Chapitre 1

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30 Juillet 2014. Villa de Mme Ayda, Istanbul.

Lorsque Hazel ouvrit ses yeux, le soleil venait à peine d'apparaître dans le ciel rosâtre. Elle se redressa sur son lit et mis une mèche qui s'était échappée de sa queue de cheval derrière son oreille. Elle rapprocha ensuite ses jambes à son corps et les enlaça comme pour se rassurer. Elle avait encore fait ce rêve, encore sentit son corps meurtris de partout, cette tristesse titanesque et cette énorme boule au ventre. Mais aussi, la chaleur d'une main sur la sienne, une présence réconfortante et enfin, un contraste de vert militaire et de cheveux roux. Comme depuis un an et demi, elle avait encore rêvé du soldat roux.

Ce n'est que lorsqu'elle vit une grosse boule blanche et poilue s'installer sur son lit que Hazel sortit de ses pensés.

_ Sort d'ici Pacha! Ordonna Hazel.

Mais la bête, comme a son habitude, ne semblait pas vouloir écouter la jeune femme.

_ Je t'ai dit de sortir sale boule de poils! Vociféra elle.

Pour unique réponse, l'animal s'étira gracieusement tout en baillant, avant de se coucher d'un air majestueux en face d'une Hazel qui commençait à perdre patience.

_ Tu l'auras voulu, marmonna-t-elle avant de se saisir d'un oreiller et de le jeter sur l'animal qui se précipita vers la sortie tout en crachant un feulement.

Lâchant un soupir de frustration, Hazel se dirigea vers la grande fenêtre de sa chambre pour avoir une vue imprenable sur le jardin luxuriant de la maison. Le soleil avait pris place dans le ciel bleu pale, les oiseaux quittaient leurs abris dans les arbres et les fleurs semblaient être rafraîchies par la rosée du matin. Ce paysage paisible redonna rapidement le sourire aux lèvres de Hazel qui décida d'ouvrir la fenêtre, laissant la brise d'une matinée estivale caresser son visage. Soudain, le grand grondement de la porte principale de la villa la fit sursauter. Et quelques secondes plus tard, la silhouette d'une personne vint s'ajouter au paysage. Il s'agissait de madame Ayda, la propriétaire de la villa. Du moins, c'était tout ce qu'elle représentait pour Hazel. Elle s'apprêtait à aller faire son jogging quotidien sur la corniche du Bosphore. En effet, elle avait soigneusement coiffé sa chevelure blonde en une queue de cheval et portait ses habits de sport de grande marque.

Madame Ayda ne ratait jamais son jogging matinal quoi qu'il arrive. Elle revenait ensuite à 8 heure tapante à la villa pour prendre son petit déjeuner composé de flocons d'avoines au lait d'amande accompagné de fruits rouges et d'un grand verre de jus d'orange. Ensuite, elle allait prendre une douche et ne sortait de sa chambre que vers 10h30, parfaitement habillée, coiffée et maquillée. Madame Ayda ne travaillait pas, et elle détestait la solitude. C'est pour cela qu'elle était inscrite à une dizaine de club. Du club de lecture au club d'équitation, la quadragénaire ne rentrait qu'à 19 heures, une demi heure avant que le père de Hazel ne rentre du travail.

Si Hazel connaissait le quotidien de cette dame par cœur, c'est parce qu'elle vivait sous le même toit qu'elle depuis cinq mois. Cinq mois, qui lui avait semblé être des lustres. Hazel suffoquait dans cet immense Istanbul si différent de son Izmir natal. Tout était si grand, et elle se sentait rapetisser de jour en jour. Elle n'arrivait pas à trouver un travail adéquat, elle n'avait fait aucune rencontre, aucune nouvelle amitié et son ancienne vie, d'il y a un an et demi, lui manquait cruellement. Leur modeste maison à Izmir, leurs dîners quotidiens autours des bons plats de sa mère, les rires sonores qui s'échappaient de sa chambre à elle et à sa sœur, ses escapades nocturnes secrètes avec Halil, mais surtout la tendresse et la voix joyeuse de sa mère.

A chaque fois que Hazel repensait à tous ces changements apparus dans sa vie depuis le cauchemar d'Helmand, elle avait la tête qui tournait. Elle se sentait être prise dans un énorme tourbillon qui détruisait sa vie en vrilles. Tout ceux qu'elle chérissait avaient commencés à la quitter, et ce dés son retour en Turquie. Ça avait commencé avec Halil. Hazel s'était attendue à le voir fou d'inquiétude en l'attendant à l'aéroport. Mais elle ne vit plus jamais son visage.

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