Prologue

21 2 2
                                    


Le soleil se couchait sur la ville, son regard se perdait dans les rues désertes. La foule, tel un fleuve, coulait doucement dans les bâtiments. Elle était seule. Elle n'était pas perdue, juste seule. Un seul et dernier regard derrière et en un soupir, elle s'en vas.

"Mélancolie": État de dépression, de tristesse vague, de dégoût de la vie, propension habituelle au pessimisme.

Un mot, juste un, pour décrire un sentiment si injuste et si dévastateur. Quatres syllabes, cinq voyelles et quatres consonne. Un son pultôt doux en voix... paradoxal.

"Mélancolie".

Un banc dans un parc. Son carnet et son crayon en main. Un désir d'abandon de soi. Elle flâne. Griffone et chiffone ensuite. Sur chaque feuille un simple dessin, toujours le même. Un homme. Les traits fins mais graves. Ce n'est pas encore parfait.

Elle continue son voyage au travers de la nuit. Elle n'entend pas les gens qui lui parlent. Rien ne l'arrêtera. Il faut qu'elle parte. Elle ne veut plus. Il n'y a plus rien dans son coeur. Elle est vide. Un jour elle a connu tout cela. Un jour si lointain... La larme coule. La seule.

C'est bizarre. Chaud et humide à la fois. Ça a un goût salé. Ça a aussi laissé une petite trainée froide et désagréable. Il lui semble que cela c'est déjà produit auparavant. Cette sensation lui est famillière.
 
"Tristesse": État de quelqu'un qui éprouve du chagrin, de la mélancolie, de l'affliction.

Intéressant comme mot, non ? Ce mot qui designe une émotion qui en comporte plusieurs en eux même. Une mise en abîme, en quelque sorte. Mais savons nous vraiment ce que cela signifie ? Si nous demandons à quelqu'un ce qu'est la tristesse, sûrement nous répondra-t-il "Baaaah c'est quand tu es triste". Décevant n'est-ce-pas ? Comment savoir ce qu'est un sentiment si complexe ?

Nous ne savons rien.

"Tristesse".

Un baillement suivit d'un soupir. Le repos devient nécéssaire. D'autres choses humides ont coulé. Elle ne sait plus rien. Elle doit juste partir. Mais le repos est nécéssaire. Un hotel miteux s'offre à elle. La nuit fut courte. Elle reprend son long voyage. Elle ne pense plus à rien. La route est déserte. Un doux paysage de campagne. Mais elle ne regarde pas. Son regard est perdu dans le vide. Une voiture s'arrête. Pas elle. Il l'insulte puis repart. Elle n'entend rien. Une ville se dessine à l'horizon. Son bras la brûle. Elle connait cette douleur. La marque se réveille, c'est ici qu'elle doit aller.

L'aube pointe quand elle arrive. La douleur devient insoutenable. C'est aujourd'hui ou jamais. Dans sa tête, une mission, un lointain souvenir. Son carnet contre son coeur. En face, c'est lui. Elle ne l'a jamais vu. Mais elle le sait, elle le sent. Le dessin, c'est lui. Son enveloppe charnelle se métamorphose. Elle est plus jeune que la précédente. Plus agile aussi. Elle se sent bien dans ce corps. Elle à un nouveau but.

Premièrement, son parfum l'attira. Puis ce fut ses yeux si bleus qui captèrent son attention. Enfin, il l'a regarda avec une sorte de défis dans les yeux. Cette femme était éblouissante. Captivante. Il ne pouvait se détourner d'elle. Le piège c'était refermé sur sa proie. Un duel endiablé s'est engagé entre leurs regards. Qui mènera la danse ? Mais le train passe et l'inconnue est partie. Il doit la retrouver.

Elle a gagné. Il l'a suivie. Elle se sent mieux. Revigorée. Elle cours. Lui aussi. Elle se perds dans les ruelles interminables de cette ville. Mauvais chemin. Cul-de-sac.

"Qui es tu ?"

Sa voix, c'est celle qu'elle attendait.

"Qui es tu ?"

Un songe ? Une illusion ? Un reflet de nous même.

"... je suis tout ce que tu as attendu depuis si longtemps..."

La voix de cette enveloppe charnelle est suave et sensuelle. Elle aime ce corps. Lui aussi.

"Comment t'appelles tu ?"

Elle n'a pas de nom.

"Épicène"

Elle avait lu ça un jour dans la grande bibliothèque.

Il la regardait sans trop comprendre. Il était envouté. Elle l'avait charmé. Le procesus fonctionnait de nouveau. Il fallait faire vite. Elle le sait. Son coeur se remet à battre. C'est douloureux. Tout chez elle lui fait mal. Un coin de la ruelle est vide. Si elle est rapide elle peut y passer. Elle tente mais échoue. Il l'attrape, la retient contre son torse. Et le drame se produit. Il l'embrasse avec fouge. Elle répond contre son gré.
'NON'

La marque brille et brûle. Il est perdu.

Elle se réveille et sort du lit nue. Il est encore là. Elle n'est pas encore habituée à ce corps. Mais son coeur bat de nouveau. Elle est pleine. Cet homme est amoureux. Ils seront content.

Il émerge doucement et voit sa douce au bord du lit. Il la connait à peine, et pourtant, il en est follement amoureux. Il scrute le corps de sa dulcinée en détail. Elle est parfaite. Chacun de ses mouvement est mesuré, calme et gracieux. Une seule chose trouble ce brave Don Juan, ses yeux. Ils semblent vides de toute émotion. Mais après tout, ce n'est qu'un détail.

Les jours s'écoulent, elle est pleine de vie. Rayonnante, brillante. Lui est pâle et fatigué. Malgré cela, il est heureux. Chaque nuit sont une folie et douces sont leurs journées. Un couple magnifique à voir.

Mais, malheureusement, si je puis me permettre, aucun bonheur est éternel. Le bonheur infini n'existe pas. Ce ne serait pas drôle voyons. Si nos vie n'étaient pas rythmées par des drames beaucoup de progrès n'auraient pas eu lieux et nous serions juste là, aucune histoire, aucun passé.

Novembre est arrivé bien vite. Le froid l'accompagnant. Il se sentait pire en pire. Son teint, plus tôt, translucide devenait de plus en plus exangue. Il toussait mais n'osait assumer son mal. Elle, semblait ravissante. Eblouissante. Sa beauté faisait fondre plus d'un coeur. Malgré cette sensuelle chaleur, elle restait froide, voir glaciale. Mais elle n'était déstinée qu'a un seul, l'unique.

L'hiver passe doucement. Le merveilleux couple s'éfrite. Ils se disputent, l'amour s'évapore. Il va mieux. Elle non. Sa beauté se perd. Ça recommence. Elle est tombée amoureuse à son tour. Elle n'a jamais su quand les sentiments devaient s'arrêter. Son nouveau grand amour mourait à petit feu à cause d'elle, elle devait réagir. Elle à tout créé de toute pièce. Inventer des histoires ça a toujours été son quotidien. Une tromperie inventée. Ils la punirons pour cela. Elle ne rapporte jamais assez. Elle se tue doucement.

Ses marques la réveillent. Elle hurle. La douleur est insoutenable. Ils l'appellent. Elle ne veut pas y aller. Il n'y a qu'un seul moyen: de nouvelles marques. La pointe du couteau était froide, glaciale. Elle appuie plus fort. Un liquide noir sort de la plaie nouvelle. Ce liquide coule à flot. Elle retient toute ses peines, mais les larmes coulent. Sa métamorphose ne tient pas. Elle reprend forme originelle. Une peau d'albatre, de long cheveux noirs. Une taille gracieuse qui dénnote avec les nombreuses plaies, cicatrices et marques perlant son corp. Sur sa poitrine, au niveau du coeur, une boussole. Elle n'est pas humaine, ne l'a jamais été.

C'est un monstre, une geisha.
■■■■■■■■■■■■■■■■■■■

En espérant que ça vous plaise !
° E •

Les MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant