Gaël l'aime bien, en vrai. Il a le sentiment que sa vie n'est pas toujours rose, pourtant elle fait preuve d'une extrême générosité à l'égard des autres. C'est pour cette raison qu'il s'entoure le plus souvent de femmes. Peut-être une simple question de sensibilité, même s'il ne veut pas l'admettre. Comme il n'est pas du genre à attendre que la fille fasse le premier pas, il se résout à aller lui parler. Il se dirige vers Lune, d'un pas décidé, sûr de lui.
Au même moment, un autre garçon fait irruption devant le jeune homme, lui demandant de s'en aller. Il est marrant, il croit vraiment que Gaël va repartir comme ça ? Nan, ça se passe pas comme sa avec lui. Il lui répond donc que s'il veut aller lui parler, il ira et que ce n'est pas lui qui va l'en empêcher. Il s'énerve donc, et repousse le jeune homme. Grossière erreur. Geste de trop, Gaël à horreur qu'on le pousse, et qu'on l'empêche d'aller parler à une fille, c'est encore pire. Il parvient à ressentir la peur de Lune, elle a peur que les 2 garçons se battent. En même temps, l'idée qu'ils puissent se battre pour elle lui fait un peu plaisir. Elle a le béguin pour Gaël, c'est sûr, et son ennemi l'a bien remarqué.
C'est donc tout à son honneur de montrer qu'il est plus fort que lui, afin de faire changer d'avis la jeune fille. *Clic dans sa poche* il sort un couteau, couteau papillon, pour être précis. Au même moment, la peur de Lune s'entrechoque avec celle de Gaël. Il ne rigole pas lui, il se concentre donc sur ses mouvements, un petit manque d'attention et il finira en gruyère. Gaël se focalise sur son adversaire, colère, haine et peur se mélangent.
Il est comme galvanisé par ce couteau. Lune se décide à prendre Gaël par le bras, elle a vu son inquiétude. Le contact avec la peau de la jeune femme le ramène à la réalité. Au même moment, le jeune homme observe la scène, mort de jalousie. Qu'est-ce qu'elle lui trouve à celui-là ? Lune voit dans le regard de Gaël toutes les émotions qui le traversent. Elle sait que l'autre va faire quelque chose d'ici peu. Elle avait raison. À peine après avoir pensé au fait que l'homme puisse s'en prendre à elle ou à Gaël, il s'exécute. Fonçant comme un guerrier dans la bataille, il charge à pleine vitesse. Porté par sa colère, il s'emporte et se dirige vers la jeune fille.
Inconsciemment, il va pour l'attaquer elle ! Gaël comprend son intention et se met devant la fille comme un bouclier. Au moment où l'homme est à la hauteur de Gaël, il lui décroche un coup de poing magistral dans l'estomac. Plié en deux, il lâche son couteau et se débat à terre. Soulagée, Lune se retourne vers Gaël, ne sachant pas comment le remercier. C'était la première fois qu'elle avait frôlé la mort d'aussi près, et s'il n'avait pas été là, elle ne serait sûrement plus là non plus... Il est à présent impossible pour elle de déchiffrer les émotions du jeune homme. Il tremble, palpite, elle peut ressentir son cœur qui bat à tout rompre à travers ses habits maculés de sueur. Cependant, elle sent que Gaël est frustré. Frustré de voir que l'autre est si fragile. Frustré de n'avoir pu lui faire sa fête. Quant à lui, il ne voit pas que les pupilles de Lune ont pris des proportions inquiétantes. Elle est incapable de bouger, visage marqué par l'incrédulité, la stupeur, la peur... Elle est ramenée à la réalité par un bruit sourd.
Elle se retourne, et voit Gaël, par terre, une main sur l'épaule. L'autre quant à lui, rigole et s'avance vers Lune. Elle comprend la situation, comprend qu'il lui a mis un coup de couteau en traître, comme un lâche. Son regard plein de dégoût se jette alors sur le gars et elle part aider Gaël, toujours à terre. Le mec se sent honteux, il ne comprend pas comment il a pu attaquer une jeune fille. Il cherche à s'excuser, mais un violent « dégage connard » de Lune lui indique la marche à suivre. Waouh ! Gaël ne l'avait jamais entendu parler ainsi, il se rend compte de son inquiétude. Pendant qu'elle le regarde, il la regarde.
Il essaye de lui envoyer son plus beau sourire, mais avec cette foutue douleur à l'épaule, impossible d'esquisser le moindre geste buccal. Pendant que l'ambulance arrive, elle reste avec lui. Essayant de le réchauffer comme elle le pouvait. Le contact entre leurs peaux les rassure, ils sont, malgré tout, heureux d'être tous les 2 ici. Gaël sent qu'elle n'est pas comme les autres, et c'est réciproque. Les regards ne trompent pas...
Alors il ferme les yeux, bercé par les « tu vas t'en sortir, accroche-toi s'il te plait » de la jeune femme...
2 jours plus tard...
Il se réveille, hésite à ouvrir les yeux, voulant tourner le dos à la lumière et voler un peu de temps à la journée. Sa douleur à l'épaule l'extirpe de sa torpeur. C'est horrible, il ouvre alors les yeux. Se souvenant de tous les évènements petits à petit, il se rend compte de la chance qu'il a. Cet enfoiré aurait pu viser son estomac ou son torse ! Manger, il veut manger. Mais d'abord, il prend une minute pour regarder autour de lui. Il voit Lune, depuis quand elle est ici ? Il lui demande, et elle lui répond simplement que depuis qu'il est ici, c'est-à-dire 2 jours, elle est restée avec lui pour veiller à ce qu'il ne lui arrive rien.
Il est resté dans un petit coma de 2 jours. Il ne s'en rend pas compte, mais elle est amoureuse de lui. Il finit par le comprendre quand elle va pour lui chercher de la nourriture et qu'elle lui dépose un petit baiser sur la joue avant d'y aller. Il est époustouflé par la personne qu'elle est. Elle ne le connait à peine, pourtant elle cherche à l'aider par tous les moyens. Cette pensée fait plaisir à l'homme, c'est rare qu'on s'intéresse à lui.
Une petite larme perle sur le coin de son œil, coule sur sa joue, passe par le menton. Avant qu'elle ne tombe, Gaël sent une main se poser sur son visage. Lune est revenue dans la pièce, et elle a essuyé la larme avant qu'elle ne tombe. Touchée par la sensibilité du jeune Homme, elle est surprise qu'il lui demande comment elle va au lieu de se préoccuper de lui.
« Mais c'est rien, t'inquiètes pas ce n'est pas grave, comment toi tu vas ?? » qu'il lui disait. Son altruisme lui fait plaisir. Qu'un garçon s'occupe d'elle, c'est rare aussi. Elle cherche un réconfort dans son regard, et elle le trouve. Elle sent qu'il sera là pour elle, dans tous les moments. Il l'invite à s'assoir sur le lit d'hôpital avec lui.
Presque instinctivement, elle se blottit à lui, attendant sa réaction. Il pose sa tête sur son épaule, cherchant un endroit de son corps sur lequel reposer celle-ci encore endolorie à cause du choc avec le bitume du lycée. Ensuite, il passe son bras autour de la jeune fille, et elle lui demande « tu es sûr de toi ? Je ne suis pas sûre de mériter quelqu'un comme toi... ».
Mais un regard de sa part suffit à dissiper ses craintes. Il est sûr de lui, il la veut, il veut pouvoir se reposer sur quelqu'un, il veut une fille qui le comprend. Qui pourra accepter sa fragilité, et accepter ses pensées. Qui pourra s'émouvoir de ses sentiments et les partager. Oui, il l'a trouvée aujourd'hui, elle est ici, blottie contre lui, dans un lit d'hôpital. Alors elle tente l'impossible, et elle lui prend la main. Avec délicatesse, il la serre, et la chaleur de la main de Lune lui fait un bien fou. Conscient de ses actes, il demande à la jeune fille si elle accepterait un petit restaurant pour apprendre à se connaitre, et sa réponse ne se fait pas attendre.
Un énorme oui, accompagné d'une petite larme... « Ohh nan, pas toi aussi ? ». Son doigt effleure la joue de la jeune femme, il la caresse du regard. C'est alors qu'il comprend pourquoi elle est comme ça. Il comprend sa fragilité, sa peur des hommes, peur de ce qu'ils lui ont fait auparavant. Hésitante, elle lui donne un baiser sur la joue, et le jeune homme sourit. « Tu ne comptes pas t'arrêter à ma joue, si ? ». Alors la jeune fille tourne sa tête en direction de la sienne, prend ton visage entre ses mains, et avance sa bouche de la sienne.
Plus près, encore plus près. C'est fou comme il est beau, c'est fou comme elle est belle. Plus que quelques centimètres... Avec lenteur, elle dépose un baiser langoureux sur la bouche du jeune homme, et il lui rend avec fougue. Jamais il n'avait embrassé une fille aussi attentionnée, aussi compatissante qu'elle. Il a l'impression d'avoir trouvé son ange, oui, son ange...
