L'envol

Chapitre 1

Ce n'était pas la première fois que je me retrouvais devant mon médecin. Et pourtant aujourd'hui allait être décisif. Il tenait en effet dans ses mains les résultats de la prise de sang que j'avais fait une semaine auparavant. De nature impatiente, je me mordais la lèvre inférieure. Je regardais autour de moi les mêmes objets qui ornaient le bureau et je m'étonnais moi-même d'apercevoir en fond d'écran de son ordinateur ses deux chats de races.

- "Et bien, j'ai tes résultats et je ne sais pas si tu peux t'en réjouir mais la reine-mère va être grand-mère dans quelques mois" me dit-il amusé.

Il avait l'habitude de surnommer ma mère de cette manière. De plus, c'était mon médecin depuis que j'étais toute petite alors cela ne me surprenais pas plus que cela sa manière de me tutoyer. Mais à vrai dire, cela ne devait pas être une surprise. D'un côté, j'avais ressentie quelques changements dans mon corps mais je devais avouer que ça ne me faisait ni chaud, ni froid de savoir que j'étais enceinte.

- "ça alors dis-je assez facilement je ne sais pas quoi vous dire.."

Il me regardait et posait les résultats près de son carnet de rendez-vous et commença à prendre la parole.

- "je te connais depuis gamine et je sais que ta sœur et toi ainsi que ta mère n'avez pas eu la vie facile. Mais si je pouvais te donner un conseil, sois-sûre de toi et réfléchis si tu veux garder cet enfant ou non"

- "Je crois que c'est tout bien réfléchi, vous.. Enfin je veux dire tu ne penses pas ?"

Il hausse les sourcils comme signe d'étonnement et me regarde attentivement.

- "Tu viens d'avoir 21 ans Marianne.. Et je sais que je ne peux pas prendre de décision à ta place. Comprend-le c'est pour t'aider ce que je te dis maintenant.

Je ne savais pas ce que je pouvais  répondre. Et quand même si j'avais eu une réponse à ce petit conseil, je ne savais même pas si j'avais envie de répondre à cela. Et puis comment pourrais-je l'annoncer à mon copain ? On se voyait pas souvent puisque nous étudions dans deux villes différentes dans le cadre de nos études. Et il y a certains week-ends où nous pouvons se voir à la suite. Néanmoins lorsque cela arrive, j'étais la plus heureuse. Nous étions heureux de nous revoir.

Je sortais du cabinet assez obsolète et décidais de rentrer à pied jusqu'à chez moi. Tout au long du chemin, je me posais mille et une question. Je pensais à ma famille, à la famille de mon copain. Comment allaient-ils réagir ?

Et puis, je ne suis qu'étudiante et je ne suis pas encore assez mature intellectuellement et physiquement pour élever cet enfant. Oui, de nature anxieuse, je commençais doucement à paniquer sur ce bébé, ce petit être qui allait prendre sans doute une grande place dans ma vie.

Et pourtant, cela n'avait pas du tout été prévu.

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