Partie 1 - Chapitre 7

118 14 3
                                    


Je n'avais pas fait attention en arrivant, car il faut avouer que j'étais bien éméchée, mais la résidence était particulièrement soignée. Des moulures habillaient les murs blancs du couloir et encadraient joliment les fenêtres. Je m'approchais de celles-ci ; elles donnaient sur une cour lumineuse. Le soleil était déjà bien levé. Le tapis du couloir était impeccable et habillait un parquet étincelant. Au-dessus du tapis un large miroir carré encadré de dorures sculptées reflétait mon visage. J'avais les yeux cernés et les cheveux sales.

Sur ma gauche je vis que Federico avait ouvert la porte en bois et m'attendait sur le pas.

Je traversai le couloir, passai devant lui et ôtai mon manteau encombrant. J'allai dans la cuisine, laissant Federico se charger de nos courses, et allai retrouver Émilie en pleine conversation avec Livio et Teddy.

- Tout va bien ? me demanda-t-elle.

- Oui.

Je posai ma main sur son épaule et lui souris. J'allais dans la cuisine me servir un verre d'eau et Federico posa les bouteilles sur la table. Je m'assis par terre pour retrouver la chaleur du plancher chauffant. La petite cuisine totalement ouverte sur le salon me laissait entendre toutes les conversations sans avoir besoin d'y participer. J'étais au calme, enveloppée par la chaleur du plancher et les murmures des garçons. Ils se servirent des verres et j'entendis que quelqu'un avait mis la musique à un faible volume. Je fermais les yeux.

- Tu dors ?

Je les ouvris de nouveaux, Federico était penché devant moi. L'atmosphère de la pièce s'était gonflée avec sa présence.

- Non. Et même si je le faisais ça changerait quoi.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Non merci.

Il sortit un verre et versa de la vodka et du Red bull dedans. Il me le tendit.

- Tiens, ça va te réveiller un peu.

Je le pris dans ma main sans le quitter des yeux.

- Autre chose ? demandais-je.

Il s'assit à côté de moi. Je sentais son parfum monter jusqu'à mes narines. Il sentait l'homme raffiné. Oui, c'est exactement ce à quoi me faisaient penser les senteurs complexes qui voletaient sous mon nez à chaque fois qu'il se trouvait près de moi. C'est un parfum que je n'avais jamais senti ; surement pas une eau de grande distribution. Les différentes fleurs et épices se mariaient délicatement entre-elles pour former cette odeur suave, corsée et délicate. Une odeur qui s'imprimait alors dans ma tête tellement elle était singulière.

Avec sa dégaine de dealer des beaux quartiers il avait un style paradoxal. Il portait un tee-shirt avec une inscription grossière, un jean délavé mais ses sneakers étaient impeccables. J'avais déjà vu son manteau sur une affiche de magasine, et il coûtait plus cher que mon loyer. Il avait les dents blanches et alignées et les cheveux coiffés qui sentaient le savon. Il m'intriguait, je voulais percer son secret.

Ma main reposait sur ma cuisse et ses doigts la frôlèrent lorsqu'il leva son bras pour replacer une mèche de cheveux.

- Tout va bien ? demanda-t-il en plantant son regard dans le mien.

- Oui pourquoi ?

- T'as l'air aussi à l'aise qu'une non-fumeuse dans un coffee shop.

- Je te remercie du compliment.

- Non mais vraiment. Tu as l'air mélancolique toute seule dans cette cuisine.

- Non ça va, merci.

Laisse tomber j'ai plus malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant