—Oui, J'ai assez perdu de temps avec cette affaire. Si vous saviez Wilson, comme elle me hante... Voici déjà six mois que j'en suis saisi. Et rien ne se comble. J'ai une petite crainte, j'avoue, d'avoir à raconter cette histoire à un vieux retraité et qu'un seul petit élément vous donne la lumière ici et dans quelques instants. Qu'en sortant d'ici, je me sente complètement stupide. C'est pourquoi je veux bien que vous trouviez la solution, mais pas tout de suite. J'ai donc laissé le dossier au poste. La difficulté de cette affaire doit être légitime pour m'avoir autant tracassé.—Tu dois sans doute considérer cette affaire pour ce qu'elle est. Une grosse pointure. Si cela se confirme, je pourrai peut—être même ne pas être en mesure de la résoudre.
—Vous y parviendrez. Ou alors cela fera deux légendes à oublier.
Wilson souriait sagement.
—Laissez—moi donc faire le résumé des faits. Tout commence avec Georges Liyep, un très riche homme qui a un peu mauvais caractère. Georges a deux fils. Rafus et Leonard. Georges se fait vieux. Il découvre que son fils Leonard n'est en définitive qu'un vaurien qui après avoir couché toutes les femmes de Lubove à ses frais, se marie à ses frais et nourrit sa famille à ses frais. Il est appelé de temps à autre pour rembourser les dettes de jeu de son fils cadet Léonard. Et comme si cela ne suffisait pas, le fils le questionne au sujet de son héritage. Le vieux Georges Liyep fait comprendre à son fils qu'il sera déshérité s'il ne se trouve pas un travail et n'arrête pas le jeu. Il faut ajouter que Leonard a épousé une femme maladive. Qui meurt alors qu'il a avec elle trois enfants. La première, une fille. Andréa. Le second, un fils. Erwin. Et la dernière, une fille. Christie. À la mort de leur mère, Leonard plonge dans l'alcool, continue le jeu et se fait virer du travail que lui avait trouvé son père. Tout ce qu'il lui reste, c'est de Grosses dettes. Il lui faut un bouc émissaire pour justifier la misère de sa personne. C'est de la faute de son père, chante—t—il. Il courait après l'argent et n'a pas souvent été présent dans son enfance. Le vieux Georges est dégouté par son propre fils au final, et lui dit officiellement qu'il va le déshériter en allant voir son notaire. Malheureusement, Leonard franchit la ligne rouge, il tue son père avant que ce—dernier ne modifie le testament. Plus tard le bout de papier testimonial sera réputé n'avoir jamais existé. Le notaire affirme n'avoir jamais rédigé ni reçu de testament du vieux Georges. Le procès de Leonard avant la succession de son père indique qu'il sera reconnu coupable. Les charges sont établies. La loi ne permettant pas à l'assassin du défunt d'en hériter sans testament, dès le verdict, il serait devenu indigne de succéder à son père Georges. Leonard organise la veille de la dernière audience de son procès, un diner de famille dans la maison familiale. Y sont, ses enfants Andréa, Erwin et Christie ; son frère ainé Rafus et la femme de ce-dernier. Le vieux Georges avait fait installer plusieurs caméras dans les chambres. Toutes les chambres sont donc filmées, sauf une, devinez laquelle, celle de Leonard. Le matin, la femme de chambre alerte la maison. Leonard a été tué dans la nuit aux environs de trois heures. Sa carotide sectionnée par une arme volatilisée. Son procès est tout de suite annulé. Ici se pose une question. Leonard a été tué, cela ne fait aucun doute. Cinq suspects. Les habitants de la maison. Mais on ne trouve aucun indice. Faute de quoi on cherche au moins le mobile pour commencer. Qui en profitait ? Autrement dit, qui a pu vouloir sa mort ?
—Pour moi, les circonstances leur donnent à tous un mobile. Posa Wilson.
—Juste le vieux. L'idée primaire serait Rafus et son épouse parce que le frère était cohéritier. Mais il y'aurait un problème de suite. Car si Leonard était condamné pour la mort de son père, il serait devenu indigne de succéder à Georges et ses enfants n'auraient pas pu le représenter. Donc Rafus aurait eu la succession pour lui seul. Il n'aurait pas tué Leonard pour l'argent.
—À moins qu'il n'ait pas eu connaissance de comment la loi fonctionne.
—Oui, mais vous ignorez encore que Rafus est avocat.Eh oui. La vengeance de leur père pouvait être un motif aussi. Toute fois... s'il voulait venger leur père, il n'aurait pas fait cela le jour où la condamnation à mort de son frère pour parricide l'aurait vengé et rendu deux fois plus riche du même coup. À moins qu'il ait voulu le tuer de ses propres mains... En outre, les enfants de Leonard sont alors âgés de trente, vingt—cinq et quinze ans. C'est moche vous direz, mais c'est eux qui ont bien gagné à ce que leur père meure avant sa condamnation pour le meurtre de Georges. Donc les circonstances les rendent plus suspects, du moins c'est eux qui ont le mobile le plus important de ce meurtre. Mais venons—en aux alibis, et où cette théorie s'auto-asphyxie. Les caméras dans chacune de leurs chambres en témoignent. Ils ont dormi toute la nuit. L'épouse de Rafus aura dormi toute la nuit selon les caméras pendant que lui—même aura quitté la chambre pour aller prendre de l'air à l'extérieur dans le jardin, a—til dit. Aux environ de quatre heure trente. L'heure du crime a été déterminée avec précision. Ce ne peut pas être lui, Leonard ne peut s'être suicidé. Et la propriété est bien gardée. Personne n'a pu y entrer. Quelqu'un a forcément tué Leonard. Qui ?
—Lincoln, nous avons là une affaire intéressante.
—Parfait. Nous irons au poste, prendre tout ce dont vous avez besoin... Euh Wilson... Vous ne mangez pas votre burger ? Il devient froid. Appuya le major qui avait terminé en deux bouchées le sien.
—Jai mangé avant ton arrivée. Fais toi plaisir.
Le major empoigna le burger tiède quil enfonça avec appétit dans sa bouche. Macha, puis mordit de nouveau. Il but d'un trait la cannette de coca—cola de Wilson.
—Ceci je crois que je le tiens de ma mère, lança—t—il en entamant la barquette de frites de pommes. Elle aussi est une légende.
—Je crois que tu as juste très faim, et que sous ta popularité de détective, tu aimes les burgers au poulet.
—Perspicace, répondit Lincoln déjà levé... Je ne regrette pas de vous avoir appelé. Allons au poste. J'ai ma Lexus.
—Non... On va prendre un métro à la place.
À suivre...
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Légendes
ActionLe major Lincoln est le chef de la police de Lubove. On dit de lui qu'il est une légende. Pour sûr, aucune affaire n'échappe à son esprit de perception et de déduction. Du talent, du génie ? Selon lui il le doit à son grand-père, le légendaire Génér...