CHAPITRE II

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J'étais sûre d'avoir entendue une voix masculine. Je tourne la tête dans tous les sens et en plissant des yeux et je remarque une silhouette au loin. Quelqu'un court dans ma direction. Je ne sais pas si je dois me mettre à courir pour m'enfuir car quelle personne censée viendrait en plein milieu d'un champs de coquelicots en courant vers une inconnue ? Mais après tout, peut être était-ce la seule personne qui pourrait m'aider.

Je décide de rester mais ne baisse pas ma garde pour autant. La personne est à présent beaucoup plus proche que je ne le pensais et je peux à présent nettement voir sa silhouette. C'est un homme d'une cinquantaine d'années, avec une carrure athlétique. Il a des cheveux bruns et une imposante barbe dont le bout est un peu grisâtre. Je n'arrive pas encore à correctement distinguer son visage car il se situe à quelques mètres de moi encore mais il ralentit sa course au fur-et-à-mesure qu'il s'approche. Lorsqu'il me rejoint, il marche et je peux enfin l'observer de près.

Il n'a pas l'air dangereux et dégage même une aura sympathique. Il doit sûrement être plus âgé que la cinquantaine en fin de compte, car de près, on peut observer quelques petites rides aux coins de ses yeux et de sa bouche. Ses yeux sont marrons, avec peut être une petite pointe de vert et lorsqu'il afficha une mine soulagée avec un large sourire, je fut sûre qu'il ne pouvait pas être méchant, en tout cas pas dangereux.

Je ne savais pas quoi dire mais heureusement, il m'épargna cette peine en prenant la parole en premier.

- Quel est ton nom ? Demanda-t-il d'une voix rocailleuse mais sans aucune point de méchanceté.

- Alice. Alice Sherlay. Chuchotai-je d'une voix saccadée. Je voulais lui demander où nous étions mais je ne parvins pas à le faire car il me coupa vivement.

- Je suis Willfred mais tu peux m'appeler Will. Écoute-moi. Je sais que tu dois avoir beaucoup de questions et que tu es perdue mais je vais te demander de me suivre sans poser de question. Je t'expliquerais tout en chemin.

Le suivre ? Mais je ne le connais même pas, si ça se trouve, c'est peut-être un pédophile ou quelque chose du genre, même si il n'en donne pas l'impression. J'hésitai et soudain, je remarquai pour la première fois à quel point il était sale. Il avait de la terre sur le visage et les mains et ses vêtement étaient légèrement déchirés et certains boutons s'étaient détachés. Des taches de boues très légères tachaient son pantalon et en y regardant de plus près, il avait plus l'air d'un sans abri que d'un violeur.

- Je sais que je te demande de me faire confiance alors même que tu ne me connais pas mais nous avons tous été dans ton cas, Alice.

- Tous ? Répétai-je. Vous voulez dire que vous n'êtes pas tout seul ?

- Évidemment. Nous sommes toute une communauté.

Toute une communauté ? J'hésite toujours mais le fait qu'il n'est pas seul me rassure déjà quelques peu.

- J'ai juste une question. Répondez-y et je vous suivrai. Dis-je d'une voix mal assurée.

Il me fit un signe de main pour me montrer que je pouvais lui poser une question et je prit parole :

- Vous avez dit avoir vécu la même chose que moi. Que voulez-vous dire par là ?

- C'était prévisible. Dit-il en pouffant de rire durant une petite seconde. Je comptais te le raconter durant le chemin mais il me semble que tu ne me fais pas totalement confiance, ce qui ne m'étonne pas. Les autres ont réagit comme toi. Bon, je commence et ensuite, on marche.

J'hochai la tête en signe d'affirmation et il commence alors son récit.

- Il y en a eu plusieurs centaines avant toi. Tous se sont réveillés au même endroit, en plein milieu de ce champs sans aucun souvenir, excepté les 24 heures qui ont précédés le réveil. C'est toujours pareil. Ensuite, moi et mon équipe nous partons chaque jour dans ce champs à la recherche des Eveillés, comme on aime bien les appelés. Il y en a un environ tous les trois jours même si ce n'est pas toujours réglé précisément. C'est étrange car voilà plus d'un mois que plus personne n'a atterrit ici et te voilà. Personne ne sait comment on a atterrit ici ni ce qu'on fait ici.

C'était beaucoup à avaler en un coup et j'essayais de rassembler les morceaux du puzzle mais mon esprit était encore un peu embrouillé. Donc, je ne suis pas la seule et tous les autres étaient dans le même cas que moi, amnésique excepté la journée précédente. C'était si étrange. Mais cela n'expliquait pas pourquoi il était habillé ainsi ou pourquoi il n'avait pas essayé de retourner chez lui.

