Samedi 3 octobre 14h 58
ARTHUR - guitariste de Sweet PoisonAvec son jeu de devinettes, Mamie a gagné une copine, un surnom et surtout un grand fan. Lukas ne la lâche plus d'une semelle et a accaparé toute discussion. Noyée sous le débit du chanteur, Mamie en a complètement oublié qu'elle était censée me surveiller moi. En termes de diversion, Lukas est un pro.
Le choix très net de notre aïeul pour Sweet Poison a un peu vexé Gwen mais le bon sens a chassé sa jalousie naissante. On sait tous les deux que Mamie n'est pas du genre à s'entendre avec la rigueur d'Hadrien, mieux vaut les garder séparés.
Les locaux de Great Waves n'ont pas le prestige architectural de ceux de Galaxy. Ici, le label loue seulement le troisième étage d'un petit immeuble du vingtième arrondissement. Aux deux premiers niveaux, se trouvent respectivement un cabinet d'architectes et un bureau d'experts-comptables. Le troisième est donc dévolu à Great Waves, quant au quatrième et dernier étage, même s'il est marqué occupé, aucune plaque boîte aux lettres ne mentionne ce qui s'y trouve. C'est moi ou ça fait louche ? m'a soufflé Kwan en pouffant.
Je suis déjà assez nerveux pour m'épargner un scénario où la BAC vient faire une descente au-dessus de nos têtes.
— Ouais, mais si on pouvait avoir tort, ça m'arrangerait.
La configuration des lieux ne permettant pas beaucoup de fantaisie, l'accueil se résume à un bureau impersonnel tenu par un ado en job étudiant. Celui-ci a le nez dans son smartphone à notre arrivé. En dépit de son poste étiqueté réception, il a l'air très surpris de découvrir des humains en face de lui lorsqu'il lève la tête.
— Euh... bonjour, bégaye-t-il. Vous... vous avez rendez-vous ?
La mère de Kwan, paré de son éternel sourire, s'avance au nom du groupe.
— Bonjour, c'est cela, nous sommes attendus pour quinze heures.
— Ah...
L'étudiant a l'air très embêté et pas vraiment au courant de la marche à suivre. Pourquoi ai-je le sentiment qu'on passe toujours pour de grands amateurs ?
— C'est pas moi en semaine, tente-t-il de se justifier, il n'y a personne le week-end normalement à part les colis parfois. Alors euh, je...
— Bon Jean-Christophe, l'interrompt Bec' qui perd patience, elle est passionnante ta vie mais on a rendez-vous quand même.
— Rebecca... proteste son père plus pour la forme que par conviction.
Heureusement pour l'étudiant boutonneux interrompu en plein Candy Crush, une porte du bureau s'ouvre.
— Laisse Jimmy, déclare un homme depuis l'embrasure de la porte, c'est pour nous.
L'étudiant se tasse sur son siège.
— Euh moi, je ne m'appelle pas Jimmy... marmonne-t-il.
Mais personne ne l'écoute. L'homme derrière lui a drainé toute notre attention et contrairement à l'étudiant, il n'a pas même pas besoin de se présenter : le patron de Great Waves est arrivé.
Son pas est lourd et assuré. Avec sa silhouette ventripotente et ses bagues en or, il me rappelle le Gros Tony des Simpsons. C'est le parrain mafieux des séries B. Kwan, dont le raisonnement est arrivé peu ou prou à la même conclusion retient un rire. Je repense à sa théorie sur les activités louches au quatrième. Quand on voit le patron de Great Waves, on se demande s'il ne trempe pas dedans.
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Skin vs Sweet Poison - let's rock !
Teen FictionEn théorie, nous sommes un groupe de rock lycéen. En pratique, notre batteuse est fêlée, notre chanteur idolâtre Mercury et mon nom sonne plus comme le huitième membre de BTS que comme celui d'un bassiste. Et puisque visiblement, ça ne suffisait pas...