3.Moi, féminine et en furie

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Le restaurant ?Ce n'en était pas un, mais un café.Un café comme il n'en existe plus beaucoup.Un de ces cafés bruyants avec cette atmosphère de Western et ce tableau d'un autre temps accroché au mur.Ces endroits qui vous plongent dans la nostalgie d'une époque que vous n'avez pas connu mais que vous aviez eu l'occasion de voir à travers de vieux disques aujourd'hui perdus qui appartiennent à vos grand-parents,ou à une époque dont l'occasion vous a été donné d'avoir un aperçu à travers une photo lors d'un salon d'exposition.Ces photographies qui vous montrent un fragment du quotidien d'une multitude de personnes vaquant à leurs occupations sans se soucier du pauvre photographe en jean déchiré et aux poches trouées,qui rêve d'une célébrité future,ou est-ce juste un passionné de la photographie qui comme disait l'autre:"a trouvé ce qu'il aime et a décidé de le laisser le tuer".Ces tableaux qui sont comme des histoires inachevées que chaque observateur décide de finir à sa manière,les uns imaginant une fin heureuse,les autres une fin triste,d'autres encore plus fous ou juste plus sensibles,une histoire d'amour sombre,digne d'être écrite par feu Sieur Dumas Fils ou Mérimée.

Lady Lydia aima tout de suite cet endroit.Elle ne s'attendait pas à moins de la part de Claude.Il a toujours su faire les choses avec loufoquerie.Elle passerait certainement un magnifique moment si personne ne la reconnaît.Si ne serait-ce qu'un de ses fanatiques la reconnaît,elle signerait des autographes à ne plus en finir et bientôt son déjeuner se transformerait en grand évènement marketing.

-Tu es fou de m'avoir faire venir ici,fut la première chose qu'elle lâcha à Claude lorsqu'elle s'approcha de la table où il l'attendait, sourire aux lèvres.

-J'excelle dans l'art de la déraison, ma belle, répondit t-il du tac au tac.Avoue que c'est bien trouvé quand même continua t-il.Ici,tout le monde te connaît certainement mais personne ne te reconnaîtra.En plus,ces grosses lunettes noirs que tu portes arrangent l'affaire,ajouta t-il moqueur.

-Et si je les enlève ?fit-elle un sourire narquois au coin des lèvres.

-Oh tu sais!répondit-il avec désinvolture,en accompagnant ses mots d'un geste de main.A tes risques et périls.Tu pourrais en avoir pour six ou sept heures au moins.

-C'est bon,tu as gagné,finit-elle par dire après avoir balayé le café du regard.

Il est bondé à craquer.Et ce brouhaha,on y entend pas à 1 mètre.Chacun doit crier en faisant de grands signes pour se faire comprendre de son interlocuteur.Comme si crier servait à quelque chose !

-Emportons et sortons d'ici.As-tu ta voiture ?Nous y serons mieux finit par conclure Claude au bout de cinq tentatives infructueuses pour se faire entendre.

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-Tu m'as donc fait faire le tour de la ville pour finalement manger un hamburger dans ma voiture.T'en rends-tu compte ?

-Oui,fit-il pensif.Maintenant que tu le dit,c'est tout à fait ça je pense.As-tu remarqué que pour venir ici tu as dû prendre par quatre rues dont les noms commencent toutes par B?
Lydia répéta les noms de chacune des rues et trouva qu'il a en effet raison.

-Et alors?

-Pour rien, simple constat.

Il y eut un silence!Pas un de ces silences pleins de mots qu'on aimerait dire,mais qui n'osent sortir,mais un silence vraiment vide.Ces silences qui sont nécessaires avant de faire prendre une direction à la conversation.

-J'ai le rôle parfait pour toi cette fois-ci,dit Claude au bout d'un moment.

-Comment?Je ne comprends pas.

-J'ai écrit un rôle pour toi cette fois-ci.Le bon rôle.Je te l'ai taillé sur mesure,reprit-il en la regardant droit dans les yeux.

Lydia le cru d'abord au sérieux,puis se mit à rire.Mais lui ne riait pas.Il garda un air sérieux et pensif.Alors elle s'arrêta de rire.

Lady LydiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant