Aphrodisia

La routine

J'étais à l’aube de mes 18 ans, je marchais dans la forêt, seul comme à mon habitude. Le soleil transperçait les arbres au feuillage orangé. Chaque pas sur le chemin était accompagné d’un bruit de feuilles qui craquait  sous mes pieds. Je me disais que si je voulais voir des animaux il fallait que j’avance dans les bois loin du chemin. Pour la première fois, je vis une biche, une magnifique biche. Elle avait un comportement étrange parce qu'elle n'avait pas peur de moi, elle me faisait bizarrement confiance. Normalement elles ont peur car elles sont chassées par des braconniers qui, illégalement, les tuent. Pourtant celle-ci s’approcha et mit sa tête sur ma main comme pour m'inciter à la toucher. Juste avant de poser ma main sur sa tête, une flèche la transperça, comme si son corps était du beurre. À ce moment, je n’ai vu que son sourire satisfait de sa proie mais je ne put rien dire malheureusement.
- John tu es la honte de la famille, j’ai beau t'apprendre à chasser tu n’as encore rien tué tellement tu es nul au fusil et maintenant que la chance te sourit tu n’es même pas capable de la poignarder cette biche.
- Je sais mais…
- Il n'y a pas de “mais”, rentre à la maison ! 

Mon père toujours avec sa veste de camouflage, sa barbe mal taillée et ses chaussures en cuir de vache qu’il a tuée lui-même. C’était une nuit où il était allé dans la prairie d’un fermier, tuer une de ces vaches parce qu’il n’avait pas payé ses dettes. Au village il est très apprécié et respecté, en même temps, je pense que les gens font plus peur de lui. Tout le monde sait qui fait du braconnage et pourtant personne ne va avertir la police de peur qu’il vienne brûler le champ ou quelque chose d’autre.

Je rentrais au village et comme à mon habitude, je fus privé de souper pour mon ingratitude. Ma mère elle, n'avait aucun plaisir à faire ça. Elle me comprenait, c'était bien la seule d’ailleurs. Tuez-les animaux pour moi c'est une horreur et finalement cela m’arrange que je sois privé de que de devoir avaler un cadavre d'animal. J’aime bien le pain sec que l’on mange à midi finalement. Nous étions le 4 octobre 2003 et c’était le jour de mon premier pas vers ma nouvelle vie.