Divins

Chapitre 1 : La cinquième (Partie 1)

Où suis-je ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Pourquoi je vois mon corps bouger alors que je ne le contrôle pas. Est-ce bien mon corps ? Je ne comprends pas. Ces murs, je les connais. On dirait un hôpital. Pourquoi un hôpital ? C'est qui ce gars devant ?

- Oh, bonjour Greg, ça va ?

C'est qui Greg, je suis sensé le connaitre ? Comment je connais son prénom ? Il n'a même pas dédaigné me répondre cet ingrat alors que je lui parle, enfin, c'est moi qui ai parlé ? Et puis c'est quoi se regard qu'il m'a jeté. Il ne m'aime peut-être pas ou peut-être que j'ai une sale gueule, qui sait. Alors comme ça, je suis moche ? C'est bon à savoir. Et si j'avais un truc en moins, j'ai mes deux yeux, mon nez est bien sur ma figure, je sens mes mains, mes pieds. Non, tout à l'air de bien être à sa place. Alors pourquoi il m'a regardé comme ça. J'ai fait quelque chose de mal ? Peut-être. Tiens, je me rends compte que je répète beaucoup le mot « peut-être ». J'aime bien ce mot. Peut-être, peut-être, peut-être. C'est marrant.

- Bon, cette fois tu ne t'échappe plus, d'accord ?

M'échapper ? Mais pourquoi je m'échapperais, je ne sais même pas où je suis. C'est quoi cette pièce, on dirait une cellule, non, peut-être un peu moins lugubre, une chambre d'hôpital. Je ne l'ai pas déjà dit ce mot ? Hôpital. C'est marrant.

Bon récapitulons, George, non, Gerard, non plus, Greg, toujours pas, chocolat, j'aime le chocolat. J'ai faim enfin je crois. Je suis coincé dans un corps, je vois à travers ses yeux mais je ne contrôle rien.

« Et toi, arrête de parler. Tu me saoule à jacter comme ça. »

Qui parle ? Je ne vois rien. J'ai l'impression que la voix vient d'ailleurs que de la pièce. Elle vient de l'intérieur, comme moi.

« Non, mais t'es sourd où quoi. Je viens de te dire d'arrêter de parler. T'es pas tout seul dans ta tête ou quoi ? Aux putains, que je suis drôle. »

- Mais du coup, tu m'entends quand je parle ?

- Mais tu es complètement con, je viens de te le dire deux fois déjà. Tu parles tout seul depuis tout à l'heure, on n'entend que toi. Donc ferme la et laisse-moi dormir.

- Comment ça « on » ?

- Ah, mais tu es nouveau, c'est ça ? Bon je t'explique et après tu la ferme. Ici c'est la tête de Darius, bienvenue. Il est un peu maboul. Ça doit avoir un rapport avec nous qui parlons sens cesse. Enfin bref, il est dans un hôpital psychiatrique, à cause de nous aussi, c'est évident. Et nous, et bien, on ne se sait pas trop qui nous sommes, des voix dans sa tête, surement pas plus. On ressent ce qu'il ressent, voyons ce qu'il voit, nous somme lui et lui et nous. Moi je suis Vieux.

- Ça n'a pas l'air

- Mais non andouille, c'est mon prénom. Enfin, c'est celui que l'on m'a donné parce que je suis le premier à être arrivé ici. Après il y a Raison, parce qu'il a souvent raison mais il est un chiant. Il y a aussi Rage, un peu susceptible mais on rigole bien avec lui. Et enfin rose, parce que c'est une fille. Voilà. Donc maintenant, plus un mot je dors, merci.

- Et moi, je m'appelle comment ?

- Quels mots tu n'as pas compris dans « Plus un mot, je DORS » ?

- On peut dormir ici ?

- Bon, écoute. Je sais c'est nouveau pour toi, peut-être même effrayant, on est tous passé par là. Mais je te jure que si je ne dors pas, tu vas le regretter, d'accord ? Donc, la ferme.

- Et les autres, ils sont où ?

- Oh putain, je vais te crever les yeux. Ah non, c'est les mieux aussi. Ils ne sont pas ici. Il n'y a que moi. Je surveille la tête au as où. Normalement, il ne se passe rien, mais là. Il y a toi, et c'est déjà trop. Bon puisque tu es là, je remonte. Tchao, minus.

Il vient de me laisser seul ici et je ne comprends toujours rien à ce qu'il m'arrive. Il m'a dit que j'étais coincé dans un corps qui n'était pas le mien. Darius. Et si je parle plus fort, ça fait quoi ?

- Darius ! Tu m'entends ?

- C'est quoi cette voix ? je ne te connais pas. T'es nouveau dans ma tête ? Parce que quatre voix ça ne suffisait pas, c'est ça ? Il en fallait une cinquième, forcement.

- Pourquoi tu es ici ?

- Ici ? A l'hôpital ? Tout simplement par votre faute. Tout le monde pense que je suis fou. Un schizophrène comme ils disent. Je me suis encore échappé sans le vouloir. Certainement Rage qui en avait marre de restait coincé.

- Comment ça ?

- Il arrive qu'une de mes voix prenne le contrôle de mon corps sans que je le veuille. Et je ne me rappel jamais ce qui se passe pendant. Et sinon, tu es qui ?

- Je ne sais pas