J'ai espéré un peu trop fort...

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Toutes les nuits je fais le même rêve, le rêve de notre histoire, notre vieille histoire. Je rêve d'elle à notre rencontre, puis je rêve de nous deux, je me rappelle du dernier matin et je réentendre sa lettre comme si elle ma la lisait, cette lettre horrible, cette lettre qui m'avait presque tué au fond.


Je me réveille après son prénom, je me réveille en sueur et triste, je me réveille presque en pleurs. Je me retourne souvent le matin, je palpe de la paume de ma main la place à côté de moi en espérant de tout mon coeur que ce n'était qu'un cauchemar et que tu, pardon, qu'elle sera la pour me réconforter, mais je ne trouve qu'une place vide. J'ai beau espérer de tout mon coeur, elle n'est jamais la. Et au fond je le sais, je sais que tout ça n'est que la vérité, que tu ne seras plus jamais la pour me réconforter, je sais que tu n'es plus à mes côtés depuis cette longue année. Je n'arrive même pas à penser à elle comme si elle n'était plus la. Je me lève doucement du lit, les doigts sur les tempes pour me remettre doucement de mes émotions, je vais directement à la douche. La sueur qui dégoulinait de mon corp quelques minutes auparavant avait le besoin de s'évaporer enfin. Depuis un an je répète la même chose tous les matins, tous les jours. Après ma douche, après m'être préparé, je m'assied sur mon lit et je fixe une photo entre mes mains, je regarde ton sourire si vrai, tu n'avais pas l'air d'être mal. Je revois tes yeux bleus brillants, je regarde ton corps que je connaissais tellement bien que j'aurais pu le dessiner mille fois, je revois tes longs cheveux blonds que j'aimais regarder toute la journée, je revois mon sourire aussi, je me regarde de nombreuses minutes et après je me regarde dans le miroir. Je parais tellement pitoyable, maintenant. Je me sens tellement mal et nul, je me trouve débile. La vision que j'ai de moi en ce moment me dégoûte au plus haut point, tellement que j'ai presque envie d'enfoncer mon poing le plus loin possible dans cette surface réfléchissante, mais je m'abstiens de le faire.


Je me lève enfin de ce lit et je sors de cet appartement livide et sans intérêt, je rentre dans l'ascenseur parce que j'ai pas la force de descendre les escaliers, cet ascenseur ignoble. Je déteste mon immeuble, si quelqu'un pouvait m'en débarrasser j'accepterais volontiers. L'odeur de pisse tous les matins, les poignées cassées, les escaliers délavés et les murs targués. Je n'oserai même plus toucher les boutons de cet ascenseur par peur d'attraper une maladie.


Je sors enfin de cet immeuble et j'essaye de respirer une réelle bouffée d'oxygène comme si je n'avais pas inspirer quelque chose de potable depuis des années. Je parcours les rues et finit par m'asseoir dans un café, je commande juste de l'eau et m'endors presque sur la table. Je vais travailler dans une petite boutique qui paye assez bien, j'y passe ma journée et je rentre chez moi, are rentre encore dans cet horrible immeuble, j'arrive chez moi et prend mon premier truc à manger de la journée, sans parler de mes petits casses croutes, et je saute au lit.


Je n'ai même pas l'impression d'être vivant. Je suis un peu un "mort vivant" comme on dirait. Non, pas un zombie défiguré qui arpente les rues à longueur de nuit pour trouver un petit humain à dévorer. Je vis sans être vivant, je suis mort intérieurement mais mon corps continue de faire son devoir d'humain. Je ne survis même plus, au fond, je suis vide et dans ma bulle à longueur de journée, ma famille s'inquiète à mon sujet et ils essayent de venir le plus souvent possible mais l'argent ne leur laisse pas le choix de rester chez eux. Je ne suis pas quelqu'un qui a les moyens, je n'ai pas une famille de Duc britannique, je ne suis pas un garçon populaire, je ne suis pas ce que les filles disent des hommes. Je n'ai pas de relations tous les soirs, je suis obligé de travailler pour pouvoir manger, je n'ai connu l'amour qu'une fois mais ça m'a été retiré à une vitesse tellement incroyable que je n'ai plus envie de connaître personne. Je ne suis pas le genre de personne qui fait la bise à tout le monde en sortant parce qu'il a donné une soirée d'enfer la veille, je ne suis pas le genre de personne dont l'appartement abrite toute sorte de cachette à drogue, je n'ai pas l'appartement rempli de filles dont je ne connais même plus le nom quand je me réveille le matin. Je suis juste un français tout à fait banal, même pire, je suis inutile. Personne ne se rappellera jamais de mon prénom car tout le monde s'en fout.

Extrait d'histoire (FR)Where stories live. Discover now