Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)

CHAPITRE QUATRE

PDV REX.

J'ai vraiment eu du mal à le faire passer à autre chose. Il était en boucle sur son histoire, exactement comme je le suis quand quelque chose prend possession de mes pensées. La situation n'avait jamais été vraiment inversée, et j'ai dû prendre sur moi pour ne pas laisser ma colère exploser. Il m'agaçait, à répéter la même chose. Il doit vraiment avoir de la patience pour me supporter quand je suis comme ça.

Mais maintenant, ça va mieux. Il m'a l'air beaucoup plus détendu. Je comprends que ça soit difficile à accepter, et il n'y a pas de date de péremption pour ouvrir les yeux sur quelque chose. Sauf qu'on ne peut pas changer le passé, mais on peut influencer le futur.

A chaque fois, j'arrive à avoir beaucoup de détachement sur les situations que vivent les autres. Je peux donner des conseils, orienter les choses, mais dès qu'il s'agit de moi, je fais tout le contraire. Je suis l'exemple même du mec qui revit son passé à chaque instant, et qui n'a jamais réussi à tourner la page. Je suis hanté par mes souvenirs, et incapable de les refouler. Il y a peu de choses qui m'aident à ne pas me perdre dans mes tourments : les cours et Alastair. Autrefois, c'était le fait de monter à cheval, de devoir me concentrer sur cet autre être vivant, qui m'aidait à lâcher prise. Aujourd'hui, je sais pertinemment qu'Alastair est le seul à pouvoir véritablement agir sur moi. Parce que j'ai envie de changer de lui, de rayonner de lui, de vivre pour lui. Pour quelqu'un qui ne voulait plus s'attacher, je crois que j'ai bien foiré.

Alastair est en costume, et il galère avec sa cravate. Je n'arrête pas de me moquer de lui, mais je finis malgré tout par l'aider à la nouer avant qu'on ne finisse par quitter l'appartement. Je sens qu'il est encore tendu, il ne lâche pas l'affaire. Alors je fais le truc le plus stupide de ma vie, alors que je suis en train de conduire en suivant les instructions du GPS. Je pose ma main sur sa cuisse, je remonte doucement jusqu'à passer par-dessous son pantalon.

- Mais qu'est-ce que tu fous Rex ?

- Je t'aide à te détendre.

- Non mais non, en fait. Pas comme ça. Arrête, merde !

Je freine brusquement. Heureusement qu'il n'y a personne derrière nous.

- Alors arrête de ruminer putain, c'est super chiant !

Je vois qu'il se retient de me balancer quelque chose, mais il finit simplement par s'appuyer sur le repose-tête en soupirant. Je ne suis pas très juste, de lui dire ça, alors que je le fais constamment. En fait, j'ai l'impression de lui reprocher des trucs qui me concernent aussi, mais pour lesquelles je n'ai pas le recul parce qu'il s'agit de moi. C'est très étrange comme situation. Une fois de plus, cela me prouve à quel point je suis une merde autocentrée, et je me demande encore comment il fait pour me supporter ...

- Ah les enfants, vous voilà !

Malia m'embrasse en me serrant contre elle, avant que ce ne soit le tour de Elsie. On se met tous à table et nous n'avons pas le temps d'échanger deux mots qu'un serveur nous apporte les cartes et nous demande ce qu'on veut boire.

- Nous n'avons pas eu l'occasion de nous revoir, mais nous souhaitions te remercier pour l'accueil que tu as fait à Rex cet été, entame Elsie.

- Oh heu ... c'était pas grand-chose.

Je le sens gêné, et je suis heureux de voir qu'aucune d'elle n'insiste à ce sujet. Au contraire, elles essaient d'en savoir plus sur lui, ses études, ses parents. Il se trouve qu'elles connaissent sa mère et qu'elles l'ont déjà rencontré. Enfin, ma mère biologique l'a déjà aperçu dans le cadre de leur travail respectif puisqu'une agence voulait des photos spécifiques et que le style de la mère d'Alastair collait parfaitement.