Silence, s'il vous plait.

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Seul se tenait debout le petit squelette au bord du royaume des cieux.
Ce jour était le dernier qu'il passait ici. Il prendrait son envol d'ici peu. Sans se retourner.
Il inspira profondément, inspirant cette air qui n'avait pas d'odeur. Les orbites fermés, sentant la douce caresse du crépuscule sur son corps.

Cela à débuté très exactement il y a 48 heures.
L'ange de la Mémoire traversait l'immense allé centrale de la bibliothèque, les bras chargés d'ouvrages de chimie et de mécaniques qui devait désormais remettre à leurs places. Une tâche pouvant rendre n'importe qui dément en quelques heures à peine. Mais pour Chronicle, il s'agissait d'un véritable plaisir. Il se plaisait dans cet état de silence assourdissant et de calme. Un solitaire dans l'âme.
Il avança dans les allées, tournant entre les rayonnages, montant les longues échelles pour y ranger les quelques livres qu'il avait su porter jusque là haut.
Une petite routine habituelle.
Il observa longuement les immenses étagères autour de lui. Les allées vides de la bibliothèque. De sa bibliothèque. Représentation parfaite de toute les connaissances qu'il avait du acquérir pour pouvoir assumer son rôle de gardien.
Il était l'archiviste du monde. Chaque connaissance, chaque souvenir, chaque sensation. Il les connaissaient toutes.
Il était un ange d'une pureté irréprochable. Respectant chacune des règles de leurs petite société. Une qualité qui lui pesait sur ses petites épaules. C'était l'une des raisons qui l'avait alors conduit à vivre à l'écart des autres habitants des cieux.
Imaginer un être, que vous n'avez jamais rencontré en personne. Qui connaîtrai tout de votre vie. Dans les moindres détails. Mieux que vous même. Un être, qui obéirait docilement à chacune des lois présente dans la société. Un être, appliquant chacune de ces lois.
"Chaque écart tu dénonceras.".
Un être appliquant chacune de ses lois.

Chronicle était la sentinelle du Grand Gardien.

Tandis qu'il se trouvait sur une échelle, rangeant les derniers livres sur l'étagère, il se sentit devenir lourd. Et ses pensées perdre leurs cours. Et avant même de s'en rendre compte, il chuta. Cependant la chute, à laquelle il était pourtant habitué, ne vint pas. Il se sentit être rattrapé.
Par un squelette d'une grande stature. Bien plus grand que la presque totalité des êtres célestes. Son aura était d'une neutralité absolue. Et il n'avait pas eu besoin d'ouvrir les orbites pour savoir de qui il s'agissait.
Tout avait déjà commencé. Le flot de sensations. Le flot de souvenirs. Tout ces souvenirs qui n'étaient pas les siens. Qui allaient se graver à jamais dans sa mémoire.
Jusqu'à ce qu'il se perde dans se torrent.

Pendant ce temps, un grand squelette se dirigea près d'un immense miroir situé à l'un des quatre cardinaux de la bibliothèque. Ce miroir s'illuminant en un portail à l'approche de cette figure, qui ne se fit pas attendre pour le traverser. Emportant avec lui, un petit être inconscient.

Quand il se réveilla, se fut sur un lit qui ne lui appartenait pas.
Dans un monde qu'il ne connaissais pas.
Un espace emplis d'étoiles et d'astres.
Non, pas des étoiles.
Il s'agissait d'une infinité de miroir.
Des miroirs si loin que leurs nature pouvait être mécomprise.
Le reflet de l'âme tout être.
C'était bien la première fois, qu'il arrivais dans un monde qu'il ne connaissais pas. 
Il c'était redressé sur ses genoux, observant ce nouveau tableau tandis que des larmes aussi fines et limpides que les premières pluies de printemps roulaient sur ses pommettes. Ce sentiment, il n'avait osé même le rêver. Il ne savait pas ce qu'était cet endroit. Il n'en avait aucun souvenir. Il se sentait perdu. 
Et cela le rendit heureux.
Ne pas avoir.
Enfin il découvrait un nouveau lieu. Enfin il découvrait par lui même quelque chose. Lui n'ayant jamais pu découvrir quoi que se soit.
Mais vite il du se reprendre. Car face à lui, une chaise. installé face à un immense sablier.
Un fin sourire se forma à cette vue, avant qu'il ne se lève et n'aille s'y asseoir. 
Attendant patiemment la fin du compte à rebours.
« Pourquoi ? »
Lui dit la voix qui ne cessait de résonner dans son esprit.
- Ce n'est pas un crime si rien n'est dit.
Et pour la première fois il entendit ses pas derrière lui. Lents et confiant. Enfin celui qui lui parlait dans son esprit venait en personne à sa rencontre. Les pas cessèrent derrière lui. Il pouvait voir son ombre le couvrir. Et un reflet déformé dans le sablier.
Mais il ne se retourna pas.
« Tu n'as jamais été si prévenant pour tout les autres. »
C'est vrai. Il n'avait jamais eu le moindre scrupule à dénoncer tout les écarts de conduites dont les souvenirs lui étaient parvenus. Jamais. Pourtant, il c'était tût cette fois.
- J'en suis conscient.
« "Chaque écart tu dénonceras.". »
L'ange sentit sa gorge devenir sèche.
«  Est-ce le fait que vous soyez apparue le même jour qui t'as égaré dans ton devoir ? »
« Mon chère enfant, vous êtes en tout point différents l'un de l'autre. »
Chronicle baissa la tête.
- Je le sais. Le monde l'a façonné sous un ciel d'azure et avec les rayons du matin dont ces pupilles sont affublées. Il a façonné son corps dans du diamant en gravant ces os de figures d'onyx. Touts les oiseaux du paradis ont chantés à sa création. Et tous l'admiraient pour ses talents.
Il aurait put continuer, mais garda le silence quand il sentit deux mains tièdes squelettiques se poser de part et d'autre de son crâne, et lui masser doucement les tempes. Un geste simple et doux exécuté par une main paternelle, qui apaisa la migraine sans fins qui le prenait, et le détendait.
« C'est pourtant toi que j'ai choisis pour me servir. Je t'ai offert le sommeil dont tu étais si cruellement privé. Il m'est difficile à comprendre et à accepter que tu puisses ainsi me cacher cette information. Même s'il s'agit de dénoncer celui que tu considères en frère. »
Chronicle garda ses orbites clos. La voix grave derrière lui, qui le surplombait, n'avait rien d'un reproche. Oui, il ressentait cette pointe de déception, malgré la volonté d'être neutre. De simplement énoncer les faits, et pourtant vouloir le consoler de cette faute qui ne lui serait pas pardonné. Oui, malgré cette affection qu'il pouvait lui porter, il n'aurai aucun traitement de faveur.
- Je ne voulais pas vous décevoir.
« Je n'en doute à aucun instant, mon enfant. Tu espérait simplement qu'il ne dise rien. Et que tu n'aurai rien à dire. "Ce n'est pas un crime si rien n'est dit.". Sais-tu que les mortels qualifie cet acte de courage ? Protéger un être, quitte à se sacrifier, en allant contre les règles établies afin de protéger la société dans laquelle nous vivons... Les mortels ont à s'inspirer de ta bonté. »
- Est-ce que cela sera douloureux ?
Il n'eut aucune réponse, si ce n'est le fredonnement d'une berceuse. Un chant traditionnel qu'il connaissait bien. Et qui, de sa voix grave, l'envoya dans une forme de transe. Comme si son corps devenait lourd, de plus en plus lourd. Et qu'une douce chaleur l'envahissait. Se diffusant dans tout son corps, rendant ses articulations engourdit. Aussi peu à peu sa conscience le perdait dans le flou. Sans trop qu'il ne comprenne.
- M-maître ?
« Shhhhh... Dort, mon enfant. Et savoure ce sommeil. Le seul et l'unique paisible que tu ne pourras jamais avoir ici. »

Il ne cessa son léger massage; le bout de ses doigts, brûlant de magie, bloqua chacune de ses pensées. Pour le faire plonger petit à petit dans un sommeil des plus profonds, doux, réconfortant. Alors que le bulbe supérieur du sablier se vidait par le diaphragme dans celui du bas, et dans quelques heures, il serait vide.
Puis il finit par éloigner ses doigts, puis de sa magie, le souleva pour le faire lentement léviter jusqu'au lit où se trouvait désormais un ange et un démon. L'un aux ailes d'or et aux habits écrue; l'autre noir couvert d'un étrange mucus dont les habits étaient sombre et turquoise. L'ange des rêves et le démon des cauchemars.
Deux étranges jumeaux tout deux debout, à observer le nouvel endormi allongé. Laissant le grand squelette aux orbites fissurés finir de l'installer, et de le border le plus soigneusement possible. Plaçant ses mains joints sur sa poitrine et l'observant un petit moment. Passant délicatement sa mains sur sa joue.
« Veillez à lui offrir un sommeil digne de ce nom. Qu'il puisse se reposer pour la sentence. »
Oh, pour le Grand Gardien, il lui était défendu de ce lier d'une quelconque façon à un autre être céleste. Mais... "Ce n'est pas un crime, si rien n'est dit.".
Il s'éloigna alors, avant de disparaître dans cet univers. Laissant l'ange et le démon envelopper l'archiviste. L'un capturant les cauchemars qui pourraient roder, l'autre offrant les rêves les plus beaux qu'il pouvait donner.

Crystal voiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant