- La classe!!! Tu ne trouves pas?
- Tu rigole, tout l'est chez toi, je kiff trop. Le restaurant est vraiment cool. Et ton mignon serveur, il n'est pas venu aujourd'hui?
- bien sûr que si il est là, sinon qu'est-ce que je viendrai faire ici sérieusement?
- Tu compte draguer tout Londres avant les vacances? Éclatai je de rire.
- Peut-être bien oui.
-Tu ne changera donc jamais.
- Seriously, tu devrais venir passer Noël avec moi. Genre, on le fête ensemble et 2 jours après nous irons fêter le nouvel an avec mes parents. Qu'est-ce que t'en pense? Ça te changerait les idées.
- Rohhhh! N'insiste pas. De toute façon ça sert à rien, je viendrai pas et tu ne me feras pas changer d'avis.
- On vera bien. Really, t'oserais me laisser seule, en ce jour dans cette immense et lointain pays? Mais t'as pas de cœur, cocotte.
- Hmmfff je te laisse chérie. Je dois impérativement finir ce chapitre avant vendredi, Noël n'est pas encore à l'ordre du jour, on en reparlera.
- D'accord chérie je t'embrasse fort. N'oublie pas que je t'adore.
Je raccrochai l'appel faceTime avec Leïla et partis m'affaler de nouveau sur mon lit. Le seul endroit où je me sens vraiment en sécurité depuis un bon moment maintenant. L'endroit où je viens me recueillir lorsque tout s'embrouille dans mon esprit. Où je rumine ma colère et la déception face à la tournure qu'a pris ma vie depuis qu'ils sont tous partis.
Ils sont tous partis. Mais fallait bien s'y attendre.
Après le bac.
C'est à ce moment là que notre vie commence réellement, comme le disent nos parents.
Le premier diplôme universitaire, la majorité, l'indépendance pour certains...
Pas surprenant que l'on se sépare.
Au départ, nous faisons tout pour garder les liens aussi serrés qu'ils l'étaient au moment du lycée.
Les appels, les groupes de discussion, les photos... Tout est bon pour ne pas perdre cette précieuse amitié qui naquit dans l'insouciance et la folie la plus absolue.
Mais toutefois, force est de reconnaître que le temps, la distance et les nouvelles rencontres prennent toujours le dessus sur cette si précieuse amitié là.
La tentation et la quête de frissons inconnus sont des choses difficilement évitables à ce moment de notre vie.
Pourquoi les éviter même ? C'est si excitant.
Il s'agit là d'une toute nouvelle vie qui s'offre à nous, alors pourquoi ne pas la croquer à pleine dent?
Voilà à quoi ma vie en est rendu maintenant. Enfin, à un détail près.
J'ai pas eu mon bac.
Retour à la case départ quoi comme on dit. Pour les autres et ma bande? Je suis très contente pour eux.
Mais j'avoue qu'une toute autre émotion m'envahit lorsque je réalise ce qui se passe dans ma vie en ce moment.
Est-ce la jalousie? Possible.
La colère? Il y en a une part oui.
La déception surtout. Mais on n'y peut rien.
Au moins, j'ai pas eu à retourner au lycée. Mes cours, je les reçois à domicile et ça me convient parfaitement. J'ai pas à sortir dans la rue et voir du monde, j'en ai horreur, ça m'insupporte.
La première semaine de cours au lycée fut un cauchemar pour moi. Entre les crises d'angoisse à chaque sonnerie et les regards de pitié ou de compassion de certains professeurs et membres de l'administration, j'ai pas su tenir plus de six jours dans cette ambiance là. Ça en fut trop. Je ne pouvais plus continuer.
Finalement, le fait qu'on se soit séparé est, d'une part, ce qui pouvait m'arriver de mieux. Je me sens tellement bien dans ma solitude.
Je replonge dans la lecture de ce livre que je lis pour la seconde fois cette année-ci. Mais j'ai les pensées qui divaguent ça et là.
Il m'arrive souvent de ressasser les moments passés avec mes Leila, Roger, Théo, Da....
Les pauses déjeuner, les balades dans les rues à la fin des cours, nos séances de révision où nous faisions tout sauf réviser. Lol! Tellement de bon moment.
Et même si je fais tout pour ne pas penser à lui son image me vient sans que mon esprit n'y consente.
Des nuits et des jours hantés.
Mes rêves ne sont pas les seuls à s'être transformés en cauchemars, mes journées n'ont guère été épargnées.
- Bonjour chers élèves, je vous souhaite une bonne année à tous et j'espère que vous avez passé de belles fêtes, nous dit le principal, à côté de lui un homme d'une trentaine d'années. Je suis navré de vous annoncer que pour des raisons familiales, votre professeur d'anglais, ne reviendra pas continuer cette année scolaire ci avec vous. Cependant je vous présente M.Masson avec qui vous contin.......
Et je ne l'ai plus jamais revue jusque là.
Sait-il au moins que j'ai raté mon exam?
Est-il conscient de ce qu'il a fait de moi depuis ce jour là ?
Lui arrive-t-il de penser à l'élève dont il a abusé?
Qu'il a détruit !
Sait-il au moins qu'à chaque fois que je ferme les yeux je les rouvre dans un sursaut avec l'image de son regard noir qui sculptait mon corps?
J'imagine que non. Aucune de ces questions n'effleure sa conscience.
Pourtant me concernant, on ne pourrait en dire autant.
Y'a pas un seul jour où je ne m'imagine ce qu'il est en train de faire.
Sans que je ne souffle:
« Armstrong, qu'es-tu devenu ? »
