Le vague à l'âme

I- Souvenirs

« -...Je suis ici.

Je suis là-bas.

Je suis partout à la fois. Et pourtant, personne ne me voit. On ne me considère pas à ma juste valeur. Je suis le commencement comme l'achèvement. J'ai brûlé pour vous, je me suis éveillée, puis j'ai gelé. Je commence là où ça ce termine et finis là où ça commence. Je suis du microscopique au macroscopique, la plus infime particule jusqu'au plus grand des univers. Je débute, je grandis, tout est conçu en moi pour évoluer.

Je suis ici.

Je suis là-bas.

Je suis partout à la fois.

Je suis la vie.

Je suis la vie qui appelle à l'éveil le plus petit brin d'herbe, je suis celle qui hurle par le déchaînement des océans, celle qui pleure au travers des torrents, qui fulmine au travers des volcans, c'est moi...

-Mamie, j'ai mal.
-Et où as-tu mal trésor?
-J'ai mal là. Dis-je en lui montrant mon poing serré sur mon cœur.
-Tu sais trésor, -me dit-elle en se mettant à ma hauteur- il y a deux façons d'avoir mal. D'abord, il y a la douleur physique, comme quand tu tombes à vélo et que tu t'écorche le genou. Tu as mal, c'est douloureux, mais rapidement, toutes tes cellules se rétablissent et tu es de nouveau comme neuf. Ton corps ne veut que ton bien. Ensuite, il y a les peines de cœur. Celles-ci sont très douloureuses et plus difficiles à soigner mais pas impossibles.
Qu'as-tu fait pour infliger ça à ton petit cœur?Tu es encore jeune.
-J'ai de plus en plus mal. Je ne veux pas être mal. Tu sais, je me demande si je serais mal si je n'étais pas là, peut être que le monde serait plus beau?
-Et qu'entends-tu par « là »?
- Si papa et maman ne m'avaient pas eu, je serais bien. Oui, je serais bien mieux. Dis-je le regard emplis d'une lueur de bonheur.
- Écoutes, -me dit-elle les yeux plongés dans les miens- je te défend formellement de dire ça trésor. Tu es trop jeune pour te lamenter de la sorte. Tu dois vivre, vivre dans la joie, vivre à n'en plus pouvoir, trouver quelqu'un qui t'apporte le bonheur!
Je vais te dire quelque chose, la vie est faite pour être vécue. Tu ne dois pas la subir. Crois en toi.
-C'est dur de croire...
-Moi je crois en toi, ne l'oublie jamais! »

Sur ces paroles, elle me fit un baiser sur la tempe me laissant là. Oui, je l'aime mamie...