La rentrée des classes.

1 0 0
                                    

Qu'est-ce que c'était ennuyeux. La rentrée des classes, peu importe votre niveau, ne changeait jamais au niveau de l'ennui. Et pourtant je rentrais dans une nouvelle étape, une grande étape selon l'avis de tout le monde, je rentrais à l'université. C'était d'autant plus une grande étape pour une fille comme moi, une fille qui ne voyait pas son futur après ses 18 ans et qui pourtant avait réussi à toucher ce point fatidique. Mais cela ne changeait rien à ce que je pensais de toutes ces rentrées idiotes et rendues complexes alors qu'elles n'ont aucune utilité.

J'arrivais dans cette nouvelle école et je commençais directement par une conférence, génial quoi. La salle était si grande que je manquais de faire une crise de panique face au milieu de gens qui se trouvait déjà devant moi et que je sentais me dévisager, sûrement à cause de mon retard, ou plus simple encore, c'était sûrement dans ma tête. Mais j'aimais être invisible et la population m'angoissait. Je n'étais pas la jeune fille la plus grattée du monde, voyez-vous, en plus d'une anxiété sociale naturelle, j'avais vécu avec une dépression depuis près de 6 ans, j'avais grandi avec et ce genre de choses vous rend bien différent. Mais je ne commencerais pas à m'étaler sur mon sujet, je n'aime pas parler de moi dans tous les cas. Ce qui importe ici, c'est que j'aimais être invisible, j'avais toujours été la plus forte à ça. Rester seule dans mon coin était une facilité pour moi, et des que trop de regard se posait sur moi, j'affichais une attitude impénétrable alors que je fondais de l'intérieur. Alors je me contenta de monter les marches et m'assis sur les premiers rangs, la où il y avait le moins de monde pour garder mon invisibilité habituelle. Ce que je ne savais pas, c'est que cette décision serait la plus stupide de mon année, car l'invisibilité que je recherchais aurait l'effet inverse, mais je ne le saurais pas avant un moment.

Ceux qui présentaient la conférence étaient déjà tous assis près du parloir, ils étaient composés de quatre adultes et à peu près 10 étudiants. Ils ne tardèrent pas à commencer ce que je sentais être une présentation commune de la fac et de tout ce qui l'entourait pendant que je m'amusais à dessiner sur le petit cahier que j'avais amené. À quoi cela servait d'écouter ce que je savais être des futilités? J'étais simplement ici pour vivre une vie que je ne souhaitais pas vivre. Alors je continuais, dessinant avec attention les traits d'une jeune fille au bord d'un pont en entendant un léger baratin dans mes oreilles. 

"Tu prends des notes?"

Cette phrase m'interpella, non pas car c'était quelqu'un à côté de moi, j'étais seule sur ma rangée. Pourtant elle me fit sortir de ma concentration et m'obligea à regarder autour de moi.

"Oui, je te parle à toi, qui d'autre?"

Les rires fusèrent dans la pièce alors que je relevais la tête pour me retrouver yeux dans les yeux avec l'étudiant qui présentait le Bureau Des Etudiants et qui venait de me forcer à exister aux yeux de  l'amphithéâtre. Il était grand et devait sûrement être en dernière année de licence et il avait des yeux si sombres que je me sentie envahie de l'intérieur.  À moins que ce fut le sentiment de tous les yeux de l'énorme pièce rivés sur moi. Je restais stoïque, sans décrocher un sourire et sans lâcher son regard.

"Non."

Un grand vide prit place dans l'amphithéâtre alors que je venais de tout bloquer par ce simple mot. Il faut dire que je n'étais pas une fille très avenante et j'avais un don inné pour rendre les gens gênés. Et ça marchait à tous les coups, la preuve est qu'il détourna le regard vers la foule et repris son discours sur le BDE comme si cette interaction n'avait jamais pris place. Mais cette interaction avait pris place. Alors que mon coeur battait à 1000 à l'heure dû à l'attention non voulue que j'avais reçu, je gobais une barrette d'anxiolytique en discrétion et me concentra sur la scène en face de moi. Non pas pour écouter leurs stupidités, mais parce que ce garçon et les 3 autres qui l'entouraient avaient capté mon attention pour une raison que j'ignorais. Pourtant, maintenant que je les détaillés du regard, je ne pouvais plus m'intéresser à autre chose. Celui du milieu qui m'avait fait la remarque était en fait un ancien étudiant de l'école qui délayait son rôle de "chef" du BDE à un autre garçon et qui avait souhaité être présent pour cette dernière présentation. Les 4 garçons n'étaient pas si différent les uns des autres, ils étaient tous grand, svelte, beau. Mais malgré leur charme qui, comme je pouvais l'imaginer, faisait fondre toute les filles présentes et même les garçons, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une boule au fond de moi quand je les observais. Premièrement car les quatre m'observaient à leur tour et leurs regards étaient assez persistant, mais il n'y avait pas que ça. Il y avait plus. Il y avait quelque chose en eux qui me dérangeait, et je savais que mon intuition avait très souvent raison. 

Alors sous leur regard persistant, je me décida à éviter toute provocation et repris mon dessin doucement, la boule au ventre, sentant leurs yeux sur ma peau. Je repris mon dessin doucement, me demandant pourquoi je me sentais renfermée devant eux. Comment des garçons si basiques pouvaient m'atteindre de cette manière? Et alors que je restais concentrée sur mon papier, je me rappela.

Ce garçon, celui qui m'avait interpellé, je l'avais déjà vu quelque part. Pas n'importe où; je l'avais vu aux côtés de ma soeur sur une photo envoyée quelques jours avant sa mort.

Extrait d'histoire (FR)Where stories live. Discover now