Prologue

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Les pieds flageolants, Émeraude avançait tant bien que mal, sur une terre rocailleuse et sèche. La végétation abondante peuplée d’arbuste et d’herbe sur l’un des côtés du sentier sans fin, lui laissait clairement imaginée qu’elle se trouvait dans une campagne. Le visage inondé de larmes, la jeune fille trébucha derechef sur l’une des pierres de ciment longeant le sentier, et se retrouva affaler sur le sol poussiéreux.

-Debout, ordonna une voix bourrue.

Une pression forte se fit sentir sur sa masse de cheveux au couleur de jais, faisant gémir Émeraude de douleur. Cette torture durait depuis presque vingt-quatre heures. Hier encore, Émeraude courait pieds nus sur les pavés refroidirent par la rosé de Moscou. La revoilà à présent, perdu au milieu de nulle part, marchant sur un sentier dont le sable du sol était aussi chaud que les braises de l’enfer.

-De l’eau, quémanda la jeune fille la gorge sèche.

Son geôlier fit la sourde oreille et resta insensible à ses supplications.  Pour seule réponse, ce dernier avait resserré sa prise sur ses cheveux, la faisant presque suffoquer de douleur.

-Je vous en prie, de l’eau monsieur, continua d’implorer Émeraude la voix cassée par les sanglots étouffés.

-Je n’ai pas d’eau pour les femmes de ton genre, maintenant avance au risque que je ne t’apporte mon aide, la menaça son geôlier.

L’homme avait posé sa paume de main sur son derrière en serrant fortement sa fesse gauche. Le dégout qui suivit en fut insupportable pour Émeraude et elle fondit plus fortement en larme. Ouvrant ses yeux vitreux sur le soleil qui rayonnait dans le ciel, Émeraude repensait à la mésaventure sordide qui l’avait entrainé dans ce malheur. La jeune fille n’avait commis qu’une seule erreur, une seule faute. Émeraude avait désobéir à son père.

Le vent fouettait dangereusement son visage, et le calme du lieu que seuls ses sanglots troublaient, Émeraude avançait au rythme de son geôlier. Au loin, se dessinait un énorme bâtiment badigeonné dans des tons sombres. Le paysage glacial que reflétait l’encadrement du lieu avec les croupes de montagnes tailladés qui l’environnaient, suffisaient pour faire paniquer Émeraude. Très vite, l’épouvante s’empara d’elle lorsqu’elle remarqua qu’aucune maison ne secondait l’établissement imposant qui se présentait à elle. Plus rien dans les parages, seulement l’énorme établissement, au milieu de nulle part, contourner par une végétation bien soignée.

Émeraude ne pleurait plus, la peur et l’angoisse avaient pris le dessus, à présent seul le bruit des ruisseaux qui serpentaient à proximité des hauts murs de l’établissement troublait le calme du lieu. Émeraude aurait pu tomber sur le charme du lieu si seulement son cœur ne tambourinait pas autant. Sans se soucier de la prise de son geôlier sur son coude, la jeune fille se mit à freiner les pas. Sa robe légère et salle,  se soulevait à chaque mouvement brusque qu'elle faisait afin de se dégager de l’emprise de cet homme.

-Je t'avais pourtant dit de rester tranquille, hurla l'homme avec mécontentent avant de lui flanquer une raclée.

Perdant aussitôt sa motricité, Émeraude s'écroula sur le sol, la face contre terre. Elle sentait des grains de sables sur son visage mouillé.

-Maintenant redresse-toi et tâche de ne pas m'énerver cette fois-ci.

Voyant qu'elle peinait à se lever, l'homme qui la martyrisait depuis plus d'une demi-journée, la souleva sans ménagement en la déposant sur son épaule, comme un sac à patate.

-Un peu de tempérament quand-même Dimitrio, elle est nôtre nouvelle pensionnaire, cria une voix au loin.

