Troubles in Paradise

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Après ce long moment passé ensemble, il est temps pour chacun d'entre nous de revenir à notre vie. Notre vie séparée. Du moins, encore pour quelques jours. J'ai espoir que Clémentine quitte enfin Olivier et lui parle, car cette situation devient de plus en plus difficile à gérer pour moi. Bien sûr c'est génial de vivre cacher, ça donne un côté interdit, un côté secret. Et puis tout le monde connait l'expression "Pour vivre heureux, vivons cachés.", je ne le démens pas, je dis juste que la douleur dans mon estomac à l'idée de savoir que Clémentine se couche à côté d'un autre le soir me fait parfois remettre ce proverbe en question. Vivre cachés oui. Mais vivre ensemble. Ça fait des mois que j'attends que Clémentine parle à son mari, et jusqu'à présent toutes les excuses qu'elle m'a donné tiennent la route. Mais ça y'est, je quitte le lycée. Il est temps pour nous de vivre notre relation à fond. Je la regarde se rhabiller, le cerveau rempli de pensées. Dans un sens j'ai envi de croire en nous, mais j'ai peur. Clémentine a toutes les qualités du monde, mais le courage n'est pas forcément celle qui prédomine. Je pense qu'elle s'arrange de cette situation qui lui permet d'allier l'utile à l'agréable. Elle sait que je l'aime, et que je l'attends. Elle sait donc que je n'irai pas voir ailleurs. Mais elle sait aussi, qu'avec cette situation, elle garde sa maison, ses enfants et son chat. Elle ne bouleverse la vie de personne, et surtout pas la sienne. Je suis septique, et ça doit se voir sur mon visage car elle m'interpelle. 

Clémentine: Tu fais une drôle de tête, ça va pas? 

Maxime: Je réfléchis. Tu vas vraiment parler à ton mari? Non parce que, j'ai pas envi de souffrir. J'ai pas envi d'y croire si toi, tu ne comptes pas t'impliquer à fond. 

Au fur et à mesure que je poursuis ma phrase, je vois le visage de Clémentine se fermer. Je la sens tendue. Mais on tourne autour du pot depuis trop longtemps maintenant. Notre conversation de toute à l'heure était platonique parce que trop orientée par notre partie de jambe en l'air. Je décide de prendre mes responsabilités et d'entamer une conversation aux allures de choc frontal. 

Maxime: Je t'ai posé une question. Tu vas lui parler à ton mari? 

Clémentine: C'est compliqué Maxime! Je ne comprends pas pourquoi c'est aussi important pour toi! On dirait que tu espères que je divorce! 

Maxime: Non mais tu fiches de moi en fait? Tu t'entends parler? Que "j'espère" ton divorce? Clémentine tu me dis que tu m'aimes, tu m'écris tous les jours depuis la Californie, tu me dis que je te manque. T'es à peine rentrée que tu couches avec moi! Et tu comprends pas pourquoi c'est important pour moi de savoir si tu comptes dire à ton mari que tu le trompes?! 

Clémentine: Tu ne comprends pas! Tu ne le connais pas! Si je lui dis pour toi et moi, je ne reverrai pas mes enfants! Il fera tout pour me les prendre! Il va me faire passer pour une sorcière à leurs yeux! Et mes enfants... Ils ont toujours vécu dans cette maison, ils y ont toutes leurs habitudes... Je ne suis pas prête à partir de chez moi Maxime. Et puis même si je partais... ce serait pour aller où? Tu crois que j'ai les moyens de payer un deuxième logement? Alors OUI OUI et OUI, je t'aime. Oui je suis amoureuse de toi, mais je n'ai rien à t'offrir de plus que ça pour l'instant. Je ne me sens pas prête à briser ma famille. 

Maxime: Très bien. Donc en fait tout ça c'est une blague pour toi? Tu t'es dis, tiens ce serait sympa de voir comment c'est de coucher avec un petit jeune? Mais t'as jamais vraiment eu l'intention de me choisir? T'as jamais vraiment eu l'intention de te projeter avec moi? Ne viens pas me dire que tu m'aimes Clémentine. La vérité c'est que tu n'aimes personne plus que tu ne t'aimes toi même. Maintenant si tu veux pas rentrer à pied, on y va. 


Je suis hors de moi. Je roule à pleine vitesse sur le retour. Rien à faire des conséquences. Elle s'est moqué de moi. Elle m'a fait croire qu'elle allait agir, mais c'était du vent. J'ai l'impression d'avoir été utilisé, d'avoir été débile. J'arrive à l'endroit où elle a laissé sa voiture, la dépose et je démarre sans plus attendre. Je n'ai rien à lui dire. Une fois parti, je laisse couler mes larmes sous mes lunettes de soleil. J'arrive au feu rouge et j'en profite pour glisser mes AirPods sous mon casque. J'ai besoin de musique pour oublier le vide intersidéral de mon coeur et de ma vie. J'ai besoin que quelque chose vienne combler le trou béant que Clémentine vient de faire à mon coeur. C'est le milieu de journée, et le traffic est très dense. Je me faufile entre les voitures lentement pour ne pas heurter un pare-choc ou un rétroviseur. La dernière chose dont j'ai besoin c'est de me prendre la tête avec un touriste un peu trop pointilleux. 

J'arrive chez moi, je jète les clés de mon scooter et mon casque à la volée dans le salon sous le regard étonné de mon père qui ne comprend pas ma soudaine mauvaise humeur. Sans davantage d'explications, je monte dans ma chambre, balance mes lunettes de soleil à travers la pièce, jette mon téléphone au sol, et je m'allonge sur mon lit en laissant éclater ma peine. Clémentine, le divorce de mes parents, la fin du lycée, le stress de la rentrée. Je pleure comme je n'ai jamais pleuré dans ma vie. Alors que je suis secoué de sanglots, je sens une main se poser sur mon dos. 

Alex: Bah alors mon fiston? 

Je ne réagis pas, et pour seule réponse mes larmes s'accentuent sans que je puisse les contrôler. J'ai besoin de laisser sortir cette rage, cette frustration, cette tristesse. Je suis malheureux, et puis merde. J'ai le droit d'être triste non? Je n'ai pas de compte à rendre. 

Mon père reste là sans parler pendant plus d'une heure. Je finis par m'assoupir épuisé par mes larmes. Mon téléphone est toujours sur le sol de ma chambre. Je l'entends vibrer mais je ne le ramasse pas. Le seul truc dont j'ai besoin c'est de me reposer. 

Les douceurs de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant