Alice au pays de l'encre [Tome 1] ✓

Chapitre 10 : Révélations

« Toi ???, lâcha-t-elle.

Devant elle, se trouvait l'être qui la protégeait depuis son arrivée ici. Il déclara :

« Oui moi.

-Mais tu… comment as-tu su que j'étais ici ?

-C’est simple, j'ai envoyé des chercheurs te surveiller. À chaque fois que tu es loin de moi, il t'arrive des ennuis. »

Alice baissa la tête, honteuse d'avoir fui le seul être capable de la protéger des monstres vivant dans ce studio.

« Je suis désolée », murmura-t-elle.

Le monstre d'encre la regarda, enfin elle le supposait.

« Tu n'as rien à te reprocher, on ne va pas dire que j’ai eu l'air très amical au premier abord, en plus je le suis pas », déclara celui-ci en haussant les épaules.

Alice sourit.

« Sinon est ce que tu pourrais me libérer s'il te plait ?

-Tu es bien aimable d’un coup.

-Je ne suis pas en position de négocier.

-Vraiment ? Dans ce cas, passons un marché. Je te libère et qu'aurais-je à y gagner ? »

Alice réfléchit. Elle n'avait rien à proposer, tout simplement parce qu'elle n’avait rien. À moins que…

« Si tu me libères, je m'en vais, je quitte le studio et tu ne me reverras plus. »

Le démon se figea à ces mots. Alice déglutit, elle pensait pourtant que c’était ce que voulait le monstre. Depuis qu'elle était arrivée ici, elle ne faisait que l’embêter. Même si elle voulait lui poser des milliers de questions, dont une très importante. Cependant, elle ne pouvait pour l'instant que se plier aux exigences du démon.

« Alors ? », osa-t-elle demander.

Ce n’est qu’après un temps infiniment long que l’être d'encre prit la parole.

« Non », dit-il simplement.

Alice n'en croyait pas ses oreilles.

« Non ??, répéta-t-elle.

-Tu m'as très bien entendu. J'ai dit non.

-Mais.. pourquoi ? Depuis le début, je ne suis qu’un fardeau.

-Tu n'es pas un fardeau, tu es juste perdue. Puis si tu sors, tu vas retrouver Joey. Tu es venue ici afin de lui échapper non ?

-Je… oui c’est vrai. Je pensais retrouver les amis que j’avais ici. Mais je me suis trompée. Ils ne sont plus ici ou alors ils sont morts. Alors à quoi bon vivre ? Tous ceux auxquels je tenais ont disparu et ceux que je croyais de mon côté m'ont laissée tomber. Alors à quoi ça me sert de vivre ? J'en ai marre de me battre sans cesse contre moi-même et les autres. C’est totalement inutile. Alors finalement, je ne tiens plus vraiment à la vie. Tu peux me tuer si tu le veux. Je ne t'en empêcherai pas. Fais comme il te plaît. J’aurais juste une seule question à te poser avant que tu ne fasses de moi ce que tu veux.

-...

-Tu me laisses te poser cette question ? »

Le démon était resté silencieux face au monologue de la jeune fille. Il n'avait pas bougé et n'avait rien dit. Sa main qui tenait son menton l'avait lâché depuis longtemps et se trouvait le long de son corps. Il semblait perdu dans ses pensées. Il sembla se réveiller à la mention de la question.

« Je t’écoute, dit-il calmement.

-Je.. C’est toi Bendy ? », finit par demander Alice.

Le démon restait obstinément silencieux.

« Je vois, dit-elle, je ne le saurais jam-

-Oui c’est moi.

-Pardon ?

-Oui c’est moi, je suis Bendy le démon dansant. Je suis celui que tu as connu dans ta jeunesse. C’est bel et bien moi. »

Alice le regardait, légèrement surprise puis elle finit par sourire.

« Je vois.. merci… c’est tout ce que je voulais entendre… merci.. Bendy. »

Sur ces mots, elle baissa la tête. Si elle devait mourir, par pitié, que ce soit vite, elle ne pourrait pas supporter encore une fois sa deuxième amie la douleur. Elle ferma les yeux lorsqu’elle vit de nouveau la main se diriger vers elle. Mais le coup ne vint jamais et les cordes qui la retenaient se détachèrent. Bendy la regardait, d'un air qui se voulait désespéré, mais qui était quand même raté.

« Nan mais sérieusement, espèce de malade !! T'as vraiment cru que je te tuerais ??? Mais ça va pas bien dans ta tête. Et alors ? Moi, je t'ai pas abandonnée, peut être que tous les autres l'ont fait mais moi non ! Et puis je serais incapable de te tuer. Jamais je ne pourrais te faire du mal ! Tu entends ? Alors arrête de faire des discours pour suicidaires ok ?? Maintenant, ressaisis-toi d’accord ? Tu ne seras jamais seule ! Je serai là, même quand tu auras des problèmes ! Je suis venu non ? Maintenant, reprends-toi ! Ohé Alice, souris ! »

Alice se leva puis baissa la tête.

« Désolé, finit-elle par murmurer.

-Mais pourquoi tu t’excuses ??

-Désolé, désolé, désolé, je suis vraiment désolée !!! »

Alice n'arrêtait pas de hurler des excuses. Le démon la prit dans ses bras, pour la calmer, mine de rien, elle s’agitait dans tous les sens et avait failli le cogner plusieurs fois. Il soupira, pourquoi toutes ces situations ne devaient arriver qu'à lui ?

« C’est bon, tu t'es calmée ?, demanda-t-il.

-Fhjduxhjdd

-Quoi ?

-Tu m'étouffes, marmonna-t-elle.

-Oh pardon ! »

Il la relâcha et la regarda. Elle avait peu pleuré.

-Viens », lui dit-il en lui tendant sa main encrée.

Elle hocha la tête, lui prit la main et le suivit dans le couloir sombre qui se trouvait devant eux.

Derrière eux, il n'y avait plus qu’une chaise en bois, vide, au milieu d’une pièce, dans un studio rempli de secrets qui allaient bientôt être révélés.