Chapitre 14

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Un lundi matin, rien de tel qu'un lundi matin pour nous ramener sur terre. Le week-end s'est bien passé place à une longue semaine de travail, à vrai dire ma première semaine de travail depuis que je me suis réconcilié avec mon mari. Fallou croyait que c'était à cause de son mariage que j'avais repris le boulot au bureau et que je reviendrai travailler à la maison dès qu'on se réconciliera mais il s'est lourdement trompé. J'ai repris le travail au bureau en partie à cause de lui mais je veux rester pour moi. J'aime mon travail et rien ne fais plus plaisir que de le gérer dans un cadre convivial, propice au travail. Mon téléphone se mis à sonné, ça doit être sûrement Fallou, quel ne fut ma surprise lorsque je vois le nom de Aïta s'afficher.

-Allô Aïta? Dis je sur un ton interrogatif et choquée.

- Allô ma puce comment tu vas?

- trés bien alhamdoullilah et toi? Je lui demande pour être polie.

- je vais bien aussi naka sa woudj ba yenangi si diam. Me demande t-elle dans un ton plein de sous entendu.

- Aïta Sidibé lou waral sa wotei? (Pourquoi tu m'appelles en fait) dis je d'un ton très énervée.

- ayyy Yacine iow fateiwo li batay. ( toi aussi Yacine tu n'as pas oublié cet incident depuis lors.) Je veux t'inviter en faite à prendre le déjeuner ensemble, histoire qu'on puisse parler et que je puisse t'éclaircir les choses. S'il te plaît donne moi une chance de m'excuser.

- ok quand ?

- aujourd'hui si possible à la pause.

- ok, envoie moi l'adresse par message, j vais voir ce que je peux faire pour qu'on se voit avant que je reprenne le travail.

- merci cousine chérie à plus tard.

- à plus. Dis je avant de raccrocher mon téléphone.

Je ne sais plus quoi penser de tout ça, Aïta je ne la comprendrai jamais. Vous savez dans la vie d'une femme mariée, il y a toujours cette femme qui vous souhaite tout le bonheur du monde mais qui dans votre dos agit comme si vous ne contiez pas pour lui. La vie est ainsi faite, elle est faite d'imposteurs, de faux amis et de gens qui ne vous aiment simplement pas parce qu'elles sont comme elles sont. Il faut savoir l'accepter et vivre avec. À vrai dire, il y a des moments où on ne voudrait se détacher de toutes ces personnes qui nous pourrissent la vie mais vivant dans un pays qui tient à ses coutumes, on ne peut pas tout se permettre. Dans ce pays de la Téraanga ( l'hospitalité), la famille est sacrée, qu'elle soit proche où éloignée et quelques soit les liens. On est alors obligé de porter le fardeau de toutes ces personnes qui se disent être de notre famille et quelque soit la profondeur des blessures qu'elle nous aura infligée nous devons l'accepter. Le fameux Nangou (l'acceptance), qui dit que toute femme doit savoir accepter les défauts de tout le monde et être quand même pardonneuse. Je m'efforce d'être cette oui, je m'efforce d'être celle qu'on attend de moi mais c'est si difficile des fois de se taire et de faire semblant. Moi Yacine, je peux pardonner beaucoup de choses à ceux que j'aime mais ce n'est pas pour autant qu'il faut me prendre pour une attardée qui a le complexe d'être détestée ou pas appréciée. Je veux juste la paix et l'harmonie. Je me rappelle du jour de mon mariage, le dernier que ma mère m'ai donné c'est de cultiver la peur en moi, pas cette peur qui vous handicapes, mais la peur de détruire une famille entière, la peur d'être l'origine des conflits d'une famille, elle voulait simplement dire que je dois être conservatrice. Elle y ajouta que je devais aussi être fière, pas cette fierté arrogante qui nous empêche d'être en paix avec nous même où qu'on soit, mais fière qu'on dise n'importe quoi de moi, fière pour ne jamais être la risée des gens qui en veulent à mon intégrité, notre intégrité, l'intégrité de notre famille. Je l'ai toujours appliqué jusqu'à aujourd'hui et je compte m'en tenir.

****

Dans très beau restaurant sur la corniche, nous sommes assises en face d'une belle vue sur la mer. L'atmosphère et la convivialité de l'environnement me détend déjà. Un menu très chaleureux nous est proposé, mon choix est déjà fait étant éternel amoureuse des fruits de mer. Je rejette un coup d'œil sur mon téléphone histoire de voir si fallou a encore répondu à mon message.

« Allez je te laisse déjeuner, un gros bisous à ma complice. Je t'aime mon amour, pour toujours boul ko fatei deh (ne l'oubli pas)» m'a t'il répondu. Un sourire s'affiche sur mon visage dès que j'ai lu la dernière phrase de son message.

- khana sama Sekh molay message? iow Ninga nobatei dou ndank. ( Alors est-ce mon jumeau qui t'écris ? Toi, tu es trop in Love.)

-toi même tu sais que ce sourire ne peux être créé que par lui. Il te fait un gros bisous. Yen gnar mom saffo len ma ngeine di diay sincère nonu. ( je vous déteste trop tous les deux avec votre sincérité à deux balles). Dis-je sur un ton faussement agacé qui nous fait inévitablement exploser de rire.

- ce rire ça m'a trop marqué. Dit-elle sourire aux lèvres.

- C'est normal puisque tu as trahi ma confiance en me cachant que mon mari va prendre une deuxième femme.

-Dis pas ça je te promets je n'avais pas le choix. Je lui avais promis de ne rien dire, je me devais de respecter ma parole. Répond t-elle de manière sincère.

- je te comprends mais j'ai besoin de temps pour digérer ton comportement. Tu reste ma sœur et amie et je ferais tout pour toi, j'ai juste réalisé que ça n'étais pas réciproque et je dois le digérer d'abord.

- S'il te plaît Yacine tu peux remettre en cause tout ce que tu veux sur moi mais pas mon amour et mon attachement pour toi. S'il te plaît oublions tous!

- Je vois dans tes yeux que tu es sincère et j'en suis très heureuse. Dis je cette fois ci avec un sourire satisfait.

Je crois qu'elle est sincère et sa parole me suffit. Je ne suis pas rancunière, j'oublie aussi très vite, je vais juste laisser le temps faire sa magie.

C'est dans une ambiance enfantine que je me sépare d'elle pour retourner au travail. Je n'ai qu'un article à terminer et me voila déjà sur la route pour ma maison. Mon patron m'a trop gâté à peine j'ai repris le travail à nos locaux, il a tout fait pour que je reçoive une voiture de service. Ça fait tellement longtemps que j'ai pas conduit, j'en ai même oublié le trafic qu'il y avait en ville après une longue journée de travail. Dans ce trafic interminable, mes pensées ne peuvent pas s'empêcher de se pavaner dans belles longues années de mariage. Je suis reconnaissant de la paix, la santé et de l'amour qui m'entoure, Alhamdoullilah.
J'arrive chez moi épuisée, une douche bien froide me permet de me remettre en forme. Je fais mes prières et me mets en jogging décontracté. Fallou ne dort pas ici aujourd'hui mais il me manque tellement. Je l'appelle pour entendre sa voix au moins.

- Allô mon amour!

-Allô ma chérie, c'est Mariétou ! Je suis désolée mais Serigne bi est entrain de prier.

- comment tu vas chérie ? Lou bess ? (Quoi de neuf?)

- je vais bien magou diambour (grande sœur) et toi ?

- je vais bien alhamdoullilah, iow sakh je voulais te demander quelque chose. On fait comment pour l'anniversaire de Fallou. Je sais qu'il sera chez moi, mais je crois qu'il serait comblé si on pouvait être toute les deux là.

- Tu es la meilleure je t'assure. J'y pense depuis lors, dama la gneimei woul wone ladj rek puisque si iow la ayei. ( je savais juste pas comment t'en parler puisque il est normalement avec toi pour son anniversaire). Dit elle cette fois-ci un peu hésite ce qui me fait aussitôt sourire, elle est trop mignonne celle-là.

- C'est normal je me dis, il doit être l'homme le plus heureux en ce jour spécial Insha'Allah

- Insha'Allah il le sera. Il est là attends je te le passe avant qu'il ne découvre nos plans. Me lance-t-elle avec rire qui m'emporte.

- ok passe le moi Ma puce, allez bisous, on s'appelle.

Enfin je peux parler à mon mari! Le plus beau, l'amour de ma vie, ma raison de vivre....

„Un seul être vous manque et tout est dépeuplé."
Lamartine

Lemarqueur

Lueur obscurcieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant