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Cela fait huit ans, huit ans que je vis ici, huit ans que je me promène dans les rues de cette ville et ses alentours, cette ville morte de la fin d’octobre jusqu'au mois d'avril où les vacanciers, les saisonniers ou tout simplement les habitués commencent à réapparaître sous le temps estival qu’est la ville des Sables d'Olonne.
Aujourd'hui, le temps n'est pas aussi calme que d'habitude, je peux voir le ciel gris et je devine un vent fort d'après les arbres qui se basculent de gauche à droite. Je passe mes nuits dans un immeuble sur deux étages situé juste devant le port de plaisance où des voiliers s'opposent dans une course quadriennal,  le Vendée Globe, le départ et l'arrivée partant d'un seul et même point pour parcourir seul le tour du monde.
Le port de plaisance coupe en deux les Sables d'Olonne, d'une part, on peut trouver la Chaume, un espace moins fréquenté qui est longé par le Quai des Boucaniers où s'étend un bon nombre de restaurant, de crêperie, de pizzeria… et derrière, l'on peut apercevoir une multitude de ruelle, la rue Creuse, la rue du Lieutenant Maurice Anger, la rue du Four, la rue Dr Canteteau et la rue de l'Amour que je traverse régulièrement. Au bout du quai de la Chaume, mon regard se porte sur le Prieuré Saint Nicolas éclairé dès la tombée de la nuit et sur le phare éclairant les bateaux au loin avec sa lumière rouge. D'autre part, on peut voir le Remblai en face avec un second phare de lumière verte qui se trouve de l'autre côté du chenal.
L'océan Atlantique, cette étendue d'eau qui s'étend à perte de vue s'agite de plus en plus, les vagues forment des rouleaux d'une puissance inimaginable qui s'écrasent sur les roches qui entourent les phares. Un coup de vent me frappe le visage, je ferme les yeux mais une fois ouvert, j'aperçois au loin une vague immense, géante, de la taille de deux à trois immeubles qui grandit de plus en plus, au fur et à mesure qu'elle se rapproche. Ce n'est pas qu'une simple vague, c'est un tsunami qui arrive à grand pas. Même si le vent sur le ponton où je me trouve m'empêche de voir autour de moi, même si tout est flou, je sens que je suis en danger et qu'il faut que je cours, que je cours très vite et maintenant.
Alors je me retourne et je vois ces Sablais et tous ces gens qui courent tout autour de moi vers la même direction, le plus loin qu'ils pourront aller, si possible vers les quartiers résidentiels près de la caserne des pompiers ou jusqu'au centre commercial qui s'agrandit en face de Intersport mais ces gens apeurés savent que jamais ils ne pourront y arriver, jamais ils ne seront là-bas. J'imagine déjà les dégâts sur le Remblai quand le tsunami va s'abattre sur la promenade Georges Clemenceau avec les promeneurs devant les bars et les glaciers qui sont fermés en hiver. L'océan traverse la promenade pour aller s'écouler dans les rues piétonnes qui sont très fréquentées habituellement.
Alors, je cours encore et toujours mais il me reste peu de temps. Jusqu'à cet instant où je sens des gouttes d'eau sur mon dos, sur ma tête. Je respire une dernière fois profondément. L'océan Atlantique me tombe dessus. J'essaye de remonter à la surface coûte que coûte. Malgré les efforts interminables, l'eau s'empare de moi, tout est flou, mes yeux se ferment.
Tout à coup, je sursaute, j'ai envie de crier, mais aucun son. J'ouvre les yeux, et je me rend compte que c'était juste un cauchemar, le récit d'un souvenir transformé par ma propre imagination, un même jour orageux avec de grandes vagues qui surplombent les phares et qui se sont écrasées sur moi.
À cet instant, je me trouve dans mon immeuble sur deux étages face au port de plaisance, le port Olona.

Le réveil du tsunamiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant