La Montre noire

1 0 0
                                    

Un accessoire. Un seul, petit, discret. On peut y trouver beaucoup de représentations différentes, même si certains n'y voient là qu'un vulgaire accessoire de mode.

Je suis dans la salle d'attente, avec une montre noire au poignet droit. Le noir est une couleur bien triste, tout comme ma mine. Je passe mon temps à fixer les aiguilles de ma jolie montre. Je ne suis pas pressé pour autant. Je vois juste les minutes qui passent, mais elles représentent plus qu'une simple donnée de temps. À chaque tic et à chaque tac de ma montre, je sais que je me rapproche un peu plus de la mort. Je suis seul, tout comme ma montre qui est seule à mon poignet. Seul. J'ai des amis, une famille, mais je me sens seul. Je cache mon vrai visage à chaque fois que je suis entouré. Je souris lorsque je veux pleurer, je parle lorsque je veux me taire, je vis alors que je veux mourir. La peur m'empêche de vivre. Je n'ai pas peur des choses tel que le vide, les araignées, ou encore même de l'avenir. Je connais mon avenir, même sans avoir consulté une voyante. Je sais que je ne vivrai jamais une vie heureuse et longue. Ma plus grande peur, c'est que mes amis finissent par me voir de la même manière que je me vois, c'est-à-dire bon à rien, égoïste, coupable, nul, vulnérable, faible, incapable, triste, déprimé, brisé, mal dans sa peau, suicidaire, et bien d'autres choses encore. Je déteste me regarder dans le miroir puisque je n'y voit que de la haine et de la tristesse, et tous ces autres sentiments qui m'accompagnent depuis longtemps. J'ai peur que mes proches ne me comprennent pas, mais après tout, comment pourraient-ils me comprendre alors que je ne me comprend pas moi-même ? Je suis un paradoxe vivant: je veux être heureux mais pense à des choses qui me rendent triste, je suis faignant mais ambitieux, je veux de l'affection, mais la rejette quand quelqu'un m'en donne, je veux pleurer mais je souris, je dis que je vais bien alors que c'est faux, je parle lorsque je veux me taire, je veux mourir mais je reste en vie. Je ne supporte plus de devoir me cacher, je ne veut plus être celui que je prétend être, mais celui que je suis vraiment. J'aimerai bien le faire, mais la peur m'en empêche. Je pense que je dois faire un choix entre mon bonheur et celui de mes proches, puisque les deux ne peuvent pas ne marcheront jamais en même temps, alors je me cache. Ça me tue de l'intérieur, mais je me cache.

Je continu de regarder ma montre, je suis sûr qu'on peut voir dans mon regard un air désespéré, car j'attends mon heure, sans jamais ouvrir mon cur, sans jamais me délivrer. Dans le coin de la salle d'attente, je regarde la petite fille en face de moi, qui joue et sourit de bon cur. Elle a l'air heureuse. Ça me rend tout à coup nostalgique. Cela me rappelle les bons moments que je passais étant enfant, mais je peux compter les bons moments que j'ai passé cette année sur les doigts de la main.

Comme toujours, je pense à ce que j'aurais pu être si j'avais choisi mon bonheur au lieu de celui des autres. Je serais peut-être aussi heureux que cette petite fille, j'aurais sûrement fais de nouvelles rencontres, parmi lesquelles j'aurais trouvé un garçon à aimer. Puis je me rappelle que mes parents l'auraient jeté dehors dès lors que je leur aurais annoncé le prénom de son prénom. C'est ce que je redoute. Ce qui me fais renoncer à être moi-même. J'aurais été plus que cette personne déprimé, seul, se forçant à vivre pour ne pas attrister ses proches. J'aurais été quelqu'un d'autre, un garçon fort, courageux, qui se relève lorsqu'il tombe, qui ne se préoccupe pas du regard des autres, et qui s'aime comme il est, mais je suis tout le contraire de ça, ce n'est qu'une utopie, qu'un rêve, car le bonheur n'est plus que superficiel pour moi. Je serai devenu quelqu'un d'autre, pas juste ce garçon fixant sa montre dans le coin de la salle d'attente, avec des pensées aussi noire que la couleur de l'objet à son poignet.

Recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant