Je cours si vite, j'ai l'impression que mes pieds ne touchent plus le sol, je me suis envolé.
J'ouvre toutes les portes d'activité. Mais June reste introuvable.
Je m'engage donc dans le couloir du hall d'entrée, mes pas claquant au sol se modélisent en sons percutants, le rythme d'une symphonie. Les fenêtres alentours laissent la lumière naturelle éclairer le large couloir.
Je parviens devant le bureau de l'accueil, le téléphone sonne, puis cesse par le biais d'une silhouette assisse derrière le large meuble. Je m'agrippe au bord de ce dernier et me pense de l'autre côté, collant ma tête au combiné à l'oreille de la secrétaire.
- Je... Monsieur attendez un instant je vous pries, je suis à vou...
- Ou est June ?
Elle secoue la tête de droite à gauche.
- Un instant, je suis occupée.
Je lui arrache le téléphone des mains, et le pose sur sa base. La dame devient rouge. Je n'avais encore jamais vu une telle couleur sur un visage.
- Je ne vous permets pas ! Je suis occupée, attendez !
- Ou est June ?
Voilà sa main qui agrippe à nouveau le téléphone fixe, et ses doigts de l'autre mains qui tapent sur le clavier.
- J'aurai besoin d'un soignant, ou aide soignant s'il vous plaît. Tout de suite. Code Vert.
Code vert ? Décidément, les couleurs ne sont pas invisibles aux yeux des humains, je me sentais si seul. Mais moi je suis Violet. Pas vert.
- Vous appelez June ?
- Non. Qui est June ? Assure vous, quelqu'un va venir vous chercher.
- Je n'ai besoin de personne, juste du Orange. Je veux June. Appelez la, s'il vous plaît.
- Écoutez, si vous avez besoin d'appeler un proche, il y a des combines mis à disposition dans la salle d'appel. Vous le savez, vous êtes un patient.
- J'ai besoin d'une stagiaire. June.
- Vous devez vous méprendre.
- Non.
De toute façon je n'ai pas besoin de son aide. Je pars en direction du self.
Étrangement mon cœur battait moins vite, j'avais comme perdu l'usage de mes sens, tout en moi était étrangement vide. Je n'étais plus heureux et surexcité à l'idée de partir avec June. L'angoisse de ne pas la trouver s'était évaporée, comme le vent balayant les feuilles mortes. J'avais perdu une chose en moi. Mais je ne savais pas quoi. J'ai l'impression de ne plus être là même personne, et qu'elle non plus. Je savais pourtant que mes sentiments à son égard sont réciproques, c'était plus qu'une certitude. Mais à l'instant même, plus rien n'était clair. Je voulais rebrousser chemin, m'envoler avec les feuilles mortes, ne plus être vide et frustré par ces sensations étranges. Mais je sais que devenir une feuille est compliqué. Et si j'attends un peu dans cet établissement ? À quoi bon le fuir ? Il aurait été si simple de ne jamais y entrer, de ne jamais avoir rencontré June. Et si j'avais été quelqu'un d'autre ? Aurais-je été comme ces imbéciles dans les couloirs, comme Vicky ? J'aurais peut-être eu une vision différente, si différente. Et puis, je n'aurais pas vu toutes ces couleurs, je ne serais pas resté avec moi même si longtemps. Je n'aurais jamais eu cette étrange sensation. Elle va partir. Tout finit par partir, par disparaître ou s'enfuir. Et si je prenais nos vies en mains ? S'enfuir par choix, par désir. Nous pourrions nous évader si loin. Mais loin de quoi ? Partout il y aura du monde, parce que le monde ne veut pas nous laisser, c'est bien la seule chose qui reste. Je voudrais que le soleil revienne, avec sa chaleur singulière, le bon temps et les joies. Mais tout ça est chez moi, dans ma chambre, au pieds de la rivière et de l'arbre si grand. Je voudrais être minuscule, au risque d'être piétiné. Au risque de ne plus voir June. Elle me tourmente beaucoup en ce moment, elle joue avec moi. Elle n'est même pas resté toute la nuit après mon cauchemar. Elle n'était pas là à mon réveil. J'aurais du l'attacher à moi, ne jamais la lâcher, ne jamais m'endormir. Ça fait quand même beaucoup de supposition, je devrais cesser de penser. Me couper la tête.
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Censure mon être
Novela JuvenilBienvenue à Skoltin Vik, Glenn est stoïque, dans cet hôpital, sa cellule l'opresse. Un bureau dépourvu d'ornements, un lit simple et des murs blancs. Il attend. La folie, la folie, la folie, la folie. Est ce la seule chose qui le définie ? Il l'aim...