god is a fucking woman

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Elle descendit les marches des escaliers à pas feutrés pour ne pas réveiller toute la maisonnée. Vêtue d'un petit débardeur noir à dentelle et d'une mini-jupe en jean gris foncé qui lui arrivait en haut des cuisses, elle risquait de lourdes représailles si elle se faisait surprendre à sortir à cette heure de la nuit. Elle s'empara d'une paire de bottines à talons volée à sa sœur et se dirigea sur la pointe des pieds jusqu'à la porte arrière de la maison. Une fois sortie, elle enfila ses chaussures, vérifia une dernière fois qu'elle avait tout ce qu'il lui fallait dans son sac-à-main, puis disparut dans la pénombre du jardin potager de sa belle-mère.

Elle déboucha rapidement sur une grande route, dont la lumière aveuglante des lampadaires lui brûlait les yeux. Elle se les frotta de ses index manucurés, puis reprit son chemin en direction du centre-ville.

Ses traits fins arboraient une expression fermée. Elle n'éprouvait plus aucune excitation à faire le mur à une heure du matin tellement elle avait répété cette action au cours des mois précédents.

Ses pupilles bleu irisé avaient été mises en valeur par un voile de poudre orange, délicatement déposée sur ses paupières. Son arcade sourcilière avait elle été parsemée de minuscules paillettes argentées, faisant ressortir l'ensemble de son maquillage. Seules ses lèvres roses avaient été épargnées de tout artifice.

Un vent frais se leva, et souffla vivement sur les épaules dénudées de la jeune fille. Elle augmenta alors la cadence de ses pas, pour enfin arriver devant un bâtiment dont les faisceaux de lumière colorés dansaient au rythme de la musique.

Entre temps, elle avait reçu un message de sa meilleure amie, ou plutôt de sa partenaire de crime, Lola. « Désolée, ne peux plus venir. Je passe la nuit chez Gaëtan, si tu vois ce que je veux dire. ;) »

Après avoir râlé intérieurement quelques secondes, honteuse de s'être faite lâcher ainsi, elle avait fini par se résigner à aller faire la fête seule. Lola ou pas Lola, elle n'allait tout de même pas rentrer chez elle de si bonne heure.

Elle s'engouffra dans la boîte de nuit, un sourire satisfait affiché sur son visage, son numéro de charme au videur ayant fonctionné du premier coup. Puis elle se rendit compte une fois à l'intérieur qu'elle était vraiment seule, et qu'elle ne pouvait pas jouer les mauvaises langues avec son acolyte en critiquant ouvertement tous les gens qui l'entouraient.

Elle traîna ses pieds vers le bar et se hissa sur un tabouret. La fête battait déjà son plein, des dizaines de jeunes adultes se dandinaient d'un rythme effréné, et pour elle le meilleur moyen de rentrer pleinement et rapidement dans cette ambiance folle était d'ingurgiter quelques verres d'alcool. Elle commanda donc trois shots de vodka sous l'œil amusé du barman.

Il revint quelques minutes plus tard un cocktail vert glacé à la main. « Je vous offre le mojito, mais pas de vodka pour vous mademoiselle. » lui dit-il.

Elle grogna, attrapa le verre que l'homme lui tendait d'une main, et de l'autre agita un billet de vingt euros sous le nez du serveur en le défiant du regard. « Cinq shots de vodka, dans ce cas-là. »

Son interlocuteur soupira, et après une brève hésitation finit par céder. Maëlle, car c'est de ce nom répondait notre charmante jeune file, lui fit un léger clin d'œil, et avala d'une traite chacun des petits verres qu'il avait consenti à lui servir. Puis, son mojito gratuit à la main, elle s'élança doucement sur la piste de danse.

Elle se sentait affreusement seule, ce soir, et même un peu triste. Elle n'avait pas l'habitude de fréquenter ce genre d'endroit sans une de ses fidèles camarades, et l'alcool qui lui montait à la tête ne fut qu'empirer ce sentiment de solitude.

ce que ma jupe ne veut pas direOù les histoires vivent. Découvrez maintenant