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Le séjour à Glasgow tombait à point nommé.

Depuis que j'étais Un, la vie était littéralement éprouvante.

Faire le tri entre deux états qui s'opposaient dès que possible, c'était éreintant. Tout comme apprendre à écouter ses instincts était fastidieux. Je comprenais bien pourquoi les jeunes Alphas avaient sans cesse besoin d'être repris, canalisés, pourquoi on sollicitait autant leur instinct... Pour éviter qu'ils ne deviennent totalement incontrôlables !

J'étais véritablement horrible avec Maximilian. Il s'était soumis à moi et ça se retournait un peu contre nous... Forcément, quel Alpha digne de ce nom obéissait à quelqu'un au-dessous de lui ?

Avant c'était différent, parce que j'avais une retenue due à son rang humain, à son âge, au fait qu'il était le frère d'Edward... Mais actuellement, tout virait toujours à l'affrontement.

D'un côté, m'affirmer était ce que nous cherchions, mais de l'autre, cela pesait lourdement sur notre quotidien. Il n'avait plus l'habitude d'être ainsi soumis à la hiérarchie. Et il redoutait que sa Bête finisse par en avoir assez aussi.

Elle sortait de plus en plus souvent, sans qu'il s'en rende compte... Sauf qu'elle ne représentait aucun danger pour moi. Elle était juste... Excitée par la situation. Ce qui m'avait fait tout drôle au début.

Pour ajouter à l'ambiance déjà troublée, je passais mes nuits à cauchemarder. À nouveau. Sauf que cette fois, je n'avais pas le choix de dormir. Je voulais réussir mes examens, je voulais aller à la fac à Glasgow, je ne voulais pas retourner au lycée, peu importe lequel.

La Lune montante influait aussi sur moi, bien plus qu'en tant que Bêta, et gérer ça en plus du reste me semblait mission impossible.

Heureusement, notre séjour à Glasgow nous avait sortis de notre quotidien tendu. Nous n'étions plus l'un sur l'autre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui le soulageait autant que moi. Et puis, au bureau, il avait une certaine autorité que je ne lui permettais plus d'avoir chez nous.

Après avoir passé l'après-midi avec Ethan et quelques-uns de ses amis – il était toujours aussi populaire – Maximilian m'avait récupéré en ville. La voiture qu'il avait louée cette fois était plus rutilante et imposante que les autres, ce que je ne manquais pas de noter, bien que je ne dise rien oralement.

– Tu finis tôt, dis-je en passant ma ceinture, avant de réceptionner un baiser de bienvenue.

– Ça arrange bien Howard que je parte plus tôt, sourit-il alors, surtout si c'est pour visiter une propriété.

Nous en étions à cinq en tout et c'était la première que je ne verrais pas juste en photo. Tous les deux, nous étions impatients de nous installer ici, mais pas au détriment du bien-être des chiens et de nos propres problématiques liées à la Lycanthropie.

– C'est en banlieue, un endroit discret, calme, avec un grand jardin, énuméra-t-il sur le chemin, qui donne sur la forêt.

– Oh, tu as réussi à trouver ça ?

C'était un point que lui comme moi estimions important, mais cruellement rare... alors nous l'avions relégué bien loin dans la liste des « il faut absolument que ».

– Les transports ne sont pas trop loin – donc pas trop de problème pour se rendre à la fac. En plus, les propriétaires sont pressés de vendre.

À ma grande surprise, il avait décidé d'acheter une maison. Je me doutais qu'il avait les moyens, entre son salaire, l'héritage de son père auquel il n'avait pas touché, un prêt éventuel... mais je pensais qu'il aurait plutôt loué. Au moins dans un premier temps, histoire de voir si on s'adapterait bien à notre nouvelle vie. Mais l'autre partie de moi était contente que ce soit ainsi, c'était plus définitif, plus affirmé comme choix. Alors je m'en accommoderais.

– D'ailleurs, ça n'a rien à voir, mais... Will m'a demandé de passer le voir après la visite.

Ce n'était pas quelque chose d'habituel... mais pas non plus inhabituel en soi. Ils s'appelaient parfois en dehors des heures de bureau pour régler certains points de leurs dossiers en commun. Même si c'était plus rare qu'ils se voient à cause de la distance entre le manoir et Glasgow.

– Et il m'a demandé à ce que tu m'accompagnes, termina-t-il en me lançant un drôle de regard, mêlant curiosité et surprise.

– Moi ? Pourquoi moi ?

– Aucune idée ! Will et ses lubies, ne cherche pas à comprendre, tu vas avoir mal au crâne !

Pendant que je ruminais mentalement pour déterminer ce qu'il me voulait, à moi personnellement, nous étions arrivés devant la maison.

Devant il n'y avait que deux petits carrés d'herbe fleuris traversés par des dalles menant au perron, puis à la porte d'entrée. C'était une maison à l'architecture ancienne, cependant l'intérieur était plutôt moderne. Le mélange des deux me plaisait beaucoup, je m'y sentais bien, presque déjà chez moi.

Certes, elle n'était pas très grande, mais cela suffirait amplement pour deux personnes.

Le jardin était vraiment immense derrière, et je voyais déjà Ace et les deux autres s'y épanouir. Le plus : un petit grillage à peine séparait le jardin du début de la forêt. Il n'y avait qu'à rajouter une petite porte et nous pourrions nous y glisser sans que personne ne nous voie... Des haies de sapins nous cachaient du vis-à-vis, c'était parfait.

Il n'y avait que deux chambres à l'étage, cependant les combles avaient été aménagés en bureau. La plus grande chambre serait la nôtre, j'imagine – du moins je l'avais déduit à l'œillade coquine que Maximilian me lança. La seconde servirait pour les invités quand cela serait nécessaire, mais également, ce serait l'endroit où je pourrais me réfugier quand j'avais besoin de calme. C'était important pour moi.

– Qu'est-ce que tu en penses ? me demanda Maximilian, une fois la visite terminée.

– J'adore.

Rien de plus, rien de moins. Ce qui le fit sourire.

Nous avions, je crois, trouvé notre nouvelle maison. On se projetait déjà ici et ça nous mettait de très bonne humeur... Et on avait hâte de s'installer entre ses murs et entamer un nouveau chapitre de nos vies. Et de notre relation.

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant