Chapitre 4.

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Après un réveil mouvementé, je sors pour la matinée. Je marche en forêt quelques minutes avant de continuer en direction d'un petit café n'ayant pas pris de petit-déjeuner. J'avance directement vers le comptoir et demande un café au serveur la voix faible et les yeux dans le vide. Je paye, prend le gobelet et sort en direction de la ville mon café à la main. Les personnes que je croise dans la rue doivent penser que je suis une jeune femme sans histoires, et c'est peut-être vrai finalement je ne suis peut-être qu'une sorcière banale qui vit à la Nouvelle Orléans, ville ou les sorcières sont tellement fréquentes que le monde « humain » a fini par les tolérées, des parents décédés, une caractéristique également assez fréquente chez les habitants de la petite ville de Louisiane. Une jeune femme qui ne marque pas les esprits, ce qui est assez vrai quand j'y pense mais après tout je n'ai pas besoin d'être remarquée ni même remarquable d'ailleurs, ce n'est pas un trait de personnalité qui m'intéresse. Personne ne remarquerait si je pars et qu'une autre me ressemblant prend ma place, j'y ai déjà pensée, en réalité, alors que j'étais encore à l'école de me faire un clone avec la magie pour l'envoyer dans l'établissement de mon enfer personnel. À dire vrai, mon asociabilité naturelle ajouter à une magie que je contrôlais à peine m'avais poussé à m'éloigner du monde me laissant un peu plus solitaire chaque jour. Ce n'est pas quelque chose de prémédité mais plutôt quelque chose qui s'est imposé à moi comme on impose une loi. Cette incapacité à s'aventurer auprès des autres est finalement devenue le leader de ma vie et de mes gestes et, après plusieurs années de lutte, je n'ai pas d'autres choix que de m'y habituer, et de vivre avec cette solitude si je ne veux plus souffrir comme cela avait été le cas pendant la plupart de mon enfance.

Je porte le verre à ma bouche pour boire une gorgée de café en passant devant un magasin d'antiquités, où, curieuse, j'entre pour y jeter un coup d'œil. Le jeune homme qui dirige la boutique pour son grand père, d'après ce que j'ai pu entendre s'approche directement, un petit sourire digne d'une pub de dentifrice sur les lèvres.

-Bonjour mademoiselle, je peux vous aider?

Demande-t-il toujours avec ce même stupide sourire coller sur le visage lui donnant un air d'idiot tandis que je balaye la pièce du regard, s'il a bien une chose positive qui est ressorti de mon incapacité à parler est un très bon sens de l'observation et du détail qui m'aider beaucoup à faire le lien entre les multiples visions qui s'offre à moi. Je pose finalement le regard sur le jeune homme avec un sourire poli quoique un peu timide.

- Je cherche un miroir avec un cadre en bois simple. Répondis-je simplement.

Il réfléchit quelques secondes avant de sourire comme s'il avait eu l'idée du siècle en me faisant signe de le suivre.

- Dans ce style-là? Demande-t-il en me montrant LE miroir de mes visions ce qui eut pour effet de me figer sur place.

- C'est exactement celui-là. Je vous l'achète. Dis-je avec un sourire satisfait.

Tandis qu'il déplace le miroir vers la caisse et que je paye, sans trop regarder ce que je fais, je regarde le miroir sans pouvoir reprendre mon souffle. Il m'aide à le mettre dans la voiture avant de hocher la tête en signe d'au revoir et de repartir derrière son comptoir. Je regarde le jeune blond aux yeux verts attentivement. Assez attentivement pour remarquer qu'il porte un tatouage sur le bas de la nuque, il est assez discret pour qu'une personne « normale » ne le remarque pas mais la petite croix imprimer sur la peau mate du vendeur est déjà figer dans ma mémoire. Je secoue la tête me détournant du blond vêtue d'un simple jean noir et d'un tee shirt de même couleur et m'apprête à tourner dans une ruelle alors que deux hommes y entrent, je n'y prête pas vraiment attention jusqu'à ce que je croise le regard du plus vieux. Ce n'est pas tellement son regard qui m'a marqué en premier lieu, quoiqu'il parait assez agressif après coup mais ce qui m'a vraiment marqué est la couleur de ses yeux, un gris/vert qui m'est familier. Et pour cause, la même nuance colore mes yeux. Je prends soin de ne pas recroiser le regard de cet homme au yeux transperçant ou même ceux de celui qui l'accompagne malgré que ce dernier semble être un peu plus doux. Réalisant que je retiens ma respiration depuis cette rencontre, je reprends mon souffle une fois dehors en jetant un dernier coup d'œil à l'intérieur, les deux hommes parlent avec le vendeur blond avant que le gérant n'arrive : un vieil homme qui peine à marcher malgré la canne qu'il transporte pour ses moindres déplacements. Le plus jeune des deux sort une petite feuille carrée qui ressemble à du papier photo vu de derrière qu'il montre au blond ainsi qu'au grand père. Avec un petit coup de magie je peux entendre ce qui se dit.

Fausse RéalitéWhere stories live. Discover now