Chapitre 4 Yoni 2017

63 9 2
                                    

Je plonge mon regard dans le sien. Elle se mord les lèvres. J'arrive à percevoir les stries hachurant son iris mais il est si mince : la pupille prend déjà toute la place.

Respire, ma belle.

Je me rapproche de nouveau car cette fois-ci, c'est moi qui dois l'embrasser et je sais exactement comment faire. Mes lèvres se posent doucement sur les siennes, juste histoire qu'elle ressente bien que c'est moi qui décide, que c'est moi qui commande. Mes mains partent encadrer son visage en s'introduisent sous ses boucles souples.

Là, je passe à la vitesse supérieure.

Ma langue prend les devants et part à la conquête de celle de ma partenaire.

Place au spectacle...

Je me rends compte que ses jambes tremblent : ce que je lui fais la transporte, l'excite. Je sais très bien sur quel bouton appuyer pour perturber les femmes et ça même d'un seul regard.

D'un seul baiser.

Sa respiration s'accélère tandis que ma langue titille cruellement la sienne. Mes pouces caressent ses lobes et à la façon dont elle gémit quand mon corps se presse contre le sien, il est certain que je suis déjà en train d'entrer dans son esprit. Je le sais qu'elle ne sait même plus où elle se trouve et c'est donc exactement au moment où je perçois qu'elle est sur le point de défaillir que je choisis pour tout arrêter.

-Je ne suis pas celui que tu croies.

Elle ouvre la bouche. Rien ne sort. Sa poitrine monte et descend. J'arrive à percevoir deux larmes qui perlent au coin de ses yeux. Je dois m'en aller et c'est que je fais alors que la pluie commence tout juste à tomber...

-COUPEZ ! Vous étiez géniaux ! On reprend dans une heure, c'était impeccable !

Cameron, le réalisateur se lève de sa chaise tandis que mon assistante, une jeune stagiaire qui doit avoir l'âge de ma petite sœur, s'empresse de venir m'apporter une bouteille d'eau comme je l'exige à chaque fois. Je la remercie du bout des lèvres tandis qu'elle m'admire en battant frénétiquement des cils.

Oui, ma belle. Je le sais, j'interprète le rôle-titre de cette super production. Je sais que mon visage s'affiche partout dans les journaux et que le magazine Times me considère comme l'un des célibataires le plus riche du monde. Et je sais que c'est pour cela que cette petite stagiaire me regarde avec ces grands yeux énamourés. J'engloutis à une vitesse impressionnante la totalité de ma Volvic et me dirige vers ma loge sans même me préoccuper de Sandra McLane, celle à qui je viens de donner la "réplique". Je croise Pablo, le maquilleur qui lui aussi semble me faire de l'œil depuis quelques temps.

-Pete, tu dois passer voir Pascal après la scène raccord. Il a un truc à te proposer.

Pascal, c'est mon impresario et l'un de mes meilleurs amis. Il a été là quand je me suis retrouvé dans la merde sans savoir si je devais avancer ou reculer.

-Ok, tu lui dis que je passe dans 10 mn.

Bouge, Pablo. Je ne suis pas intéressé, non plus.

J'entre dans ma loge et en referme rapidement la porte, histoire qu'on me foute la paix. Je balance ma bouteille vide dans la corbeille et retire ma chemise trempée. Je me passe rapidement la main dans les cheveux histoire de les essorer un peu. En allant chercher une serviette éponge, je croise mon reflet dans le miroir géant bordé par deux rangées d'ampoules rondes.

Le petit Yoni, c'est fini.

Je fais face à un acteur au top. Je fais face à Pete Drew, un mec qui est sûr de lui. Un mec qui sait séduire les femmes d'un seul regard. Un mec qui sait contrôler leur corps avec le sien. Je détaille les muscles puissants qui le sublime quand tout à coup, deux mains manucurées viennent se poser de part et d'autre de mon torse. Je les attrape avec force et fais volte-face pour me retrouver contre les courbes voluptueuses de Sandra McLane. Apparemment, la belle en veut encore.

Jelly boy (trop mou...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant