Amélia était dans la voiture avec son père, Mr Rousier. Ils roulaient en direction du lycée. Il lui faisait la morale car elle avait séché les cours du matin. Elle avait fini par mettre des écouteurs pour ne plus l'entendre lui crier dessus. Alors qu'il allait les lui arracher des oreilles. Amélia vit son père devenir flou. Mr Rousier, lâchant les mains du volant, examina d'un air horrifié son corps devenir transparent. Il regarda sa fille avec des yeux pleins de tristesse avant de disparaître entièrement. Amélia cria le nom de son père puis soudain fit un bond en avant et sentit la ceinture lui couper le souffle. Un grincement de pneu fut suivit d'un bruit de métal. La voiture avait foncé tout droit dans un camion. La jeune fille remarqua que le pare-brise était en miette. Elle se concentra et prit une bouffée d'air qu'elle recracha immédiatement. C'était répugnant, un mélange de gaz d'échappement, de fumée et de ... brulé ! Amélia essaya temps bien que de mal de détacher sa ceinture.
Elle était coincée. Elle devait avoir le bras droit cassé car elle ne pouvait plus le bouger et ses jambes lui faisaient atrocement souffrir. Sa tête n'avait pas eu de gros dégâts. Elle vit quelques flammes rougeoyantes envelopper le véhicule qui se trouvait devant elle. Elle se débâtît de nouveau avec sa ceinture sans succès. Ses poumons étaient en feu et elle pouvait entendre des cris et des pleures dans les autres véhicules sur la route. Elle vit une silhouette passée devant la voiture et avec ses dernières forces cria :
- Au secours.
Puis elle perdit ses esprits.
Billy était un petit garçon d'à peine dix ans. Il était en train de manger dans le réfectoire de l'école primaire. Tout le monde jacassait, les surveillantes étaient toutes rouges. Elles hurlaient derrière le brouhaha, demandant de se taire. Quand soudain les dames de cantines cessèrent de crier. Au début personne ne le remarqua puis Billy, qui se faisait servir par Pénélope, cria dans la salle. Tout le monde arrêta de parler et des regards interrogateurs se posèrent sur lui. Il ne bougeait pas les yeux rivés dans le vide, la bouche grande ouverte. Une barquette était retournée par terre, les petits pois s'étalant sur le sol en carrelage. Pénélope venait de disparaître devant ses yeux .
Kim était en ce moment même en cours de français. Il s'ennuyait à mourir en entendant la voix morne de Mr Clanbertin. Il jouait avec les cheveux de sa voisine de devant qui s'était endormie, Maria. Kim ne s'aperçut même pas que le prof était sortit. Tout les élèves, encore éveillés, levèrent la tête sous le silence. Apparemment, Kim n'était pas le seul à ne pas écouter. Le jeune homme se tourna vers Suzie, la première de la classe qui notait mots pour mots tous ce que les professeurs disaient. "Qu'elle fayote", pensa Kim.
Elle était verte comme l'herbe de la pelouse de sa mère. Quelques élèves s'étaient mis à parler, d'autres à regarder par la porte si le professeur étaient dans le couloir : personne. Kim s'était levé lâchant la chevelure rousse de Maria, qui s'était maintenant réveillée. Il avança jusqu'au bureau de la jeune fille paralysée sur place. Suzie fixait le tableau avec ses yeux ardoise. Elle finit par tourner la tête vers le jeune homme quand il s'accroupit devant elle.
- Disparu, dit-elle en recommençant à fixer le tableau.
Lina était dans la chambre de sa mère accompagner d'un homme beaucoup plus vieux qu'elle. Il avait le regard froid et mesurait trois têtes de plus que la jeune fille. Il avait des yeux et des cheveux noirs. Il portait à la main une ceinture. Lina recula de quelques pas mais se cogna contre le pied du lit. Elle tomba à terre et se mît en boule. L'homme, qui était son beau-père, s'avança vers elle. Il empestait l'alcool, comme toujours. Ses rides et sa barbe mal entretenue lui donnait deux fois son âge. Il n'était qu'à quelques centimètres d'elle maintenant et murmura dans sa petite oreille :
- Ça risque de faire mal.
Il sourit et leva le bras qui portait la ceinture. Lina ferma les yeux et se protégea de ses bras. Le premier coup frappa et elle lâcha un cri de douleur. Elle attendu le prochain coup. Mais au bout d'un moment, elle regarda pourquoi son beau-père arrêtait de la battre. Il était partit laissant la ceinture par terre. Il ne l'avait même pas frapper deux fois.
"Bizarre", pensa-t-elle.
Elle se leva et regarda son bras droit. Il était en sang. Elle décida d'aller à la pharmacie pour se soigner. Elle prit les escaliers à pas de loup et referma délicatement la porte. Quand elle sortit des dizaines d'enfants erraient sur la route où des voitures étaient encastrées l'une dans l'autre.