Il prend une grande inspiration pour continuer son histoire et je le regarde, impatiente de pouvoir enfin avoir des réponses à cette situation des plus étrange.

- J'étais le sixième et j'étais totalement déboussolé au début. J'ai trouvé les cinq personnes qui avaient atterrit avant moi et ils m'ont accueillit avec gentillesse. J'ai tout de même dû marcher deux jours entiers seuls et sans nourriture ni boisson avant de les trouver en plein milieu des bois qui lorgnent ce champs. Nous avons compris quelques temps après que toutes les personnes atterissaient en plein milieu de ce champs et comme nous devenions de plus en plus nombreux, nous avons créé une communauté. Tu pourrais le comparer à une ville, si tu veux mais le fonctionnement est un peu différent, tu verras quand nous arrivons. Nous avons dû apprendre à vivre à nos dépends, à chasser et à fabriquer du feu nous même. Nous avons réussi à fabriquer un distillateur d'eau afin qu'elle devienne potable et nous nous sommes installés près d'un lac.

Attendez. Son histoire n'avait aucun sens. Pourquoi ne pas avoir demandé de l'aide aux habitants de la ville la plus proche des environs ? Cela aurait été bien plus simple et puis, c'est tout de même impossible à croire.

- Il y a quelque chose que tu dois savoir avant que je continue mes explications. Je sais que tu vas avoir du mal à me croire mais malgré nos expéditions de plus en plus lointaine, nous n'avons trouvé aucune trace d'autres humains dans les environs. Les seuls bâtiments qui sont proches de notre ville sont abandonnés depuis bien longtemps et sont envahis par la végétation.

C'est bon, le peu de crédibilité qui restait dans cette histoire avait disparu. Il était parfaitement impossible que plus personne n'habite dans les environs. Soit cette histoire est inventée du début jusqu'à la fin et je ne sais pas ce qui m'attend lorsqu'il mamènera à l'endroit vers lequel on se dirige.

- Pardonnez-moi, mais j'avoue que j'ai du mal à croire à toute cette histoire. Comment se pourrait-il qu'il n'y ai plus aucun signe de vie ? Peut-être n'avez-vous pas été chercher assez loin ?

Il soupira et me regarda d'un air désolé.

- Nous y sommes bientôt. Et par pitié, arrête de me vouvoyez, je déteste ça. Je ne peux pas te prouver tous mes dires tant que nous ne serons pas arrivés et je sais à quel point cette histoire peut te paraître invraisemblable mais cela ne veut pas dire qu'elle n'est pas véridique.

Je ne sais pas quoi répondre. Je regarde simplement droit devant moi et je remarque que nous ne sommes plus très loin du début de la forêt qui longe le champs, comme il l'avait dit. Nous continuons le chemin dans un silence pesant et je réfléchit aux événements, en espérant pouvoir mettre de l'ordre dans mes idées mais c'est tout l'inverse qui se produit. Plus je pense, plus les choses se mélangent mais au moins, cela m'empêche de penser à ma migraine qui ne part toujours pas.

Au bout d'un moment, je décide d'entamer une nouvelle conversation pour alléger l'atmosphère.

- J'ai un mal de tête incroyable. Est-ce que les autres avaient cela aussi ?

- Oh, c'est vrai. Ne t'en fais pas, nous avons un antidote qui te sera prescrit une fois que tu auras passé les épreuves.

- Des épreuves ? Quelles épreuves ? Questionnais-je d'un ton plus inquiet que je le n'avais voulu.

- Je te l'ai déjà dit : nous verrons cela une fois que nous serons arrivés car ce n'est pas mon rôle de t'expliquer le fonctionnement de la ville. Nous sommes arrivés. Déclara-t-il.

Enfin ! Je relevai la tête pour me retrouver face à un vieux panneau rouillé sur lequel on pouvait à peine lire les lettres qui étaient écrites dessus. Après avoir longtemps observé, je réussis à déchiffer ce qui était marqué : « Strayedale ». Était-ce le nom de la ville ? Quoi qu'il en soit, une série de frissons me parcourut l'échine en observant ce panneau.

Je suivis le vieux Will et lorsqu'il s'arrêta, je l'imitai.

- Bienvenue à Strayedale. Déclara-t-il comme si c'était la merveille du monde et ma respiration se coupa sans que je ne puisse prononcer un seul mot.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 04, 2019 ⏰

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Strayedale - Tome I : La Renaissance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant