𝐓𝐞𝐥𝐥 𝐌𝐞 ᵍˣᵍ (en réécriture)

J

Je n'ai finalement pas osé m'asseoir au premier rang, il y a trop de monde. Pourtant, c'est ma deuxième année en tant qu'étudiante dans cette fac, je me croyais assez confiante vis-à-vis du regard des autres mais il faut croire que passer pour l'intello de service ne me fait plus autant envie. Mais ce n'est qu'une réunion d'informations après tout, pourquoi est-ce qu'il faut que je me mette autant de pression ? Je soupire. L'amphithéâtre se remplit de plus en plus et il y a un chahut constant qui n'aide en rien ma migraine naissante. J'enroule mon bras autour de celui de HyeRin.

- J'ai hâte que ça se termin-

Soudain, je sens une légère pression sur mon épaule qui me coupe dans mon élan. Une fille me glisse mécaniquement une feuille blanche , elle même n'a pas trop l'air de savoir pourquoi. Je fronce les sourcils alors que mes yeux cherchent une réponse sur les visages des autres étudiants.

- Faites passer !, me répond enfin un garçon assis au rang au-dessus du mien, alors que je tourne et lève la tête pour l'écouter. C'est pour créer un groupe sur les réseaux sociaux pour ceux qui veulent. Ça aiderait les premières années à s'en sortir.

Je jette un rapide coup d'oeil à ce qui est écrit  : chacun y a rédigé son prénom, son âge, son numéro de téléphone et sa filière. Pourquoi pas, si je peux aider quelqu'un. Je pioche un stylo dans le tupperware qui me sert de trousse et note mes informations.

Kang TaeHa, 20 ans, +82********,  Arts.

Et alors que je pensais en avoir fini, quelque chose attire mon oeil. De petites annotations qui n'ont absolument pas voulu se faire discrètes. 

ajoutez votre orientation sexuelle, qu'on puisse pécho haha 

ouais, les mecs perdraient moins de temps à draguer des meufs qui aiment des meufs xD

soyez honnêtes, on en marre de se faire rejeter !!

Hein ? Je suis à la fac ou j'ai été transporté au collège ? Quoique, avec la mentalité de certains, je pourrais me retrouver partout. 

J'ouvre de grands yeux pendant un rapide instant, sincèrement offusquée par ces mots. Mais je n'en ai pas fini d'être indignée puisque deux personnes au-dessus de moi se mettent à parler trop fort à mon goût. Un garçon et une fille, tous les deux les bras croisés avec un sourire narquois sur les lèvres. Je crois que je les connais.

- Je me demande vraiment ce que notre chère HyeRin va mettre..., le ton de la fille -son prénom m'échappe- est purement sarcastique. Mais bon, c'est écrit sur son visage qu'elle rêve de se taper toutes les étudiantes qu'elle croise. Peut-être qu'elle s'est déjà tapé une professeur, d'ailleurs. 

- Il fallait bien qu'elle trouve quelque chose pour se démarquer et faire oublier son redoublement, rajoute son ami en ricanant. 

C'en est trop. Ces deux guignols qui se croient tout permis me foutent en rogne. Ils ne sont vraiment pas passé à autre chose à propos de HyeRin, même après tout ce temps. Qu'est-ce que mon amie leur a fait pour qu'ils s'en prennent encore à elle, et de cette manière, à notre grand âge ? 

D'ailleurs, cette dernière est penché sur la maudite feuille. Je cherche à capter le regard de HyeRin mais ses longues mèches de cheveux m'empêchent de voir quoi que ce soit. Elle lit en silence ce qui était marqué sur la fiche pendant que les deux idiots se félicitent de lui avoir balancé des bêtises plus grosses qu'eux. Voir mon amie aussi calme m'apaise et fait dégonfler la veine imaginaire sur mon front qui s'était formé sous l'agacement. 

HyeRin sourit et se retourne vers eux en les fixant un court instant.

Ils sont tout à toi, ma chère.

- Tiens, tiens, voilà une belle brochette de rancuniers, commence HyeRin d'une voix reposée, le visage fermé. Vous avez fini avec votre spectacle ridicule ? Ma petite Jia, je croyais que tu t'étais remise du bâche que je t'avais mis au lycée quand je pensais encore que tu étais quelqu'un de gentil. Et toi, elle pointe du doigt le garçon, hum..., elle lève les yeux comme pour se rappeler de quelque chose, excuse-moi, j'ai du mal à retenir le nom des imbéciles mais je crois avoir toujours été claire avec toi quand tu me courrais après. Quand je te dis que tu n'es pas mon style, je ne cherche pas à te passer de la pomade ou te ménager. Tu n'es juste vraiment pas mon style. 

Un dernier sourire forcé de mon amie suivi d'un haussement de sourcils exaspéré et nous nous réinstallons correctement sur nos sièges.

- Il fallait me le demander gentiment si vous vouliez que je vous confirme que je suis encore bel et bien lesbienne, leur lance t-elle sans leur adresser un regard. Elle inscrit son prénom et son numéro de téléphone sur la feuille avant de la faire passer au groupe de filles qui se trouve sur la rangée plus bas. 

Et voilà, un claquage de bec bien comme il faut, de quoi animer cette rentrée. 

🏳️‍🌈