Lady Lydia

4-La confrontation

Lydia,belle et imposante,dans une longue robe de cuir signée Balenciaga,un foulard autour du cou et des talons de six centimètres sous le pied,sillonnait avec toute la grâce d'une duchesse,seule,les allées de la modeste demeure des "Ma".Ni le rire gênant de Tod, ni la voix rauque de Grisline, ni même les bouffées de fumée qui émanent de la pipe de Christian n'auraient pu la sortir de cette antichambre dans laquelle elle s'est enfermée à double tour.Ce local qui ressemble étrangement à une salle d'interrogatoire.Salle d'interrogatoire, construite par son subconscient,où elle a l'habitude de régler ses différents avec elle même.Claude!Le sujet de la discussion avec celle qu'elle a bâptisé "Je" est Claude.

Je: je te le disais dès que tu t'es retournée !Ne souris pas!Ne le le laisse pas parler !Agis comme si tu ne le connaissais même pas si possible !Mais c'était plus fort que toi n'est-ce pas?Il fallait à tout prix que tu lui étales tes dents trop blanches ou leur éclat aurait risqué de te tuer de l'intérieur.

Lydia:Non ce n'est pas celà,tu interprètes mal ma réaction.En plus,tout ce que j'ai vu quand il s'est approché,c'est l'opportunité de faire de lui un ami.

Je:Un quoi? Répète voir!

Lydia :Nous nous éloignons de la discussion,Je.Nous nous en éloignons.

Je:Ohhhh!!c'est parce qu'avec lui,il y a tellement de points à éclairer que je me perds souvent une fois la discussion engagée.

Lydia:A t-il raison?

Je:À quel propos?Es-tu une femme qui a bâti un empire?Oui! Es-tu faible ?Pas de nature ! Es-tu devenue faible?Non,mais craintive! Pourquoi ?Parce que tu n'as plus de défi.Tu te dis que tu attends qu'une difficultée vienne pour en avoir une,mais nous savons qu'il n'y a pas grandes difficultés à bouts desquelles l'argent ne puisse venir."Ton" argent ne puisse venir.Tu le sais mieux que moi,les défis sont intérieurs.Il y a deux ans,tu étais élue personnalité la plus influente du monde.Cette année,à peine trois magazines se sont intéressés à toi.Tu mets celà sur le compte de l'âge, prétextant que tu es trop vieille pour certaines choses et qu'il est normal qu'on s'intéresse maintenant à la nouvelle génération.Mais ce n'est pas vrai!Tu n'es pas plus vieille aujourd'hui qu'hier!Tu t'es juste mise à ressembler au commun des mortels,à te contenter du peu, jugeant ta situation plus que sécuritaire.Tu ne fascines plus plus car tu es toujours encore et encore dans ta routine de chaque jours.Tu n'existes plus Lydia!Tu survis!Tu survis dans une prison dorée,un palais de calif,qui repose sur de vieux succès.Ne t'étonne donc pas si le grand vizir Iznogood arrive à te faire oublier du monde.Le grand Vizir Iznogood,c'est le temps.Et le temps se charge d'effacer des mémoires les histoires glorieuses qui n'ont pas été marquées, tatouées sur son corps.Et sais-tu ce que deviennent ces histoires ?Des contes de fées !Qu'il te souviens que tu es toujours partie du principe de Conficius:<<Celui qui aura fait ce qu'il aime n'aura point travailler un seul jour de sa vie>>.Et toi Lydia?Tu es épuisée, fatiguée de cette routine.Tu ne prends plus plaisir à faire ce que tu fais.Maintenant,Lydia,tu travailles.Ne t'en rends-tu pas compte peut-être ?Si, je crois.Mais depuis que Claude t'a parlé de cette proposition de travailler ensemble,tu ne penses plus qu'à celà.Tu le sais aussi bien que moi que c'est ce qu'il te faut pour à nouveau pour te retrouver au devant de la scène.Mais mieux encore,c'est quelque chose que tu aimes faire.Tu sais que Claude a raison.La flamme est toujours là,au fond de toi.Elle est entre les mains de la femme ambitieuse qui est en toi,pas la mère au foyer, obligée d'être modérée en tout.Tu souhaites t'amuser plus que tout Lydia.Tu sais également qu'aussi plaisante et transportante que soit la présence de Claude,elle n'en reste pas moins très dangereuse pour toi.Ton cœur ne saurait résister aux assauts de cet homme.Et tu as peur,peur qu'il cause ta perte.Peur de la femme frêle qui s'affiche quand il s'approche et s'éclipse quand il te quitte."Le fruit est meilleur quand il est défendu" dit-on!..Mis à part celà tu as également honte.Si te voir t'amuser dans un film n'est pas du goût du public,tu mets en danger ce que tu as déjà bâti.Tu deviendras la risée de la haute bourgeoisie.Est-elle maintenant devenue danseuse ?Quelle grosse blague!s'exclameront les mauvaises langues.Ne sait-elle donc pas rester à la place qui est sienne?Si le film est un succès par contre,tu as peur de ne plus vouloir t'arrêter et d'aller à chaque fois plus loin.Tu as peur de rester trop longtemps trop près de Claude.Si il décide de rester,toi tu devras partir et tu le sais.Mais comment l'expliquerais-tu à ton mari?Tu serais perdue.Je n'ai rien d'autre à ajouter.Ton imagination formente bien de choses ces temps-ci.Ecoute-la,comme tu aimes bien à le faire ces derniers temps.

Lydia : Serais-tu jalouse d'elle?

Je:Qui ça?Moi?Ne me fais pas rire.Il est vrai que l'imagination est bien plus puissante que la conscience.Mais la conscience est sage et pacifique tandis que l'imagination est une arme à double tranchant.Mal utilisée,elle peut te faire plus de mal que ne pourrais te faire en toute une vie,les paroles, et les actions que tu as,aura ou n'aura pas posées sur cette terre.Et toi, récemment tu imagines le pire.Tu passeras à côté de quelque chose si celà continue.Ai-je besoin de te dire d'ailleurs ? Tu dois mieux le savoir que moi.

Lydia s'apprêtait à lui répondre quand sa main fut vivement secouée.Le contact se coupa.La salle d'interrogatoire disparue et "Je" avec elle.C'était mieux ainsi.De toutes manières, "Je" n'avait pas besoin d'en dire plus.Elle sait quoi faire maintenant.Elle baissa les yeux.C'était Edouard qui s'ennuyait à la petite fête d'anniversaire.Elle le prit dans ses bras.Elle l'embrassa tendrement et le regarda dans les yeux.L'enfant ne se débattait pas.Il souriait de toute sa gencive parsemée de dents de lait.

-Tu sais quoi Edouard ?Maman va retourner à la bataille.Et elle va encore gagner!lui dit-elle.