Les confrontations font toujours du tord

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A D A M

Quand j'entre chez moi, mes parents m'attendent, assis devant la télévision que j'entends de l'entrée grésiller comme des cigales.

Ça me donne envie de me flinguer ce bruit, sérieux ! Il est insoutenable, on a l'impression de se faire grignoter les oreilles par des milliards de petits insectes.

-Adam...

La voix qui prononce mon prénom est aussi douce qu'une caresse, aussi tristesse que les pleures d'un océan salé à l'abandon.

-Tu ne m'as pas écouté hier, gronde une autre voix plus féroce.

Quand je vois la tête chauve de mon père sortir du salon à pas de gros plein de soupe, la colère bouillonne. Au fond de ma carcasse humaine, le monstre qui se cachait sous mon lit, se remu sans ménage.

-J'étais chez Reb, dis-je dans un soupire. Elle allait pas super.

-Tu crois que je vais te croire, fils ?

Je plante mon regard dans le sien et je n'y vois qu'écœurement, dégoût, le fils que je ne suis plus. Mes cheveux gouttent sur le sol dans un rythme lent qui semble faire passer le temps au ralenti.

-Tu n'as pas le choix.

Ma mère coupe notre face à face en demandant, le tymbre rempli d'inquiétude :

-Elle va bien au moins ?

Je hausse les épaules avant de commencer à monter vers ma chambre.

-Elle a juste fait un malaise, ça va.

Mon père pose sa main sur l'épaule de ma mère, il est aussi rouge qu'un coquelicot oublié dans un champ... Non d'ailleurs, en fait c'est plutôt du rouge anus !

-Tu ne vois pas que ton fils te baratine de conneries, te ment droit dans les yeux ?

-Votre fils dit la vérité. Les Beaupas devraient d'ailleurs vous appeler bientôt. Oh, vous devriez même les appeler tout de suite pour arrêter de me faire chier en m'accusant à tord.

Sur ces mots, je tente de rejoindre ma chambre mais je suis à nouveau arrêté par une parole qui me fait me retourner violemment :

-De toute façon tu n'as jamais su rien faire d'autre que fuir face à un problème, fils. Comme tu n'as jamais su rien faire d'autre que mentir.

-QUOI ? QUOI ! Mais putain mentir est la dernière chose que je vous ai fait et vous ferais ! Ce n'est pas MOI qui ai menti !

Je me suis arrêté un instant de parler et soudain, j'ai compris où mon père voulait en venir :

-Tu penses que je prends de la coque en secret, C'est ça ? Que je fume, prends du shit, me drogue sans arrêt ? C'est ça qui te fait flipper ? C'est ça que tu veux m'entendre dire ?

Ma mère ouvre la bouche, mon prénom traverse ses lèvres dans un chuchotement cassé par la déception. Mon père est là, sa tête teinte en rouge, les yeux sortant presque de leur orbite respectif, soudain il hurle contre moi, contre lui, contre le dernier nous qu'il restait :

-PUTAIN mais tu ne peux donc rien prendre au sérieux ? Tu écoutes les conneries que tu dis, tu écoutes ce que tu dis de profondément CON, fils ?

Il s'avance, je vois à présent le bout de ses doigts trembler de fureur. Il monte les escaliers pour me faire face.

-Donne-moi ton appareil photo, c'est fini.

Je me suis revu, des années auparavant, plus jeune et plus innocent, privé de ces choses que j'aimais par mes parents, dans le seul but de me faire comprendre le monde dans lequel je vivais. Un monde hypocrite où les gens disent qu'ils t'aiment, qu'ils ne te blesseront jamais, qu'ils seront toujours à tes côtés quoi qu'il se passe avant de s'évanouir dans l'air, comme par magie, comme si rien n'avait jamais vraiment compté.

-Dans ce monde qui se fout de ta gueule, on te prive de ce à quoi tu tiens le plus pour que tu entres enfin dans les clous de l'univers.

Je regarde mon père, planté devant moi, attandant que je me plie à ses exigences.

-Je ne veux plus rentrer dans ces clous. Il avait essayé. Il avait essayé et tout est parti en couille avec lui.

Ma mère pleure, elle a mal et je la blesse encore plus, obligeant nos monstres à sortir de sous nos lits et à s'enterrer plus profondément en nous.

-C'est pour ton bien que ton père fait ça... souffle-t-elle.

-Mon bien ? un rire m'échappe. J'en ai plus rien à foutre de mon bien, tout ce que je veux c'est pouvoir enfin vivre pleinement, entièrement et profondément cette vie merdique ! Pouvoir le voir sans que rien ne m'y interdise.

-ADAM DONNE MOI TON APPAREIL, C'EST UN ORDRE.

À cet instant, peut-être que trop de douleurs subsistent en moi. Peut-être que tout est trop à supporter et à encaisser à la fois. Peut-être est-ce pour toutes ces émotions qui surgissent successivement en moi que mon le poing se lève, prêt à le frapper, à s'abattre sur mon père ?

Il arrête de justesse mon bras à quelques centimètres de son visage, tandis que ma mère cri d'arrêter.

Les yeux noirs de mon père fixent à présent mes pupilles et je comprends que je viens de briser les dernières émotions positives que nous avions, sans nous en rendre compte, laissé entre nous. La tristesse remplace la colère qui évahissait les yeux de mon père. Ces yeux-mêmes qui me renvoient mon propre reflet, celui d'un mec perdu, que la vie a brisé et qui cherche à avoir mal en brisant lui même ce que la vie ne lui a pas encore prit...

Un flash lointain me revient et je me déteste à tout jamais, une fois de plus. J'entends à nouveau ma voix injurier, frapper, pleurer cette personne, ce nom, cette...

Je retire ma main, lui donne mon gros appareil et parts dans ma chambre.

Une fois en haut, je branche l'autre appareil photo à mon PC. L'appareil que je cache dans un au cas où qui s'est avéré fatidique. Il est plus petit mais très bien aussi.

J'ouvre le blog de ma page Facebook et en quelques clics, je publie les photos de Ben Styl.

L'être de l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant