Tout a commencé un jour d'automne.
Les feuilles mortes accablaient le pauvre sol de terre mouillé par la pluie de la veille. Le soleil a faiblit, mon cœur à flancher. Je marche en direction d'une pièce qui me fait penser à elle, encore. Plus que quelque pas...Mon bonnet sur la tête et mes mains enfournées dans mon sweat bleu mis pour elle, à l'occasion je monte le petit chemin jusqu'au vieux bâtiment en ruine. J'y entre de la musique douce dans les oreilles. J'allume la lumière, il n'y a personne ici à cette heure. Moi qui avait l'espoir de la trouver là, assise. Peut-être aurait-elle tourné la tête, j'aurais croisé son regard puis j'aurais plongé mes yeux sur le sol, j'aurais rougis, surement. Mais la salle est atrocement vide...Je m'installe sur la table du fond pour avoir, peut-être, la chance de pouvoir l'observer. Mais la solitude grandissante me poignarde en plein cœur et me laisse en proie à des révisions incomplète, dérangée par son absence et ce foutu espoir que j'avais de la voir ce matin...
La maigre demi-heure passe, rien. Je me trouve alors dans l'obligation de quitter l'endroit de tout ce qui me rendait heureuse ce matin. Je rejoins mes amis la tête baissée, puis les yeux dans mon reflet. Je regarde mon bonnet sur ma petite tête, ce pull orné de boutons, la petite perle à mon oreille qui s'échappe du couvre-chef noir. Est-ce vraiment moi que je vois dans le reflet ? Est-ce vraiment moi ? Je ne me reconnais plus, pourtant je n'ai jamais autant été moi. Certains diront peut-être que ce jour-là je ressemblais à un garçon, que je me cachais sous mon pull assez épais pour cacher mes blessures. Ces gens-là ont parfaitement raison. C'était précisément pourquoi je m'étais habillée de cette manière le matin même. Certain dirons alors que l'apparence importe peu, je dis foutaises ! C'est tout ce qui compte l'apparence. Elle ne serait pas dans mes pensées à chaque minute qui passe si je ne voyais pas en elle une beauté incroyable. Ses cheveux courts, son manteau jaune, ses magnifiques yeux dont je ne saurais dire la vraie couleur, ce petit sourire, ce visage légèrement allongé. Toujours silencieuse, je n'ai jamais entendu sa voix...elle passe seule devant moi, ne me regarde pas. Quand je la regarde je pourrais croire que le monde n'existe pas, pas pour elle. Elle semble vivre dans son propre monde, à elle, personne ne peut juger son monde à elle. Assise sur le sol carrelé du bâtiment C elle reste seule avec ses écouteurs sur les oreilles. Qu'est-ce que j'aimerais avoir le courage de m'approcher d'elle pour lui parler...mais je ne veux pas non plus briser son moment à elle. Je ne la connais pas mais tout ce que je vois, ses yeux magnifiques, je veux la voir encore. Je veux reconnaitre derrière ce joli manteau jaune son visage, ses cheveux, ses yeux. J'aimerais, juste une fois, voir son sourire, entendre son rire, qu'il me soit adressé, entendre sa voix, lui parler quelque fois...mais...elle est là, elle ne me voit toujours pas, passe en un éclair, me rend muette et plus encore. Mon regard suit son mouvement bien trop rapide puis plus rien, elle a disparu. Je n'en peux plus de la voir disparaitre...
Toute la journée fut bien fade, je ne l'ai pas vue l'après-midi. Seulement dans mes pensées, seulement dans mon esprit hanté par son image...
Le lendemain fut plus généreux. Ma journée devint bien plus supportable après la première heure de cours, tout avait un sens. Je souriais sans me forcer, peut-être avais-je déjà présagé la chance de cette journée. Je ne parle pas de changement fondamentale dans ma petite vie bien trop monotone mais d'une envie assouvie, où la promesse qu'elle le soit...
La journée ne fut pas vraiment particulière, seulement sa vision magnifique, endormie comme le serais un ange entre ses pieds et le mur. Les yeux fermés, je pouvais bien l'observer, j'étais transparente et était à moitié vivante. Puis mes pieds me forcèrent à aller plus loin, mes désirs à la voir encore plus. Elle n'est qu'obsession et pensées colonisées. Rien dans mon esprit n'est assez puissant pour me donner la vraie vision, sa vraie vision. Je ne connais que l'apparence qu'elle veut bien se donner, peut-être une apparence faussée, un masque trouvé quelque part dont elle ne peut se défaire...que sais-je sur elle finalement ? J'en ai fait la liste durant l'un de mes aller-retour du lycée à chez moi, de chez moi au lycée. Elle est brune, les cheveux court, j'aime beaucoup l'une de ses veste de couleur jaune, elle a 16 ans, est en première Es dans la classe d'un autre garçon dont je connais le nom, elle est belle mais ce n'est que subjectif, elle aime la musique, elle joue de la guitare, elle joue au basket, peut-être un peu au golf...elle a maths dans la salle 004 le lundi de 10h à 11h, j'ai philo. Elle commence d'ailleurs à 9h le lundi. Son cours de TPE se déroule le jeudi de 15h30 à 17h30. Elle attendait devant la salle 102 en ce jour à 10h, un mardi. Elle est à l'internat, elle porte souvent un bonnet. Mais surtout, et c'est surement la seule chose qui m'importe vraiment dans tout ça : elle aime les femmes, comme moi.
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Pour le simple bonheur de l'avoir emprisonnée (One shot)
Short StoryUne leçon de vie, ou une partie d'un journal intime déchiré. Faites en l'interprétation qu'il vous plait, ce n'est là que les pensées d'une fille fantasmant sur un joli mirage.