Ruisseau

Je n'ai jamais eu à faire de choix.

Toute ma vie, je n'ai fait que suivre le chemin qu'on avait tracé pour moi.

De nos jours, on peut se contenter de vivre sans se poser de question pendant très longtemps. Je me suis contenté de suivre le cours de ma vie.

J'allais à l'école, j'apprenais les mêmes choses que tout le monde, je passais du temps avec les gens qu'il fallait, je sortais là où on pouvait, j'aimais les choses qui le valait.

J'étais bien comme cela, sur mon petit ruisseau tranquille. Car je ne pouvais appeler ma vie un fleuve. Je n'ai jamais eu la prétention, ni l'envie, de faire de grandes choses. Je n'ai jamais pensé mériter plus que l'Asphodèle. Ni rêvé des Champs-Elysées.

Tout cela fût, un jour, fragilisé.

Tout mon monde était mis en danger par une simple question.

"Que souhaites-tu ?"

Mon miroir était fissuré.

L'image que j'avais de moi-même m'apparaissait alors Fade.

Sans Intérêt.

Pourtant aujourd'hui, je ne regrette aucunement ce moment.

Ni la vie que j'avais menée jusque-là.

Car elle me suffisait amplement.

À partir de ce moment-là, une seule règle régissait mon vécu.

Continuer de vivre au gré du courant.

Je ne compte pas essayer de le contrer. Les choses viendront comme elles sont.

Je les accepterais toujours.

Que ce soit une fleur qui embellira mon cours d'eau le temps qu'elle soit emportée, ou la brindille qui l'a bloquera un moment.

C'est peut-être un peu égoïste. C'est pourtant une règle juste.

Je n'ai pas de rêve. Je n'ai pas de souhait si fort que je veuille y consacrer toute ma force. Mais je ne me sens pas vide. Le lit de mon petit ruisseau déjà est bien assez plein.

Alors, je suivrais ce petit cours d'eau. Que personne n'a creusé pour moi.

Car avant que les gens ne croient au Paradis.

Tout le monde allait en Enfer.