Une journée de cours banale dans mon petit lycée de province, je m'assis là où j'ai l'habitude d'être, au dernier rang, près du radiateur blanc en fonte. Il ne fonctionne pas, il déjà bien chaud dehors pour un mois d'avril et si la sagesse populaire veuille qu'on ne se découvre pas d'un fil, les shorts, jupes et autres tenues légères avaient fait leur apparition durant la seconde semaine. Moi même je portais un corsaire et un simple T-shirt pour aller au lycée alors que je suis pourtant une frileuse.
Je pose mon sac sur le carrelage blanc cassé de la salle et m'installe à la table de bois compressé de la même teinte, je sors ma trousse, notre première heure est destinée aux mathématiques, ce n'est, et de loin, pas la matière que je préfère.
Je reste dans mon coin alors que le reste de la classe entre dans la salle, comme toujours, j'ai l'impression d'être invisible à leurs yeux et cela me convient parfaitement, puis Jessica fait son entrée.
Elle rayonne, c'est une joie de la voir arriver chaque matin, elle porte un jeans et un simple débardeur, ses longs cheveux bruns tombent sur ses épaules, elle salut la classe avec le sourire, comme d'habitude, presque tout le monde lui répond puis filles comme garçons se disputent la place qui se trouve à côté d'elle. C'est une fille qui la remporte ce mardi matin là, elle sourit, triomphante à ses adversaire qui battent en retraite.
Le prof arrive à son tour, un vieux barbu roux à l'haleine si forte que tout le monde craint de le voir trop s'approcher de votre visage, il porte constamment sa blouse blanche immaculée, et de fines lunettes à monture dorée.
Il nous salut rapidement et commence son cours en trombe, il a beau être petit, il n'en est pas moins hyper nerveux. Il nous intime l'ordre d'ouvrir notre livre à la page des exercices qu'il compte nous faire faire, précisant qu'il nous aiderait pour le premier et commence immédiatement à développer le problème, sans même le lire. Une fois résolu, il nous demande si nous avions des questions, personne ne souffle mot alors il nous dit de résoudre tous les exercices de la page et se cale à son bureau, corrigeant une pile de copies.
Pour ma part, les fonctions graphique ne me seraient certainement jamais utiles, les F(x) je m'en fichais éperdument. Je regardais Jessy au premier rang, elle a l'air concentrée sur son travail, en plus d'être jolie, c'est la meilleure élève de la classe, de toutes les secondes même je dirais. Je ne la jalouse pas pour autant, je suis simplement admirative de sa perfection aussi bien physique que mentale.
Elle se penche délicatement sur sa voisine et lui murmure quelque chose, elle se retourne donc je les quitte du regard, regardant par la fenêtre. Le ciel bleu et clair me fait un peu mal aux yeux, de cette salle, la vue sur l'extérieur se résume à une bande de gazon et un mur de brique haut de deux mètres. Par dessus le mur se dessine quelques toits faits de tuiles oranges, une cheminée, elle aussi en briques, éteinte.
Quelques oiseaux sont posé sur le câble électrique qui court au dessus du mur, ils se secouent en cadence puis l'un d'eux s'envole, bientôt imité par ses congénères, un début de printemps classique dans le nord quoi.
Je reviens sur ma camarade, sa voisine à reprit sa place, et les deux filles bavardent à voix basse, impossible de saisir ce qu'elles se disent d'aussi loin, un garçon près d'elles soupire, Jessica se retourne sur lui et lui demande ce qu'il a, l'autre lui répondit "rien" d'un ton énervé, il s'agit de Thomas, un garçon d'origine italienne, Giovani est son nom, plus d'une fille le trouve mignon mais lui n'a de vues que sur celle qui se trouve à sa gauche or, cette dernière l'ignore complètement depuis le début.
Si on en croyait les rumeurs, ils étaient au collège ensemble lui et Jessica, il se serait déclaré plusieurs fois mais fut à chaque fois rebroussé. Pour ce qui était des amours de la jolie brune, personne n'était en mesure de dire si elle avait quelqu'un ou pas, si elle avait un petit ami, il n'était pas au lycée.
Je la regardais à nouveau, j'aimais son air calme, sa posture de travail, penchée sur sa table, concentrée. Je ne pouvais pas voir son visage mais je me l'imaginais très bien, les lèvres serrées, ses yeux bleus verts allant et venant au fil des lignes de l'exercice, respirant doucement par le nez... La page du livre perdit soudain tout son intérêt, j'étais en face de ma camarade et je la regardais travailler.
Le vieux prof de maths releva la tête et demanda si nous avions fini, la majorité de la classe lui répondit que non, en cœur, et il nous dit qu'il nous laissait encore dix minutes avant de passer à la correction.