L'Ange Déchu

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Les flammes embrasaient les murs.

La fumée âcre qui s'en dégageait me piquait les yeux.

A l'intérieur de la maison de bois, une ombre semblable à celle d'un démon semblait me fixer.

Je ne pouvais pas parler, ni même crier.

Je ne pouvais que penser.

Les cadavres qui s'étendaient devant mes pieds étaient tellement brûlés qu'ils étaient méconnaissables.

Je courus jusqu'à la salle de bain en flammes et me regardais dans le miroir dont le cadre fait de bois était noirci, comme le charbon.

Dans mon dos, de grandes ailes blanches étaient tachées de sang et mes yeux rouges luisaient tels des saphirs.

A ce moment-là, je compris pour la première fois que l'ombre que j'avais aperçue un instant plus tôt, c'était moi.

En ouvrant les yeux, la lueur du soleil m'éblouit, et, comme tous les matins, je me regardai dans le miroir de ma salle de bains pour vérifier une fois de plus si tout cela n'était qu'un rêve.

J'éprouvais du soulagement et de la satisfaction à chaque fois que je comprenais que c'était irréel.

Cela faisait depuis douze ans que ce cauchemar revenait toutes les nuits, et à chaque fois, le fait de savoir que ça n'allait jamais, au grand jamais arriver me soulageait énormément.

-"Yris dépêche toi tu vas rater ton bus !"

- Maman, on est samedi ! » répliquai-je.

Et oui, cette personne peu réfléchie est bel et bien ma mère.

Même si quand j'étais petite, elle venait souvent me consoler la nuit quand je faisais un cauchemar, ou plutôt « Le cauchemar ».

« Ah bon! » dit ma mère.

J'ai dû me tromper.

- Tu crois? » Dis-je en gloussant d'amusement.

Soudain, je sentis une vive douleur dans mon dos, comme une sensation de brûlure presque insoutenable.

Je me regardai encore une fois dans le miroir avant d'ôter mon haut de pyjama et contempler mon dos avec horreur.

Deux petites ailes blanches poussaient dans mon dos et un « A » était gravé dans ma chair.

Je laissai échapper un cri de surprise et de dégoût.

Remettant mon haut à la hâte, je courus jusqu'à ma chambre et m'enfermai à l'intérieur.

Je passai donc tout mon samedi à me dire :

« Ce n'est pas réel, Ce n'est pas réel, Ce n'est pas réel... »

Le lendemain, en me réveillant, la douleur n'avait toujours pas disparu.

Je fouillai mon sac en cuir brun, j'en sortis un petit miroir de poche rouge, et comme le matin dernier, j'ôtai mon tee-shirt et remarquai qu'à côté du « A » gravé, il y avait un « N ».

Ce manège continua si bien que neuf jours après, le mot « ANGE DÉCHU » étaient écrits juste en dessous de mes ailes maintenant grandes et parsemées de taches de sang.

Je sentis un picotement au bout de mes doigts, ma tête tournait et je m'appuyai contre mon étagère de bois.

Mais à peine l'avais-je ne serait-ce qu'effleuré, il prit instantanément feu.

Le feu se propagea à une vitesse phénoménale ; tous les murs brûlaient, comme si on y avait mis de l'huile dessus.

Je descendis dans le couloir de l'entrée, et là, à mes pied, des cadavres carbonisés, mais de qui ?

Devant les cadavres s'étendait une ombre, la même que dans mon rêve.

Quelqu'un hurlait, sûrement ma mère.

Je voulus lui répondre mais impossible.

Je courus jusqu'au miroir et me regardai.

Je ne me reconnus pas, mes cheveux étaient devenus noir ébène, et mes yeux rouges reflétaient une haine inconnue ; mes ailes tachées de sang étaient si grandes qu'elles touchaient le plafond.

Soudain, le miroir vola en éclat, puis, ce fut le noir total.

C'est à ce moment-là que je me réveillai en hurlant, la couette à moitié par terre.

Une voix de femme hurla : « Yris dépêche-toi, tu vas rater ton bus ! »

Je soupirais, et sortis malgré moi de mon lit...

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⏰ Last updated: Jun 12, 2022 ⏰

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L'Ange DéchuWhere stories live. Discover now