Chapitre Seize: La nuit buissonnière

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Alors, Sirius... t'as fait quoi pour rentrer aussi tard ?

— Rien de très intéressant, mes amis. Ah si, je suis parvenu à faire fuir des rongeurs.

— Des souris ? Et bah... euh... félicitations ?

Le capitaine esquissa un sourire fatigué avant de fondre contre le fauteuil du salon. Devait-il leur dire que c'était eux qu'il avait fait fuir ? Il n'avait pas envie d'entamer une nouvelle dispute. S'il rentrait à cette heure-ci, c'était simplement parce qu'il avait choisi de passer quelques heures avec Elek. Ces deux garçons se connaissaient depuis tant d'années... leur amitié résistait aussi bien à la guerre qu'au temps qui fuyait. Inséparables compagnons de route, ils se retrouvaient enfin seul à seul, sans une âme pour les épier. Pour leur dire ce qu'ils avaient à faire ou à éviter. La pure liberté.

Ayah lui lança une barre de céréales qu'il reçut en pleine tête, l'arrachant brutalement à ses pensées.

— Toi, t'as besoin de dormir... murmura-t-elle, amusée.

— C'est bon, je vais bien. Où est Sorenn ?

Un membre de l'équipage manquait à l'appel. Personne ne savait où il était parti. Personne ne savait quand il leur avait faussé compagnie. Était-il seulement rentré à la maison?

— Peut-être est-il allé voir Zora, marmonna Ilam, toujours aussi jaloux.

— Les visites sont interdites après dix-neuf heures. C'est impossible.

— Lui bien finir par revenir, pas besoin de s'inquiéter. Allez, à table.

Le repas se passa. Sorenn ne rentrait pas. Les heures défilaient. Toujours rien. Les membres de l'équipage voulurent veiller afin de s'assurer que le plus jeune allait bien mais, comme chaque soir, la fatigue les poussa à abandonner. Et finalement, au milieu de la nuit...

— C'est à cette heure-ci que tu rentres, Sorenn ?

— Sirius !? Tu... tu ne dors pas ?

— Jamais.

Mince. Il était fait comme un rat. Le capitaine ne laissait rien passer et il savait qu'il ne fallait jamais, ô grand jamais contester ses ordres.

— Et toi, tu ne dors pas ?

— J'étais... enfin... je veux dire...

D'épais bandages entouraient les poignets de l'androïde et remontaient jusqu'à ses phalanges. Il tira sur sa manche lorsqu'il vit que les yeux transparents de Sirius commençaient à douter de ses paroles.

— Tais-toi. Je préfère ne rien entendre plutôt que d'avoir à écouter tes mensonges. File.

L'adolescent se rua en direction du couloir sans prendre le temps de ramasser sa besace. Il se retourna juste avant de s'enfermer dans sa chambre.

— J-je suis désolé. Ça ne se reproduira pas.

— Je sais.

Le lendemain, Sorenn fut le premier à rentrer après l'entraînement. Il prépara même des gaufres pour se racheter de sa mauvaise conduite. Il détestait par-dessus tout avoir mauvaise conscience – il en avait à peine alors il s'efforçait de la garder bonne.

— Ce soir, on veille ! proposa Celkie.

— En quel honneur ? ronchonna Ilam, le cœur encore lourd.

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant