Chapitre 7

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Néïma aurait voulu disparaître. Tout mais ne pas être là. Inutile d'être un génie pour deviner que si elle avait été enlevée par le dirigeant de la ville, c'est que l'heure était grave. De plus, si ce dernier connaissait son nom, c'était qu'elle avait retenu son attention. Loin de tenir compte de son trouble, Harold Ghraam traversa la pièce pour s'installer sur une chaise pourvue d'un coussin molletonné. Une fois qu'il fut assis, une domestique s'empressa de lui amener une tasse remplie de café fumant. Le dirigeant ne prit même pas la peine de la remercier et se contenta de la chasser d'un geste dédaigneux de la main, comme si la servante n'était qu'un moustique agaçant. Devant son comportement, Néïma fronça les sourcils et repoussa les mets qui se trouvaient devant elle. Harold Ghraam venait de lui couper l'appétit par sa simple présence. Elle présentait que la raison de sa venue en ces lieux n'avait rien d'amusant. Le dirigeant ne se serait pas permis un tel déploiement de force si l'enjeu n'était pas important. Mais que lui voulait-il ?

Néïma cacha ses mains sous la table pour ne pas montrer à son hôte que ces dernières tremblaient d'appréhension. Elle vit le dirigeant porter la tasse à ses lèvres alors que ses yeux pétillants d'amusement scrutaient la silhouette de son invitée. Mal à l'aise, la jeune femme ramena sa chevelure couleur flamme devant elle pour cacher sa poitrine, même si cette dernière était presque inexistante. Un sourire étira les lèvres d'Harold Ghraam.

- Très bien, si nous discutions, ma très chère Néïma.

La jeune femme sentit ses poils se hérisser sur ses bras devant le ton doucereux utilisé par son interlocuteur. Déstabilisée, elle ne répondit rien et se contenta de le fixer. Pour une fois, elle avait perdu sa langue et ne trouvait rien à redire.

- Je t'ai faite venir ici pour une bonne raison, comme tu dois t'en douter. Mais sais-tu quelle est-elle ?

Cette façon que le dirigeant avait de tourner autour du pot ne plût pas du tout à Néïma qui fronça les sourcils. Elle voulait sortir d'ici et ce n'était pas en restant muette comme une carpe qu'elle y arriverait.

- Qui vous a mis au courant ? demanda-t-elle d'une voix qu'elle voulait dure et inflexible.

La réponse de la jolie rousse confirma les sources que le dirigeant avait entendues. Satisfait, il laissa son dos s'enfoncer dans le dossier de sa chaise.

- Pas plus tard que ce matin, le directeur de ton établissement scolaire m'a fait part d'une nouvelle sensationnelle. Une de ses étudiantes arrivait à donner vie aux personnages de ses rêves. Et quels personnages ! Des monstres ! Comme tu t'en doutes, cette annonce ne m'a pas laissé de marbre et j'ai ordonné à mes vénérables hommes de main de te retrouver puis de t'espionner pour voir de quoi tu étais capable. Avec les renseignements transmis par le directeur, ils n'ont eu aucun mal à mettre la main sur toi et à reconnaître la véracité des propos du chef d'établissement.

Néïma serrait les dents de frustration. Ainsi, elle avait vu juste. Le directeur était le responsable de cette situation désastreuse.

- Tu as écopé d'un don fabuleux, ma très chère Néïma. Tu es à présent l'objet de ma convoitise.

- Qu'attendez-vous de moi ? ragea-t-elle sans le laisser continuer.

Harold Ghraam sourit devant son manque de tact.

- Et bien Néïma, on ne passe pas par quatre chemins avec toi. C'est dommage, moi qui étais d'humeur jovial et aurais bien voulu faire connaissance avec toi. Mais bon, puisque tu insistes, je vais en venir aux faits.

Il laissa le silence englober les lieux quelques secondes avant de continuer.

- Comme tu le sais, une grande partie de la population se complait mais une autre se rebelle contre mon autorité et les règles en vigueur dans la société. Ils veulent qu'une guerre saccage notre belle planète pour arriver à leurs fins. Comme tu t'en doutes, je ne peux pas laisser une telle chose se produire. Les plus faibles se feraient massacrer en exemple. Imagine ta pauvre mère faire les frais de ces sauvages, te laissant orpheline.

Le dirigeant avait frappé exactement au bon endroit. Il devait connaitre la relation que Néïma entretenait avec sa mère, sa seule famille. Ainsi, à l'entente de cette phrase, Néïma vu rouge. Elle ne supportait pas que l'on s'en prenne à ceux qui comptaient pour elle. Elle avait déjà perdu son père. Elle ne voulait pas que ça recommence.

- Pourquoi me dites-vous cela ?

Sa voix s'était durcie et ses poings s'étaient serrés. Les ongles de la jeune femme lui rentrait dans la paume de la main. Malgré cela, la douleur n'insista pas Néïma à desserrer les poings et les dents.

- Parce que j'aimerais que tu participes à l'offensive que je lancerai pour les empêcher de détruire Némésia. Imagine, tu serais à la tête d'une armée incommensurable... une armée de monstres que tu pourrais contrôler et ainsi sauver tous les innocents, dont ta très chère mère. Seuls les fauteurs de troubles seraient anéantis. Tu serais l'héroïne de ton pays en vainquant ces décérébrés.

Il laissa planer le silence quelques instants avant de reprendre son discours pour insister sur l'importance de sa question.

- Es-tu prête à sauver ta planète, jeune femme ?

Néïma ouvrit deux yeux ronds comme des billes. Se retrouver à la tête d'un complot d'ordre mondial ne n'avait jamais fait partie de ses projets d'avenir. Elle n'avait que 18 ans, que pouvait-elle bien faire contre des rebelles ? Voyant son hésitation, Harold Ghraam tapa du poing sur la table, les nerfs à vif. Il ne pouvait pas se permettre de perdre son pion le plus précieux.

- Alors Néïma, que décides-tu ? insista-t-il.

La jeune femme fronça les sourcils. Lorsqu'elle releva la tête et qu'elle croisa le regard hostile du dirigeant, elle avait pris sa décision. Jamais elle ne pourrait servir la cause de cet homme qui réduisait les pauvres à de simples serviteurs sans valeur. Confortée dans son choix, Néïma fit mine de se lever mais dès que les pieds de sa chaise raclèrent le plancher, deux hommes aussi imposants que des armoires à glace entrèrent dans la pièce et se positionnèrent de chaque côté de la jeune femme pour l'empêcher de faire le moindre geste. Son cœur battait à cent à l'heure dans sa poitrine alors qu'elle se demandait ce qui allait lui arriver.

- Alors comme ça, tu as décidé de ne pas servir ton pays ? Tu me déçois beaucoup. Enfin puisque telle est dans ta décision, tu devras en payer les conséquences.

Pour toute réponse, Néïma cracha sur le sol en signe de défi, bravant sa peur et le regard farouche d'Harold Ghraam.

- Très bien, vous pouvez l'emmener !

- NON ! hurla-t-elle en se débattant.

Ses efforts furent vains. Néïma gesticulait comme un vers sans arriver à leur porter le moindre coup. Affolée et impuissante, elle observait les pièces qui défilaient sous les pas de ses kidnappeurs. Bientôt, ils descendirent une volée d'escaliers menant au sous-sol de la demeure. L'air se refroidit considérablement, comprimant l'air dans les poumons de la jeune femme. La peur la prenait à la gorge et l'enserrait comme un étau. Les deux hommes de main du dirigeant poussèrent bientôt une lourde porte en métal qui déboucha sur une salle vide, meublée seulement par une table en fer en son centre. Néïma déglutit alors qu'ils l'y allongèrent et la ficelèrent pour l'empêcher de bouger. Les minutes s'égrenèrent lentement, prolongeant son calvaire quand soudain, un homme en blouse blanche entra dans son champ de vision, muni d'une énorme seringue.

- Je vous en prie... pleura Néïma.

Insensible à l'état de la demoiselle, le scientifique enfonça l'aiguille à la base du cou de Néïma. Une douleur cuisante s'empara de son crâne. La jeune femme hurla. La douleur ne passait pas et augmentait au fil des secondes. Au moment où elle allait perdre connaissance, les liens qui la maintenaient couchée se relâchèrent et la douleur cessa au même moment.Dubitative, Néïma demeura allongée, reprenant son souffle sans oser bouger. En voyant que personne n'essayait de la retenir, elle se redressa puis fit quelques pas en direction de la porte. Le regard des hommes de main du dirigeant la poussait à s'enfuir. La jeune femme ne se fit pas prier et elle ouvrit le battant pour laisser son calvaire derrière elle. Néïma ne comprenait rien à cette situation. Pourquoi la laissaient-ils s'enfuir ? Quel traitement lui avaient-ils administrer ? Elle savait que les réponses ne tarderaient pas à subvenir, accompagnées de leur lot de mauvaises nouvelles.


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 13, 2019 ⏰

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