Introduction : J'ai toujours voulu trouver ma place.

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Vous n'êtes rien. 

Vous pensez être riche, et votre famille l'est probablement.
Vous pensez être influent, et votre famille l'est probablement.
Vous pensez être unique, et vous l'êtes probablement.
Mais sachez une chose, ici, qui que vous soyez, quelle que soit la célébrité de votre entourage, vous n'êtes rien.

Seul votre talent, vos capacités physiques et votre intelligence joueront à Eden's Peace et uniquement cela décidera de votre place :

Les gagnants ou les perdants.

Extrait du formulaire d'Eden's Peace, remis aux élèves de première année.


     J'ai toujours voulu trouver ma place, et j'avais réussi.
Être né dans une ville paumée au milieu de nulle part, dans une famille paumée au milieu de milliers d'autres, dans une fratrie comme il en existe partout, voilà ce que j'étais censé être : un simple représentant de notre espèce, abruti par les médias, contrôlé par les religions, gouverné par les puissants. 
Mais je suis une anomalie.

     C'est ma famille qui a compris en premier que je ne leur ressemblais pas. J'étais encore trop jeune pour comprendre qu'il était essentiel de cacher ce que j'étais réellement. Alors, évidemment, ils ont compris. Je suppose qu'ils ont commencé à avoir des doutes quand leur bébé a appris à parler en une année, quand il a su marcher en quelques mois et qu'il pouvait se débrouiller seul à la maison vers ses 5 ans. Heureusement, mes parents, mon frère et ma sœur ont réagi comme toute personne devant ce qu'elle ne comprend pas : ils l'ignorent, comme si de rien était, avec néanmoins le sentiment, au fond d'eux, que quelque chose n'allait pas, un sentiment qui, lentement, se transforme en peur. Mais leur peur n'a pas duré longtemps, j'ai très vite compris comment les rassurer, comment agir comme les autres, par pur mimétisme, en laissant à l'extérieur une personne fausse, qui n'était que le reflet de ce que je voyais des enfants de mon âge, tandis qu'à l'intérieur se développait mon vrai moi : une machine, une machine biologique certes, mais une machine tout de même. Désormais, ils sont tous certains que mon enfance n'a été qu'une  suite de hasard, comme une sorte de bug dans le programme de mon humanité, et c'est devenu une anecdote de famille. Désormais, pour eux, tout est rentré dans l'ordre.

     Plus je grandissais, moins il était dur de comprendre comment imiter les personnes qui m'entourait. J'ai appris à faire semblant de rire, à faire semblant de pleurer, à faire semblant de m'énerver. J'ai appris la fausse amitié, la fausse rivalité, la fausse timidité. Mais surtout, j'ai appris à ne pas m'exhiber, à ne pas sortir de la masse, à être la parfaite personne normale que l'on attend de moi. J'utilisais tout ce qui faisais de moi quelqu'un de différent pour que les autres me voient comme eux : un simple rejeton de la société, sans particularité ni capacité hors-du-commun. Lorsque j'ai vu qu'être trop bon en cours me mettait en avant, j'ai appris à faire des fautes exprès dans mes examens et à ne pas faire mes devoirs de temps en temps pour être catégorisé "dans la moyenne". Lorsque que j'ai vu qu'être trop populaire me faisait faire remarquer, j'ai arrêté de me faire aimer par tout le monde, tout en gardant un groupe d'amis, pour ne pas être vu comme un marginalisé.
Je me devais d'être comme les autres, pour que ma différence ne transparaisse pas.

     Pourquoi ? Parce que personne n'aime la différence, parce que l'homme a peur de la différence. C'est assez compréhensible, dans un sens, le monde entier d'une personne est basé sur lui-même, sur ses perceptions, sur sa vision de ce qu'il l'entoure et la manière dont il l'interprète. Alors quand quelque chose bouleverse l'intégralité de ses acquis, il fait tout pour montrer que sa vision est la meilleure, par tout les moyens même lorsqu'il est en tort. Evidemment, il y en a pour qui  cette règle est particulièrement vraie : les racistes, les xénophobes, les homophobes... Ceux-là ne ressentent pas une haine pour la différence mais simplement une peur qui les pousse à rejeter leur prochain, par pur instinct de survie. Et évidemment, il y en a plus ouvert d'esprit, plus tolérant, surtout lorsque ces personnes ont eux même subi des persécutions. Mais même cette tolérance à des limites : lorsque la manière de penser est radicalement différente, lorsque la manière de ressentir les émotions et les sentiments est trop en décalage avec la norme, lorsque tout ce qui fait l'esprit d'un être humain transgresse la règle, alors là, effectivement, même les personnes tolérantes sont remplies de pure terreur et, faute d'une autre manière de l'appeler, nomment cette différence : "une maladie". Le groupe se fait plus fort que la minorité, et c'est comme ça depuis des millénaires.

     C'est pour cela que je poursuivais ce culte de la non-différence, et cela a toujours marché, je vivais une vie tranquille, monotone mais tranquille, sans problèmes, sans danger, sans rien.

    Puis j'ai fait une énorme erreur.

Eden's Peace : Le lycée de l'élite.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant