Chapitre vingt-six: Le Traître Au Coeur D'enfant

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U apparut au beau milieu de la nuit, encore vêtu de son pyjama. La panique pouvait se lire sur son visage. Dans sa main droite, une large valise bien trop lourde pour lui. Dans sa main gauche, son arc qu'il ne quitterait pour rien au monde. Son souffle exténué se remettait lentement de cette course alors qu'il poussait la petite fille à abandonner ses draps de soie. Elle se redressa en se frottant les yeux, peinait à sortir de sa torpeur.

— C'est quoi qu'il se passe ?

— Ils... ils sont là. On doit partir avant qui soit trop tard.

Le garçonnet la tira hors de son lit avec force pour l'aider à rassembler quelques affaires. Elle eut tout juste le temps de garder une poupée avant de poser sa tiare d'or sur ses cheveux emmêlés par le sommeil. Ils quittèrent la chambre et découvrirent un bien étrange spectacle ; gardes, dames et domestiques couraient d'une salle à l'autre, complètement dépassés. La terreur régnait en maître sur le château.

La princesse ignorait toujours ce qu'il se passait et son frère était incapable de lui expliquer, savait juste qu'ils devaient rejoindre leur mère pour s'enfuir à bord d'un vaisseau de secours.

Un passage caché leur permit de gagner les jardins. Les lunes teintées de sang alertaient du danger proche. Le ciel écarlate laissait tomber des morceaux de l'espace. Et partout, partout au milieu des nuages s'avançait toute une armée aux ailes métalliques.

La P. U. R. G. E.

L'enfant n'avait même pas eu le temps d'enfiler des chaussures. Ses pieds rougissaient à vue d'œil, meurtris par le froid hivernal. U l'entraînait avec lui, refusant de l'abandonner.

— Là bas ! Vite...

Des navires de guerre fendaient le ciel et faisaient trembler la terre dans un vacarme abominable. Les premiers hurlements féroces retentirent tout à coup, portés par des bourrasques de plus en plus brutales. Les premières torches s'allumaient dans les villes et les villages. Kaporas sonnait l'alarme. Un garçon criait aux armes dans les ruelles de Thunderthorn.

Le prince et la princesse devaient se rendre au port le plus vite possible. Ils y seraient en sécurité.

— Attends !

La cadette s'arrêta en plein milieu des jardins.

— Quoi ?

— Et Beurk ? On va pas oublier beurk !

— Laisse-le ! On ne peut plus rien pour lui...

Il lui reprit la main pour la tirer de plus belle. Ses ongles lui griffaient la peau, mais ce n'était rien comparé à l'anxiété qui les gagnait.

Ils n'allaient pas assez vite. Les mercenaires assiégeaient déjà les maigres remparts du palais. Le mur tomba en quelques minutes à peine, permettant à la P. U. R. G. E de pénétrer dans les parcs. Trop tard. L'ennemi bloquait l'accès au vaisseau. La petite se mit à pleurer. Il tenta de la rassurer sans succès. Que faire, maintenant ? Beurk venait de causer leur perte.

Soudain, un adolescent poussa une des portes du château pour aider les enfants à se cacher. Ya le reconnu sans peine ; il était celui qui tirait à l'arc en compagnie de son frère.

— Dépêchez-vous !

Le duo se glissa à l'intérieur de justesse. Pas le temps de se reposer. Leur temps était compté.

— Il y a des alliés de l'autre côté... on doit passer par l'arrière... souffla le plus âgé.

Les jeunes se précipitèrent au travers du dédale pour retrouver les cuisines et ainsi espérer quitter la planète en péril. Les hurlements des guerriers résonnaient dans tout le bâtiment plongé dans l'obscurité. Chaque pas leur paraissait plus douloureux que le précédent.

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant