Chapitre 8 Yoni 2017

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Lorsque je passe l'immense portail de ma villa installée dans les vallées de Beverly Hills, je reste encore agacé par l'annonce de Pascal. Ma petite cruche d'assistante n'a pas encore trouvé de lycée pour Clara alors que nous prévoyons de décoller pour la France dans moins d'une semaine. Je ne sais même plus comment se nomme cette gamine mais je sens que si elle fait encore une seule connerie, je la vire sans ménagement. Pas besoin d'avoir des incompétents à ma botte. Mes deux gardes du corps, Willy et Alfy, des jumeaux russes, s'assurent que personne ne se trouve dans ma demeure et me font signe de descendre du 4x4 aux vitres teintées. Les mesures de sécurité ont été encore renforcées depuis qu'ils ont retrouvé, il y a un mois de cela, une nana à poil dans mon lit. Ce souvenir me fait sourire car il me fait penser à cette époque ou j'aurai tout donné pour que cela m'arrive.

L'époque où je n'étais qu'un pauvre petit étudiant, bouffé par la trouille.

Mes deux armoires à glace russes se placent de part et d'autre de la porte d'entrée, l'air toujours impassible et sérieux. Ils peuvent l'être, ils ont la paye qui va avec. Ils donneraient leur vie pour moi.

Je les remercie du bout des lèvres et claque d'un coup de pied la lourde porte en bois. J'ôte à la hâte ma veste ainsi que mes Converses et monte les marches rapidement, emportant mon portable avec moi. Le prénom de mon assistante me revient subitement en mémoire.

-Eryn ? C'est Pete. Avez-vous pris contact avec des établissements scolaires sur Bordeaux en France comme je vous l'avez demandé ?

Je l'entends trifouiller dans ses notes avant qu'elle ne me réponde :

-O...oui, monsieur...j'ai eu le secrétariat du lycée Saint Marc, à Talence...ils...

-Talence ? Je vous avais demandé Bordeaux !

Il n'est pas question que Clara traine dans les rues ou les transports pour aller au lycée.

-Je sais bien monsieur...seulement, tous étaient complets sur Bordeaux...c'est pour ça...

Je me pince les arrêtes du nez pour éviter de devenir grossier. Arrivé à l'étage, j'ai subitement une drôle d'impression.

-Le lycée Saint Marc a une excellente réputation, Monsieur Pete, soyez en sûr. J'ai expressément demandé que votre sœur soit amenée tous les jours devant le bahut...euh le lycée, je veux dire par un chauffeur...et...

Mais c'est seulement d'une oreille que j'écoute ce que me dit Eryn, des rires et des chuchotement étouffés provenant de ma chambre me poussent à avancer à pas lents.

-Marvin, arrête...

Je me redresse d'un coup et raccroche immédiatement. Cette voix, je la connais bien, parce que cette voix c'est celle de Clara, ma petite sœur de 17 ans aujourd'hui et ce Marvin...

Marvin ?

Je ne marche plus maintenant, je cours et c'est tel un bulldozer que je débarque dans ma propre chambre pour y découvrir ma petite sœur adorée, en soutif sous son maigrichon de petit ami, un jeune latino qui me regarde avec de grands yeux ahuris.

-Yon...euh...Pete...je ne t'attendais pas si tôt ! fait Clara en se redressant à la hâte.

Je ne dis toujours rien et observe son petit ami détaler à toutes jambes. Quand il arrive près de moi, je l'attrape par le col et approche mon visage du sien pour lui chuchoter :

-La prochaine fois, ta queue, tu la gardes au chaud ou je te la fais avaler.

L'ado hoche la tête frénétiquement, épouvanté par ma menace très théâtrale. Et dès que je le relâche, il disparait.

Jelly boy (trop mou...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant