ode à mes amitiés

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Toute la douceur qui réside chez Margot provient de son envie d'aimer. Elle est cette fille qui se dit heureuse quand elle aime celui qui est à ses côtés.

L'amour est une chose bien mystérieuse mais dont le facteur de compréhension n'a rien avoir avec l'âge, puisque du haut de ses dix-sept ans, son expérience n'est pas tellement flatteuse.
Mais peu importe, elle fait sourire tous ceux qui daignent bien plonger leur regard dans le sien, elle est souriante, attachante, et très aimante. Garçons comme filles ressentent ce besoin de la chérir, de la protéger, et de la faire rire.
Elle prend l'habitude de regarder les couples s'embrasser dans la rue, ou simplement tout près d'elle. Elle ne se lasse pas de leurs histoires et de leurs mains ébouriffant ses cheveux.

Margot a une routine bien à elle, bien qu'elle est étrangement mûre, elle rêve de pouvoir être considérée comme une fille qui ne sait rien et qui ne veut pas voir les horreurs du monde, et juste savourer les douceurs qu'elle mérite d'avoir.

Le froid lui glace le sang en ce mois de janvier, l'hiver est rude et la nouvelle année ne l'enchante pas tant que ça. Elle a passé le nouvel an seule, regardant des vidéos de tous ces amis s'amusant, verre à la main, elle n'a pu que verser des larmes silencieuses.
Elle a traversée tout un tas de choses, les cauchemars, les séjours en camping, les pleurs de ses amis, les réconforts, les divorces, les mariages, les billets de cinquante euros, le shit, les suicides, les baignades en mer par temps neigeux, le bonheur interdit, les secrets, les chevaux et la chaleur sous la pleine lune. Comment c'est loin le temps où l'innocence était la seule chose qui importait les parents quand ils voyaient leurs enfants grandir, ses dix-sept ans ont brûlé cette innocence, et Margot ne peut pas s'excuser.

La nuit tombe et Margot souffle sur les braises imaginaires de son cœur qui s'éteint, mais elle souffle encore et encore, emportée par cette espoir qu'elle a d'être aimé un jour comme elle aime.
Elle fume sa cigarette au balcon, en écoutant les bruits de la nuit et les battements de son cœur, avant de s'allonger sur son lit et de s'endormir, comme ça, de la musique encore dans les oreilles, son tee-shirt lui arrivant aux genoux, un pied nu et l'autre enveloppé d'une chaussette longue.
Et elle plonge dans un sommeil étrange.

Le lendemain, c'est comme une trace de fatigue qui s'est imprimée dans ses yeux. Le matin n'est pas le plus dur. La routine ne lui est pas insupportable, pour elle, elle est juste signé de stabilité.
Quand elle ouvre la porte, la neige s'engouffre dans sa maison, son manteau et sa mémoire. Et ses pas imprègnent la neige désormais plus immaculée.
Et elle glisse comme glisse sa vie. Et elle parle, pour oublier qu'elle est fatiguée, qu'elle a peur, qu'elle décroche de tout ça, entre deux trajets de bus, tôt le matin, elle les écoute.
Et entre deux vagues de froid et de rire, Margot attrape la fin de sa cigarette, et elle le regarde, Robin, cet ami qui a bien changé, qui paraît comme un miroir quand elle se tient devant, comme si il devenait ce qu'elle pense ne pas être.

Le froid assaille encore ses membres, mais avancent par automatisme, et le lycée est moins bondé que d'habitude.
Et le passage piéton devient glissant sous ses pieds, son souffle créé de la buée.
Elle arrive près d'eux, cette bande qui est là depuis le début, la vraie, l'originale, et ses larmes coulent. C'est peut-être la dernière fois qu'ils sont tous ensemble, avant de partir vivre leur vie chacun de leur côté. Et les rires se perdent entre les boules de neige, et les étreintes.
Elle ressent la chaleur du café de l'avenue, elle sert entre ses doigts gelés la tasse fumante. Elle voit dans leurs yeux cet amour passionné, et dans leurs bouches des fantasmes, des vices, des connaissances inavouables; elle voit dans leurs gestes, la confiance et la sécurité, comme celle qu'elle dépose en eux depuis plus d'un an.

Margot se lève pour ressentir de nouveau le froid contre sa peau découverte.
Ils s'en vont tous et elle le voit rester, accoudé à la table en bois, une cigarette à la main, elle regarde ses yeux, sa bouche, son torse et elle sourit.
Il dégage tellement de chaleur, au sens propre comme au sens figuré. Et elle l'attire contre lui. Et son rire est une douce litanie dans ses oreilles, et ses lèvres contre son front, rappelle à la jeune fille combien elle se sentait forte, à demi-nue entre le lit et son corps chaud, sa peau pâle comme appel à la luxure.
Et quand elle part, encore, elle sourit, encore.

Elle part rejoindre Romy un autre amour, avec qui elle a partagé rires et larmes, et encore un autre, trop vieux pour ne pas connaître la rudesse de la vie. À eux trois, c'est toute une histoire, remplis de douleur et d'entraide.
Très vite, la cuisine est emplie d'une douce odeur chocolaté, Margot oublie vite qu'autour d'elle; ça a toujours été le chaos.
Elle danse en écoutant de la musique, attrape la main de la fille aux cheveux châtains, et elles virevoltent, se trémoussant au rythme des paroles.

Margot rit, elle aime. Elle oublie qu'elle déteste des gens, que certains l'ont fait souffrir, trop espérer ou abandonner. Elle se souvient juste qu'à cet instant, elle aimait.
Dans un nuage de fumée de cigarette, elle immortalise cet instant en prenant quelques photos, des sourires, des grimaces, et des étreintes puissantes.

Margot souhaiterait que jamais cette journée ne finisse, les cours lui permettent de se réchauffer, ressentir le calme dans les paroles apaisées des professeurs.
Elle s'endort, la tête entre ses bras croisés, sur son cahier de cours; quand elle se réveille, sa camarade a écrit des messages d'amour sur son cahier et dessiné des cœurs partout sur sa main, ses cours seront rattrapés plus tard. Les sourires de ses amis la réveillent et les rires s'élèvent au-dessus de la fumée et propagent une odeur de bonheur, supprimant l'odeur de tabac froid sur les mains que les amants attrapent, tandis que Margot serre le bas de son pull, sa peau glaciale contrastant avec la chaleur de ses vêtements.

En rentrant chez elle, elle passe en revue toutes les photos qu'elle a prise avec son téléphone tout au long de la journée. Elle repense à tous ces moments, qui font partis de sa vie et qui permettront de forger sa force et son caractère.

L'amitié et l'amour sont les deux raisons de vivre de Margot, elles la bercent gentiment et la prépare au prochain obstacle.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 04 ⏰

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