Fouine

85 11 16
                                    

Une demi-heure plus tard, Kokichi commençait à se promener, un peu partout dans la maison de Shuichi. Oui, il n'avait aucune notion d'intimité. Et non, ça n'avait pas toujours été le cas.

Dédaignant les placards et les tiroirs qu'il rencontrait sur son chemin, Kokichi se contentait simplement d'avoir un aperçu général de la maison. Et puis, le mal du pays le poursuivait à tel point que l'odeur que dégageait la demeure lui était hostile et qu'il n'arrivait pas à rester en place.

Le salon dans lequel le pourpre avait pris sa première tasse de thé londonienne était énorme. Toute la surface était recouverte d'un tapis gris aux motifs noirs, le parquet en dessous était tout aussi sombre. Il n'y avait pas de lustre, juste trois lampes rassemblées de manière simple mais efficace. Un fauteuil, un sofa et une chaise à bascule recouverts tous trois d'un tissu vert bordaient la cheminée sculptée dans un style très extravagant. Sur cette cheminée Kokichi pouvait apercevoir trois minuscules statues, un vase gris pâle et finalement, une matriochka. Un sourire se dessina sur les lèvres du russe lorsqu'il reconnut ce présent qu'il avait offert à Shuichi lors de la fin de son année de transfert.

Quelques couloirs plus loin, Kokichi avait mis sans-dessus-dessous le frigidaire de la cuisine, mort de faim malgré le thé qui lui avait brûlé la langue tantôt. Lui qui se pensait plutôt fort en anglais ne comprenait absolument rien aux inscriptions sur les paquets et emballages. Sans parler des photos qui les accompagnaient. Elles relevaient du surréalisme le plus absurde qu'il n'ait jamais eu l'occasion de voir. Finalement, Kokichi se résigna à croquer dans une pomme aussi verte et déprimante que sa situation.

Un trognon à la poubelle, Kokichi continua sa découverte des appartements de Shuichi, non sans se soucier de trouver une caméra cachée quelque part par les joies du hasard. Une chambre qui semblait appartenir à son hôte était dressée au même style que la salle de séjour. La salle d'eau était simple, sans artifices tandis que la salle à manger faisait rêver le pauvre pourpre dont le ventre ne cessait de crier famine.

Finalement, la dernière pièce que le garçon n'avait pas encore eu le plaisir de fouiller se situait au fin fond d'un couloir aux murs tristement nus. Cela éveilla la curiosité de Kokichi au point qu'il en accéléra le pas. Cependant, la porte était verrouillée. Légèrement dépité, il se retourna, s'adossa contre la porte mystérieuse et se mit à inspecter tous les détails des murs autour de lui. S'appliquant à chercher la moindre caméra de surveillance, le pourpre glissa par la même sa main dans sa poche. Il en sortit, lorsque son inspection fut finie, une barrette, fine et rigide qui faisait penser à celle que l'on utilisait pour attacher un chignon.

C'était celle de sa mère. Kokichi esquissa un sourire. Aucune caméra en vue, personne à la maison. Il avait le champ libre pour satisfaire sa curiosité. Et en effet, quelques secondes plus tard, après un léger déclic, la porte cédait aux coups fins et précis du jeune homme.

La première chose qui frappa Kokichi fut l'odeur de...de...propre ? La pièce puait les produits de ménage et pas que. Mais loin d'être vraiment marqué par la chose, Kokichi continua son chemin sans même frissonner du nez. Un grand matelas posé à même le sol trônait au beau milieu de la chambre. A droite une pile de vêtements pliés à l'arrache puis à droite, à côté d'une fenêtre, un énorme télescope dont le bout le plus grand se penchait dehors, à travers la vitre ouverte.

La vue de l'objet réjouit le petit russe. Il n'avait jamais vu de telle loupe de sa vie et avait toujours eu envie d'en essayer une. A peine quelques secondes plus tard, il observait déjà Londres sous la pluie.

_ Pour qui tu te prends enfoiré ?! C'est mon télescope ! Enlève tout de suite tes mains de là ! rugit une voix que Kokichi n'avait jamais entendue de sa vie.

Le pourpre se retourna lentement et, de l'air le plus neutre qu'il put afficher, jeta un coup d'œil à l'homme qui lui faisait face. ''Qu'est-ce que c'est que cet abruti?'' pensa-t-il en plissant les yeux.

Done for meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant