Neverland

Commence par y croire

Contexte
[ La révolution industrielle vient de s'abattre sur l'Angleterre et sa capitale, Londres. Beaucoup en souffre, surtout les défavorisés, et en particulier les petits orphelins qui n'ont rien ni personne. Ils sont très nombreux mais dans ce conte nous nous concentrons sur l'un d'entre eux: Charlie. ]

La nuit se fait tard, tous dorment, sauf un. Il attend son ami, l'homme de la lune.
Cette nuit est particulièrement belle, pas un seul nuage, et les étoiles brillent plus que jamais. Charlie est assis au bord de la fenêtre de l'orphelinat, il attend que la lune s'éveille et avec elle, la paix de la nuit. C'est le seul moment où il peut être tranquille, il a l'habitude de se confier à celui qu'il appelle l'homme de la lune. Ce soir il tarde un peu, au point que Charlie finisse par fermer les yeux, prit par la fatigue.
Mais finalement elle apparut et avec elle une ombre, celle d'un bateau.. pirate? Mais c'est pas tout... C'est qu'il vole aussi le bateau! Vous y croyez vous?
Peu importe, après tout c'est ce que Charlie croit qui compte. Et lui, il y croit.
Il se lève, les yeux pleins d'étoiles, alors qu'il regarde le bateau naviguer entre les toits de la ville. Il s'arrête à plusieurs endroits, Charlie aurait bien voulu qu'il s'arrête à son orphelinat. Qu'importe sa destination, il veut juste quitter l'orphelinat. Il ne connaît pas pire endroit sur Terre, même si cela n'en dit pas long puisqu'il n'a jamais quitter la capitale. Mais alors que Charlie avait la tête remplie de rêves et de folles aventures, il voit le bateau s'éloigner petit à petit. Non.. non attendez moi.. Amenez moi! Il recula de deux pas, les larmes aux yeux.
Soudain à sa fenêtre apparu un... comment dire... un drôle de personnage.
Il avait le plus authentique des sourires, celui d'un petit garçon innocent et heureux, seul avec de magnifiques pensées. Il aurait pu faire fondre n'importe quel cœur de pierre.
C'était autre chose que Charlie qui n'avait jamais rien connu d'autre que la misère et le chagrin. Et qui avait déjà les traits d'un vieil homme.
« Moi c'est Peter, Peter Pan. Et toi? »
« Heu.. bah on m'appelle Charlie. Juste Charlie. Je n'ai pas de famille. »
« Dis Charlie, est-ce que tu veux m'accompagner dans un monde où tous les petits garçons perdus, comme toi, pourront jouer autant qu'ils le veulent, sans adultes qui leur dira ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire et où ils ne seront jamais forcé de grandir ? »
« T'es un comique toi.. Ce genre de monde n'existe pas Peter. »
« Il existera si tu y crois. »
« Mais dans ce cas ce ne sera que dans ma tête non? »
« Est-ce que cela l'empêche d'exister? »
Charlie fixa le sol et ses vieux pieds sales et déformés. Est-ce qu'il pouvait croire ce petit garçon volant?
Et puis voler était impossible, ce qui voulait dire que cela devait forcément être un rêve.
Mais bon, qu'est-ce qu'il avait à y perdre finalement? Rien ne pouvait être pire que sa vie actuelle.
« Je n'ai nulle part où aller, personne à aimer, nulle endroit où me sentir chez moi. Quel que soit le monde dont tu me parles, s'il peut m'amener loin d'ici, j'y crois. »
« Le monde où nous allons s'appelle Neverland. Je te promets que tu ne seras plus jamais seul et tu n'y sentiras plus aucun malheur ou chagrin.
Mais pour l'atteindre, il te faut y croire. »
« Y croire? Comment puis-je croire en quelque chose que je n'ai jamais vu? »
« Tu dois laisser place à ton imagination à tes rêves, autrement dit à ton esprit d'enfance.
Crois aux fées, aux sirènes, aux pirates, à Neverland.. en moi. »
Charlie se concentra et ferma les yeux. Il y a bien longtemps qu'il ne croyait plus aux fées, aux sirènes et aux pirates. C'était un enfant qui avait grandi avant l'âge, comme bien d'autres.
Mais il parvint à apercevoir tout ce monde qu'il avait enfermé quelque part au fond de son esprit.
« J'y crois. Je crois aux fées, aux sirènes, aux pirates, aux bateaux volants.. je crois en toi et en Neverland. »
« C'est bien. Maintenant prends ma main et allons nous en. »

Ce soir là, Charlie ne se retourna pas, pas une seule fois. Il ne vit pas le corps froid et sans vie qu'il laissa derrière lui.