corps froid au crâne brisé de son enfant.