Épuisée par la dure journée qu'elle avait passée, Émeraude perdit connaissance sans avoir vu le visage de cet homme appelant son geôlier Dimitrio.

Un peu plus tard dans la journée, Émeraude rouvrit ses yeux verts flamboyants après maintes battements de cils. Toutes suites, ses yeux parcoururent la chambre dans laquelle elle se trouvait, une chambre énorme dont la hauteur du plafond suffit pour lui donner des vertiges.  La jeune fille posa une main sur le front en prenant une grande inspiration, un parfum particulier et piquant inondait le lieu, ce qui la replongea de nouveau dans l’angoisse.

-Un réveille houleux, entendit-elle dire.

Émeraude tourna aussitôt la tête dans la direction d’où venait la voix. La jeune fille étouffa un hoquet en voyant à son chevet, un homme debout près d’elle. Il avait l’air effrayant, et la cicatrice qui entaillait son visage le rendait encore plus terrifiant. Toute suite, Émeraude sauta du lit et s’adossa à un mobilier loin du lit.

-Calme-toi jeune fille, commença l’homme d’une voix dure.

-Où suis-je, interrogea Émeraude après maint effort.

Sa gorge se noua lorsque l’homme en face d’elle fit promener sur elle, un regard suspect et menaçant. La jeune fille se retira encore plus dans l’angle de la chambre.

-La bonne question serait de savoir qui je suis, corrigea l’homme.

-Qui.. Qui êtes-vous ? Balbutia Émeraude.

Son cœur battait à en rompre sa poitrine. Debout comme un piquet, la jeune fille suivait attentivement du regard tous les mouvements que faisait l’homme en face d’elle. D’une lenteur démesurée, ce dernier tira un escabeau dans un coin de la chambre, sans manquer de la faire grincer sur le carrelage. Le bruit aiguë embrouilla Émeraude pour un bref instant, lui ramenant futilement des souvenirs à l’esprit.

-Je me présente, je suis Andrei Markov. Je suis celui en charge de toutes les opérations qu’opère le cartel en Italie, en tout, ici c’est moi qui dirige.

S’en fut trop pour Émeraude, sur son visage se reflétait toute la confusion qui consumait son esprit.

-Mais que dites-vous, où suis-je enfin? S’emporta la jeune fille en sanglot.

Un sourire glaçant se dessina sur le visage dur de l’homme en face d’elle. Émeraude compris alors qu’elle était dans une mauvaise position, certainement qu’elle était dans une maison de correction. Dieu fasse que ce soit un axile, priait silencieusement la jeune fille.

-Bien venu au donjon, tu auras le temps de visiter déclara le prénommé Andreï.

Émeraude cru suffoquer suite à ses propos. Les yeux grands ouverts, elle observait l’homme avec étonnement. Elle voulut s’exprimer, demander des explications, mais aucun mot ne parvint à traverser la barrière de ses lèvres déprimées.

-Cette maison close est une source de revenue inestimable pour le cartel dans ses activités et tu es là pour nous permettre de booster les chiffres. Pour être plus claire, dès aujourd’hui tu deviens la perle du donjon.

Allait-elle se prostitué pour lui ? Cette question tournait en boucle dans la tête de la jeune fille. Une maison close, un cartel.. Émeraude se mit à reculer de plus en plus en voyant l’homme se rapprocher d’elle. Les yeux rosis, des torrents de larmes longeaient le long de son visage tandis que ses battements de cœur se faisaient de plus en plus vite. La jeune fille grimaça de douleur lorsqu’Andreï la souleva en empoignant son chignon dégarni.

-Tu n’as pas intérêt à me décevoir, lança ce dernier d’une voix menaçante.

Il était si près que la jeune fille sentait son souffle sur son visage. Les jambes en coton, Émeraude s’écroula au sol lorsqu’Andrei desserra sa prise sur ses cheveux.

-Sois prêtes dans quelques minutes, quelqu’un viendra te chercher, informa Andrei avant de claquer la porte derrière lui.
 

La perle du donjon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant