Et cela me fit mal.
Un amour du bout des doigts, donné par mes parents.
J'ignorais ce qu'était aimer, se passionner, admirer, adorer.
Puis je t'ai vu.
Tu venais d'arriver en ville.
De retour chez ton père après des années de vie chez ta mère divorcée.
Tu semblais mal à l'aise, coincé dans une ville oubliée de ta mémoire d'enfant. Mais tu n'étais pas réellement timide.
Tu es venu vers moi, moi qui semblait attirer les autres, surtout quand je ne les aimais pas.
Mais toi, c'était différent.
Tu ne cherchais guère la lumière, tu te complaisait dans l'obscurité. Je n'étais qu'un rempart pour toi et non un tremplin.
Je l'ai tout de suite vu dans ton regard, miroir au mien dans le silence de la solitude une fois à l'abri derrière mes murs. Tu étais un phare, ironie du sort, mon phare.M'as tu déjà regardé dans mes yeux ?
Tu m'accompagnais durant nos futiles heures d'apprentissage. Je ne voulais pas te déranger en t'entraînant dans ma clarté. Et chaque soir, lorsque la Lune admirait la Terre, le Soleil pleurait. Je voulais tant être proche de toi mais tu ne le désirais pas. Alors je me suis tu.
Les journées passèrent en courant. Puis les mois. Finalement les années.
Je me suis tu, stupide comme une demoiselle en détresse, alors que tu t'éloignais.
Je ne te suffisais plus, n'est ce pas ?Et je t'ai pleuré.
Alors que ton coeur regagnait en vitalité, battant au rythme des ailes de colibri, quand tu trouvas ta colombe. Elle aussi, était bleue.
Qu'aurait tu fais de moi qui était peinte de jaune ?
Tu voulais une semblable, pas un contraire.Je me suis éloignée de ce monde d'amertume, cherchant à mettre une frontière physique entre moi et ton amour. Ma peinture s'écaillait, peu à peu, mais tenue bon jusqu'à maintenant. Mais désormais, à l'emplacement de mon coeur, se trouvait une fissure verte, toxique.
Mais morceau par morceau, je suis reconstruite.
Mais je ne t'ai jamais oublié.Et aujourd'hui, sortilège infâme, tu te trouve devant moi, possédant le même regard que moi à ce moment.
Et ton oiseau de paradis, petit colibri ?
T'es-tu enfui une fois réparé ?
Ou s'est-t-elle lassée de toi ?
A-t-elle rejoins le ciel, libre de chaines sentimentales ?Je suis désolée, mon bel oiseau.
J'ai fait mon deuil, il y bien des lunes.
Je ne t'aime plus.
Je ne t'aimerai pas, tu m'as trop blessée pour cela.
Mais sache le, toi qui a raté ton train,je t'ai aimé.