Je n'écris pas assez régulièrement dans ce journal. Les journées passent, j'ai plein de choses à faire et ensuite je n'ai plus le temps ou l'énergie pour tout noter. Pourtant, j'aime bien écrire dans ce journal. Ça me permet de me remettre les idées au clair et d'avancer. De voir ce qui est important ou pas pour moi. Je ne parle pas beaucoup des cours, c'est un signe que ce n'est pas ce qui me passionne le plus. Finalement, l'année de seconde n'est pas si difficile pour moi. J'ai peut-être certaines facilités. Il faut quand même que je fasse attention.
Enfin, il y a mes parents pour me surveiller. Ils vérifient mes notes comme si j'étais encore au primaire. Ça ne me dérange pas. Si jamais ils voyaient une baisse, j'en prendrais pour mon grade, donc je peux compter sur eux pour me garder sur les rails. Un soir, Jérémy est venu à la maison. Il s'est déjà beaucoup transformé.
— Waouh ! T'as viré les lunettes ?
— Ouais, j'ai opté pour les lentilles. Mes parents m'ont aussi conduit chez le dermato. Je trouve que je me sens mieux.
— Ouais, carrément. Enfin je veux dire, ça se voit à l'extérieur, tu sembles bien plus à l'aise.
— Je ne sais pas comment te remercier. Ton aide, tes conseils, c'était vraiment génial.
— De rien, je n'ai pas fait grand-chose.
— On se défie aux échecs ?
Je suis parti chercher de quoi boire... du jus de fruit et on s'est mis à jouer.
— Je n'ose pas encore venir te parler au lycée.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Bah, tu es avec le groupe le plus populaire. Maintenant j'ai l'air cool quand je suis avec mes potes, mais à côté de vous je ne suis pas à la hauteur.
— N'importe quoi.
— Il faudrait que je me mette à un sport, que je me muscle.
— Il y a un sport qui t'intéresse ?
— Les échecs !
Ce n'est pas gagné. En théorie, la réponse est exacte, puisque les échecs sont considérés comme un sport. En pratique, c'est hors sujet.
Je passe tous les soirs chez Steven avant de rentrer à la maison. Nous faisons notre petit rituel. Les bisous, la musculation, la douche, les bisous. Je voudrais tellement rester plus longtemps avec lui. Mais il faut que j'attende le week-end pour profiter à fond de mon petit copain. J'aime écrire que j'ai un petit copain, cette simple idée me rend heureux.
— Quelque chose ne va pas ?
— Tu inverses les rôles, là, Mathieu.
— Moi aussi j'arrive à voir quand quelque chose te travaille ! Tu veux toujours que je te dise tout ce que j'ai sur le cœur, ça vaut dans le sens inverse aussi.
— D'accord. J'ai très envie d'aller plus loin avec toi.
— Moi aussi...
— Laisse-moi parler. En fait, je n'ose pas. Tu sais, par le passé, j'ai fait beaucoup de plans, avec des mecs d'un soir. Plusieurs fois j'ai laissé venir des jeunes, majeurs, pour qui c'était la première fois. Je trouvais ça excitant.
Je me suis dit qu'il ne me trouvait pas excitant, mais il m'a bien fait comprendre que je n'avais pas le droit de l'interrompre.
— Avec toi, c'est totalement différent, évidemment. J'ai des sentiments et je ne veux pas te faire mal.
Ayant l'esprit mal tourné, j'ai tout de suite pensé à la douleur physique !
— Ce sera ta première fois et on en a qu'une. Je ne sais pas si tu veux que ça se passe avec moi.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Quand on fait nos petites soirées pornos, je vois bien que tu regardes beaucoup Sébastien. Je pense que tu as envie que ta première fois soit avec quelqu'un de ton âge, jeune, beau et... de ta génération.
Je n'ai pas pu faire autrement que de le prendre dans mes bras. Je l'ai trouvé tellement mignon. Il pensait d'abord à moi.
— Ne sois pas bête. On s'en fout de l'âge. Moi aussi j'ai des sentiments et ils sont entièrement pour toi. D'accord, j'avoue que je regarde peut-être beaucoup Sébastien. Sans doute parce que je ne peux l'observer qu'à ce moment-là. Heureusement, toi je peux te voir souvent. Je ne pourrais pas être plus heureux si ma première fois était avec toi.
— C'est vrai ?
— Non mais tu parles sérieusement ou tu me fais tourner en bourrique ? Tu crois que je joue avec toi ? Je peux te dire que ce n'est pas du tout le cas. Je suis au paradis quand on est ensemble et quand on est séparés je ne pense qu'à toi, j'ai envie d'être avec toi, je trouve ça nul quand tu es loin de moi.
— Je ressens la même chose.
— Venant de moi ça n'a peut-être pas beaucoup de poids, parce que tu sais que je n'ai aucune expérience. Mais, je t'aime.
J'ai vu une larme dans ses yeux. Le verbe aimer est parfois utilisé n'importe comment, sauf que dans certaines circonstances il prend tout son sens, il devient puissant, il touche le cœur de l'autre.
— Je t'aime, Mathieu.
Il s'est allongé sur moi. Son corps chaud, musclé, viril, me recouvrant entièrement, j'étais enfin en son entière possession. C'était déjà le cas sentimentalement. Maintenant, ça l'était aussi physiquement. J'étais au seuil de ma première fois.
YOU ARE READING
Le journal de Mathieu (3)
Ficción GeneralLes premières expériences sérieuses de Mathieu commencent. Dans le même temps, il doit résoudre les conflits qui sont nés entre ses amis et va aussi faire face à un chantage pervers.