XVI- PDV de Kim Taehyung

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Le nouvel an est une fête familiale, chaleureuse, où règne la bonne humeur... Enfin ça, c'est ce que veulent faire croire les médias. Et je n'y assisterai sûrement pas si ma mère ne m'y obligeait pas. Surtout qu'elle exige qu'on le fête de manière traditionnelle. Et que Mei va s'empresser de faire des gaffes juste pour montrer qu'elle existe. Mais qu'elle ne s'inquiète pas, avec tout le bruit qu'elle fait, personne ne risque de l'oublier.

Le kimono est vraiment le vêtement le moins pratique que je connaisse : il gratte, on est aussi à l'aise dedans que Mei est discrète, on peut avancer aussi rapidement qu'un escargot... Pourtant j'aime bien en porter, même si je ne le fais qu'une fois par an. C'est quand même un beau vêtement.

Quand Mei est apparue devant moi avec le sien, j'ai presque cru voir un ange, mais sa chute dans les escaliers m'a heureusement ramené à la réalité. C'est vrai qu'elle était plutôt jolie, elle a dû faire beaucoup d'efforts pour obtenir ce résultat.

Mais même sous la torture je ne l'avouerais pas, ma mère serait bien trop heureuse d'aller chercher un prêtre pour nous marier sans notre accord en priant pour que nous lui pondions cinq ou six petits-enfants.

Heureusement que Mei ne sait pas qu'elle est jolie dans ce kimono, sinon son cerveau ne pourrait supporter la quantité de joie et d'hormones et finirait par exploser.

Elle ne sait pas non plus que tous les garçons se retournent a son passage pour la regarder un peu plus longtemps.

Pfff, tellement méprisables.

Ils n'ont absolument aucun goût.

Enfin, c'est leur problème, pas le mien.

Nous tirons la fortune. Tout le monde obtiens bonne ou moyenne fortune. Mei crie à qui veut l'entendre que puisqu'elle a obtenu bonne fortune, elle ira avec ses amies au restaurant se gaver comme le petit porcelet qu'elle est et qu'elle ne grossira pas.

Comment peut-on être aussi stupide ? Grossir ou maigrir n'est absolument pas une question de chance, mais de calories ingérées et dépensées. A-t-elle vraiment assisté à tous ses cours de SVT ?

Apparemment oui car elle n'a aucune absence -seulement des retards- alors, qu'est-ce qu'elle fait en cours ? Elle rattrape son sommeil sacrifié à des heures de jeux vidéos et de karaoké en solo ?

Mais qu'est-ce qu'il y a dans son crâne ? Apparemment pas grand chose, comment un être humain peut-il agir de manière aussi inconsciente, stupide, illogique et irresponsable ?

J'avoue que ça me dépasse.

Je regarde la fortune que j'ai tirée : mauvaise fortune.

Évidemment. Une partie de moi a envie de rejeter la faute sur Mei. Depuis qu'elle habite chez moi, il ne m'arrive que des ennuis.

Mais je me ressaisis. Je ne vais pas commencer à me transformer en version masculine de Mei qui croit dur comme du fer aux superstitions les plus folles et à tout ce qu'on lui raconte.

Rien qu'à cette pensée atroce, mon corps entier fut prit d'un frisson d'horreur.

Je continue de lire le bout de papier qui annonce toutes les calamités qui vont m'arriver cette année : une en particulier attira mon attention.

Une personne de votre entourage que vous aimez ne vous causera que des problèmes. Le mieux est de l'éviter jusqu'à ce que les choses se calment.

Toujours aussi dramatique... Ça en devient ridicule. Qui peut accorder de l'importance à un truc aussi stupide ?

Ah, on me dit dans l'oreillette que Mei hurle de joie en lisant sur sa bonne fortune qu'elle réussira dans ses études.

Selon moi, elle a plus de chance de gagner au loto.

Elle me demande alors qu'elle fortune j'ai tirée et je repense à la phrase qui m'a tant intriguée tout à l'heure. Je jette le bout de papier à la poubelle et pars vers la sortie du temple.

Kim Taehyung - Rien du tout, on s'en fiche, ce ne sont que des superstitions ridicules. Il ne dépend que de soi de faire une année fructueuse ou malheureuse.

Elle a l'air blessé et déçu de mes propos et murmure doucement. :

Mei - Mais quand même, avoir la chance et les dieux de son côté est plus avantageux...

Je l'ignore. Elle est quand même vachement naïve. D'un côté, son innocence me fait sourire, on dirait une petite fille que l'on a envie de protéger de tout. Mais d'un autre côté, ça m'énerve et me donne envie de lui hurler dessus et de la confronter à la réalité du monde pour lui ouvrir les yeux.

Mais Mei sans sa stupidité ne serait plus Mei.

J'écoute distraitement la conversation de Mama et Mei sur les études, quand mon nom retentit dans mon oreilles.

Mei - À l'université locale, j'imagine que Taehyung ira à celle de Tokyo !

Est-ce vraiment ce que je veux ? Qu'est-ce que je veux déjà ? Qu'est-ce que je veux faire comme métier qui me donnera la force de me lever chaque matin pour le restant de mes jours ? Le métier dont je ne me lasserai jamais, qui me fera sourire et que j'aimerai toujours.

Je ne sais pas.

La conversation que j'ai eu avec Mei sur les universités me revient en tête. Selon elle, il faut d'abord aller à l'université avant de savoir et de faire un choix définitif. Peut-être qu'au fond, elle a raison.

Je m'en rends compte à présent, Mei a eu une influence énorme dans ma vie.

Il m'est même arrivé de faire des choix désavantageux pour moi seulement pour son bien.

Je me suis même habitué à ses caprices et son comportement d'enfant gâté.

Elle m'a même guidé à faire des choix importants.

Elle m'a convaincu inconsciemment de faire des choses que je n'aurais jamais accepté de faire si ce n'était pas elle qui me l'avait demandé, ou si ce n'était pas pour elle.

Je pense que je suis devenu une meilleure personne à son contact. Peut-être quelqu'un de plus humain. Je commence à adopter un point de vue différent sur la vie : non plus quelque chose comme subi, ou tout ce qui nous attend au bout c'est la mort, la fatalité, mais comme quelque chose où l'on fait des choix, où l'on peut s'amuser ou bien pleurer, une aventure vécue.

C'est parfois douloureux, c'est parfois merveilleux.

Ce changement me fait peur, mais j'ai vraiment envie de continuer sur cette voie.

Mais est-ce que j'y arriverai sans elle ?

Kim Taehyung - Je n'irai pas à l'université de Tokyo.

Tout le monde - HEIIIIN ?

Je soupire. J'ai envie de faire mes propres choix, et non plus que ce soit mes parents qui décident de mon avenir.

Sinon, je le regretterai pour toujours.

MeihyungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant